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Encyclopédie

Noms de lieux

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(en cours de mise en page et de corrections)

 

Aquitaine :

A l'époque du Bas-Empire, ce nom désigne l'ensemble des contrées comprises entre la Garonne et la Loire. L' Aquitaine est divisée en deux provinces:

- Aquitania Prima, capitale Bourges (Bituriges Cubi). Suffrageantes: Cahors (Cadurci), Clermont (Arverni), Le Puy-en-Velay (Vellavi), Javols (Gabali), Limoges (Lemovices), Rodez (Ruteni).

- Aquitania Secunda, capitale Bordeaux (Bituriges Vivisci). Suffrageantes: Agen (Nitiobroges), Poitiers (Pictones), Périgueux (Petrocorii), Saintes (Santones).

Arimathie / Arimathée : en grec Arimathaia. Ville de Samarie d'où serait originaire Joseph d'Arimathie, celui qui aurait prêté un tombeau pour déposer le corps du Christ. Pour la discussion, voir ce nom. Il semble qu'il s'agisse d'une identification abusive à-posteriori d'une ville de Samarie située au nord-ouest de Jérusalem, Rama ou Rama(thaim) de l'Ancien Testament.

Armorique / Armorica :

A l'époque du Bas-empire, ce nom désigne l'ensemble territorial de la Gaule du nord-ouest compris entre la Loire, la Seine (plus le Pays de Caux), la Manche et l'Océan atlantique.

Depuis Maxime, en 385, elle contient les provinces :

- Lugdunensis Secunda, capitale Rouen (Veliocasses); suffragantes: Avranches (Abrincatui), Bayeux (Baiocasses), Carentan ou Coutances (Unelli), Évreux (Eburovices), Lillebonne (Caleti), Lisieux (Lexovii), Séez (Sagii), Vieux (Viducasses).

- Lugdunensis Tertia, capitale Tours (Turones); suffragantes: Angers (Andecavi), Corseul / Alet (Coriosolites), Jublains (Diablintes), Le Mans (Cenomani), Nantes (Namnetes), (Osismi = Carhaix?), Rennes (Riedones), Vannes (Veneti).

Avalon : Endroit où aurait été inhumé le Roi Arthur, après la bataille de Camlann. Selon la Vita Merlini (Markale; Christianisme, p 125), elle est appelée l'Ile des Pommiers, Insula Pomorum. En irlandais Emain Ablach. Voir note intéressante Markale (Christianisme, p 236).

Plusieurs sites on été proposés : l'abbaye de Glastonbury; Burgh-by-Sands; Ile d'Aval (en Pleumeur-Bodou).

Pour ma part, et pour rester conforme à ce qui me semble logique, je pense il s'agit de l'ancienne forteresse romaine du Mur d'Hadrien Aballaca (Burg-by-Sands), située à l'embouchure de la rivière Ituna (Eden). De l'autre côté de la rive, côté concave, se trouve l'embouchure de la rivière Anava, dont le nom a pu être interprété par anaon, pays des âmes, pays de l'oubli (voir Saint-Anaon). Cette forteresse Aballaca a reçu en garnison successivement un cuneus frison, puis un numerus (unité) Maure Aurélienne. Le mot île étant tiré du latin insula, il y a lieu d'en étudier tous les sens possibles : terre entourée d'eau, maison isolée, maison en location, auberge, quartier de ville, pâté de maison, temple ?

Voir aussi Camlann.

Aylesfordgelesford 455 ASC). Le Gué d'Ægel. Ville du sud de la Grande Bretagne, comté du Kent, sur la rivière Medway, entre Rochester et Maidstone.

Barenton (fontaine de) : Nom de lieu fameux des Romans arthuriens.

Revendiquée, bien entendu, par la Forêt de Paimpont. Selon F. Bellamy, Tome Ier :

" ... mais les plus anciens monuments littéraires aujourd'hui connus, où mention soit faite d'une fontaine à prodiges qui ne peut être que la nôtre ..."

"... et si Chrétien de Troyes ne nomme pas Bérenton, il laisse bien entendu par la description qu'il en donne que la fontaine de Bréchéliant n'est autre que Béranton".

