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Deuxième partie

 

3. Analyses et commentaires des textes

            

            Les routes

            La route suivie par les assaillants lors de leur attaque :

            L'attaque contre Carohaise / Carhaix ne peut pas venir du nord de la péninsule, qui est sous contrôle breton (1), d'autant que les Bretons sont alliés à Léodagan, l'assiégé et qu'ils sont assiégés en même temps que lui. Au moment où les ennemis se présentent devant Carohaise, il y a en effet une compagnie de 41 cavaliers bretons à l'intérieur de la ville (2). Elle ne peut provenir de l'ouest, qui jusqu'à l'Aulne au moins, est sous le contrôle de Léodagan et sous le contrôle breton au-delà, jusqu'à la mer (3). Elle ne peut provenir de l'est ni du nord-est, fief de Ban de Benoïc et de Bohor de Gannes, correspondant à la cité des Curiosolites, car Ban et Bohor sont également alliés de Léodagan, venus également à son aide et assiégés en même temps que lui. (4)

 

 

Carte sommaire des routes de l'extrême ouest de la Lyonnaise IIIè.

Extrait de L'Armorique romaine, de Patrick GALLIOU

Tiré de Histoire de la Bretagne, de Louis PAPE.

 

Carte des voies romaines internes à la cité des Ossismes

Extrait de La Civitas des Osismes, de Louis PAPE

            Il faut donc rechercher une route en direction du sud ou du sud-est de Carhaix, c'est à dire dans la direction de Vannes ou de Quimperlé.

            Voici ce que dit Émile Guyomard à propos de la route de Carhaix à Vannes, en direction sud-est (5) :

            " C'est une voie du IIIè siècle, comme le révèle la borne de Castennec... Il est visible que cette voie a été faite spécialement pour le renforcement rapide de la garde du Blavet à partir des camps qui le jalonnent ou de Vorgium même. Castennec / Carhaix : 56 kilomètres... Il suffit d'une dizaine d'heures pour intervenir. Le tracé de la voie est rigoureusement calculé et judicieusement établi :

- au départ (de Carhaix), emprunt de la voie 1 jusqu'au bas d'une forte côte, grande courbe pour accéder au gué;

- remontée directe sur la montagne, raccordements avec grandes courbes à la voie gauloise Nivet - Chartres;

- ligne tirée jusqu'à Castennec en évitant la vallée du Scorff encaissée et submersible et les marais de la Sarre...

Il ne s'agit que d'une voie purement militaire, les gîtes d'étapes et mutatio ne sont pas évidents, la poste ne fonctionne pas par là. Par contre, les camps sont nombreux et sur des positions élevées : Bressilien au km 13,5, Trégarantec au km 22, Villerite au km 28, etc. " (6)

 

            Les autres routes n'ont pas fait l'objet d'explications textuelles, mais sont représentées sur les cartes de recherche. (7)

 

            La ou les routes suivies par les assaillants lors de leur déroute :

            Le texte dit qu'Arthur, s'étant lancé à la poursuite de Frolle " ... le joignit dans un vallon obscur, creusé entre deux bois. Le soleil déclinait à cette heure et toute la clarté était éteinte par les montagnes qui s'élevaient de chaque côté de ce val profond ... Six chevaliers romains apparurent sur la pente de la montagne, galopant comme une tempête..." (8)

            Ce vallon obscur encaissé entre deux fortes pentes doit donc se trouver, en toute logique sur l'une des routes du sud de Carhaix décrites ci-dessus, à une distance qui permette de respecter la résistance des chevaux soumis au grand galop sous le poids d'hommes en armures.

            Le premier relief important se trouve au passage de la vallée qui a servi depuis au tracé du canal de Nantes à Brest et qui présente effectivement des accès en pentes prononcées :

            - soit le passage entre Kergalet et Ty Névez, à 3,000 km de Carhaix (alt.92/84/125), soit celui de Pont Daoulas, à 2,650 km (alt.145/88/138), soit celui de Kervoulédic, à 3,000 km (alt.124/96/117), soit celui du Pont de Goariva, à 4,200 km (alt.150/104/158), soit celui situé entre Leinhon (Le Moustoir) et Kerléo (Paule), à 7,000 km. Ce dernier tracé, qui correspond à celui décrit par Émile Guyomard, est aujourd'hui désaffecté et a en partie disparu entre les lieux-dits Leinhon et Keramprovost, de part et d'autre du canal. (9)

            Un autre site peut être proposé au passage du Corong, entre Kereven et Saint-Conogan, en Glomel (238 / fond à ? / 243).

            Durant le combat singulier entre Frolle et Arthur, le texte mentionne également que lorsque Frolle a tiré son épée du fourreau, celle-ci a projeté un éclair lumineux qui a éclairé toute la vallée (10). Il s'agit bien entendu de l'interprétation poétique d'un indice qui reste à découvrir. On peut à partir de cet indice rechercher un toponyme situé dans ou à proximité d'un vallon encaissé évoquant un fort éclat lumineux.

            On trouve au moins deux toponymes de ce type à proximité de la route de Carhaix à Vannes : Kerléo (pour Ker-Gléo ?) et Glomel (Glomael ?). La racine semble être Glew- : éclat lumineux. Elle subit la mutation dans le cas de Ker-(g)leo. Dans le cas de Glomel, tout dépend de la valeur que l'on donne à la deuxième partie :

            - soit -mel, issue de mello- = colline, comme dans un cas possible de Maël-Carhaix,

            - soit -mel issue de megalos / grand, important, notable.

            Un recoupement intéressant peut être établi à partir des indications de Geoffroy de Monmouth, qui dit que le combat singulier entre Arthur et Frolle a eu lieu dans une île (11). Or le mot latin insula possède plusieurs sens, dont celui d'être une halte, une auberge, ou un petit lieu de culte (souvent aujourd'hui une chapelle) à proximité d'une voie romaine. On peut alors soulever le cas précis du lieu-dit l'Ile et de la Grande Ile, ancien méandre désormais coupé par le canal de Nantes à Brest, au sud de Carhaix, entre Pont Daoulas et Goastaillen déjà cités ci-dessus. Ce toponyme Ile se trouve à la côte 90, en contre-bas de Roc'h Caër, à la côte 129. La cassure de relief de 20 mètres de hauteur, au fond du méandre, se fait sur une distance de 20 mètres à l'horizontale, c'est-à-dire selon un angle de 45° environ. (12)

            Il existe d'autres possibilités dans le voisinage, comme à la chapelle Sainte-Barbe, du Moustoir, édifice chrétien qui a de toute évidence remplacé un petit temple païen de carrefour. La topographie ne semble cependant pas pouvoir étayer cette voie de recherche, car il manque l'idée d'un vallon encaissé. (13)

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