Mais où donc, chez quel auteur ancien, F. Bellamy a-t-il lu que la fontaine de Bréchéliant est la fontaine de Barenton ? Nulle part ! Pour lui, il suffit de parler d'une fontaine merveilleuse, bouillonnante, ou on ne sait quoi d'autre, de Bretagne armoricaine, pour qu'il s'agisse de facto de celle de Paimpont. C'est là un raisonnement un peu léger et cavalier à la fois, car des fontaines de ce type, il en existe des milliers, y compris en Bretagne armoricaine. F. Bellamy prend donc ses désirs pour des réalités et bien entendu prend des risques d'être désavoué tant qu'il n'est pas en mesure, mis à part de pratiquer ce qui n'est en définitive qu'une auto-persuasion et de vaines incantations, d'apporter pour ses affirmations un support archéologique. En réalité, il assujettit ainsi sans argument fondé le thème de Barenton à celui de Brécillien et réciproquement, et ceci est d'autant plus hasardeux quand il affirme lui-même, p 59, que Brocéliande était devenu un lieu commun ! Et si par hasard ou par malchance pour lui le Brécillien de la Légende n'était pas à Paimpont alors, par simple déduction, Barenton n'y serait pas non plus !

Son argumentation tourne à la tragi-comédie lorsque, citant Chrestien de Troyes, p 280 :

 

Lez la fontaine trouveras

Un perron tel comm tu verras,

Et d'autre part une chapelle

Petite, mais elle est moulte belle ...

 

il est obligé de confesser, p 281 : "Cependant on ne trouve aux alentours de la fontaine aucun vestige de chapelle ou de construction quelconque; et personne ne se souvient d'avoir entendu parler de l'existence d'une chapelle en ce lieu... Les notes de M. Poignant ...n'en font aucune mention"

Son argumentation suivante, à propos du déplacement du couvent du Moinet à Bélanton constitue l'aveu même de son dilemme et de son affabulation, puisque si ce déplacement n'a eu lieu qu'à l'époque de Guillaume de Montfort et d'Éon de l'Étoile, c'est-à-dire vers 1140, le fait était forcément ignoré à l'époque d'Arthur, de Merlin et d'Yvain, antérieure de plus de six siècles. Ceci détruit donc tous les arguments en faveur d'une hypothétique chapelle à Barenton de Brocéliande à Paimpont et par la contradiction fondamentale vis-à-vis des textes, démontre bien que ce Barenton là n'est pas celui de la Légende.

A contrario, il est facile de prouver qu'une petite chapelle existait bien à Saint-Symphorien, émissaire du ruisseau de Brécilien de Paule / Carhaix. Voir les analyses spécifiques à ces noms.

Formes diverses trouvées dans les textes :

Béranton (1ère mention par Wace), Barenton, Baranton, Belenton, Bellanton (Usements de Brécilien), Bérendon.

Étymologies proposées :

F. Bellamy, Tome Ier, p 50 : "Ce lieu de Béranton était sans doute en honneur depuis une antiquité fort reculée, car, d'après une variante de son nom que l'on écrit Belenton, ce qui signifie Montagne de Belen (Belen-ton), on peut supposer que Belen, le dieu Soleil, l'une des grandes divinités des Gaulois, leur Apollon, y recevait un culte ..."

J. Markale a proposé une étymologie à partir de Belen-nemeton = sanctuaire de Belenos (Merlin, p 171). Cette hypothèse est repoussée, pour la deuxième partie, par Fr. Le Roux-Guyonvarc'h, qui soulève le fait bien réel que le gaulois nemeton a donné en toponymie bretonne Névet, Nivet, ...

JCE : j'ai proposé plusieurs voies de recherche. voir le chapitre consacré à Barenton.

Autres toponymes similaires, en France :

- Barentin. commune du département de Seine Maritime. Barenthium; Barentini, 1006; Barentin, XIIIè siècle. Barentin correspond à un vallon à la confluence de l'Austreberthe et de trois ruisseaux. Une étymologie a été proposée à partir d'un nom de rivière Barent, dans l'Aisne.

- Barenton : commune du département de la Manche, en Basse Normandie. Située près de la rivière Sélune, qui s'appelait autrefois Friette (voir analyse de la fontaine bouillonnante, à l'article Barenton).

- Barenton-Bugny : commune du département de l'Aisne. Barenton-Buigni, 1247.

- Barenton-Cel : commune du département de l'Aisne. Barenton-Cella, 1340.

- Barenton sur Serre : commune du département de l'Aisne. Barenton super Seram, 1243. A noter que le nom de la Sera / Serre semble répondre au latin sérum : qui coule. (Voir § Sorhault).

Les étymologies ne semblent pas résolues. On peut cependant comparer avec les noms de rivières proposés par DDR : Barangeon, Berenioni 860; Béron, Bérona 959; Béronnelle; Berre, Birra VIIIè s; Berron, Berrou, Barron.

La toponymie anglaise n'apporte pas de réponse.

Bénoïc : Domaine du roi Ban. Écrit Benwick en anglais.

Plusieurs sites ont été proposés aussi bien sur le continent : Bourges, Bayonne, Beaune, Saumur, qu'en Grande Bretagne : le territoire des Venicones, dans le sud-est de l'Écosse. On trouve aussi la forme Brucie (G.Geffroy, La Bretagne, p 164), dans le but probablement d'identifier une racine permettant de rattacher ce nom à celui de Bruc-sur-Aff, aujourd'hui commune du département d'Ille-et-Vilaine (35550), dans le canton de Pipriac et autrefois dépendant du comté / évêché de Rennes. Bruc-sur-Aff est située à 42km à vol d'oiseau sud-ouest de Rennes, à 5km ouest de Pipriac et 26km sud-est de Paimpont. Cette hypothèse, basée sur Bruc-sur-Aff reste à mon avis, tant du point de vue géographique, que du territoire épiscopal et de la géopolitique gallo-romaine du Bas-Empire, jusqu'à preuve du contraire, une fausse piste manifeste.

JCE : J'ai identifié Benoïc avec le bassin de la rivière Ic, situé entre le Gouet et la limite linguistique breton-gallo, entre Plouha et Tréveneuc, c'est-à-dire la partie sud du pays Goëlo. Il englobe les anciens plous de Plaine-haute (+ Le Foeil, Quintin), Plélo (+ Trégomeur, Châtelaudren en partie), Plérin (+ Pordic, Tréméloir, Binic sud partie, Saint-Laurent de la Mer), Plerneuf (+ Trémuson, La Méaugon), Plourhan (+ Binic nord, Étables sur Mer, Saint-Quay-Portrieux, Tréveneuc, Lantic, Tréguidel), Plouvara (+ Cohiniac, Saint Donan). Ces regroupements reprennent ceux établis par Couffon, sauf pour Tréguidel.

Le nom Benoïc peut en effet se décomposer :

- soit en Ben-o-Ic : embouchure de l'Ic; dans ce cas -o- constitue une voyelle intervocalique,

- soit en Beno-Ic : les 'bouches' de l'Ic; dans ce cas -o- constitue la terminaison d'un pluriel neutre.

Ce territoire a fait à l'origine partie intégrante du domaine des Osismes, la rivière Gouet formant alors la frontière entre Osismes et Curiosolites. Il en a été distrait, soit sous Valentinien Ier (363 / 375), soit sous Maxime (usurpateur en 383, empereur en 384, éliminé en 388), c'est-à-dire pour la période paisible et 'légitime' de ce dernier entre 385 et 387 environ, au profit des Curiosolites, qui à la même époque reçoivent le Racter, territoire maritime démembré de la cité des Riedones. La latitude nord du territoire de l'Ic correspond à celle de l'alignement du cap Fréhel et de la pointe du Grouin.

Ainsi passé au domaine curiosolite, le territoire de l'Ic se trouvait par conséquent 'dans les marches de la Bretagne armoricaine'. Voir J. Boulenger, chap Ier : 'En la marche de Gaule et de Petite Bretagne...'.

Berri, Berry : voir Bourges.

Binic (22520) : voir Benoïc.

Bourges : en gaulois Avaricum; capitale des Bituriges Cubi, peuple gaulois qui a donné son nom au Berry; capitale de l'Aquitaine Ière; siège d'un archevêché dès le IIIè siècle. Le nom de Bourges est un thème qui revient très souvent dans les Romans arthuriens. Cela tient au fait que cette ville joue un rôle géopolitique et géostratégique très important à l'époque du Bas-Empire, puisqu'elle se trouve sur une route de communication naturelle et aisée entre le nord de la Gaule et l'Aquitaine, en contournant l'Auvergne par l'ouest. Selon le Roman de Merlin, c'est à Bourges en Berry (chap IV) que Vortigern avait exilé Uther (Pendragon).

Convoitée par Euric dès le début de ses prétentions hégémonistes, elle tombe entre ses mains après la défaite de Riothame et de ses Bretons à Déols, près de Châteauroux, en 469. Définitivement acquise à Euric lors du traité de 475. Reprise par le roi franc Chilpéric Ier en 583.

Bourg sur Gironde (Burgus) : ville de la famille des Pontii, située sur la rive nord du confluent de la Garonne et de la Dordogne, à 30 km ouest de Libourne.

Bretagne bleue (armoricaine) : Traduction aberrante de Breathan Letha.

Brécilien : forme écrite de ce qui est devenu Brocéliande dans la forêt de Paimpont.

- au XVè siècle : ordonnance du comte de Laval : forest de Brecilien (G.Geffroy, p 165)

- au début du XIXè siècle : Brécilien (1820), puis Brocéliande (1896).

- F. Bellamy donne en pages 2 et 3 de son ouvrage les différentes formes écrites qu'il a pu rencontrer au cours de ses investigations : Bréchéliant, Brocéliande, Bréchéliande, Brécéliande, Brescéliande, Breselianda, Bercéliande, Bersillant, Brécilien, Brécélien, Bethélien, Brucellier, Béthélien, Berthélianth, Bréfélien, Brésilien, Bressélian, Brécilian, Brécilion, Brecelin, Bréceil, Brocéliand, Brocéliane, Brecclien, Bréchiliant, Brékilien, Bréchilien, Brocélien, Brexilien, Trécéliande, Trécilien.

(Il va sans dire que les formes écrites qui on été trouvées uniquement dans les Romans ne désignent pas le Brécilien de la forêt de Paimpont, mais le Brécilien historique, c'est-à-dire celui de Paule).

Brécilien, ou Bréssilien : Nom de lieu en Paule, tout près duquel se trouvait une enceinte de terre, à proximité de la route de Carhaix à Vannes, à 13km de Carhaix. Selon Gaultier du Mottais, il s'agissait d'une enceinte circulaire de 45m de diamètre. Selon l'ancien cadastre, elle se présentait sous une forme ovoïde de 100m et 80m d'axes, le grand axe orienté nord-ouest / sud-est, avec douves. Son emplacement figure sur les plans de fouilles du chantier de Kastell Bras / Castellodic, entre Saint-Symphorien et Brécilien. L'enceinte a été arasée lors d'un remembrement. Frotier de la Messelière fait apparaître un chemin, présumé gaulois, reliant directement Brécilien à Mezle (Château de Maël-Carhaix), au Castel Duault et à Callac (Botmel ?) par Pont Vereguès. Cette idée a été reprise par A. Le Diuzet.

Formes anciennes : Brecelyen (Fr.Moal, Paule ..., p 30); Brécilien (La Messelière).

Étude étymologique :

C'est une erreur de considérer que ce nom est basé sur la racine Bré- = montagne, colline, hauteur, car le site se trouve entre un point bas, un vallon humide, à la côte 208 et un point haut, Coatulas, endroit de passage d'une route gauloise importante, à la côte 225. Le site de Brécilien est entouré de toutes parts de points plus élevés, sauf au nord-est, échappatoire du marais en direction de Botlan, à la côte 198 et du bourg de Paule.

Ce nom dérive en fait d'une racine gauloise ou pré-gauloise bracu-, signifiant vallée, marais et qui a donné le français brai et l'ancien provençal brac, boue.(Dauzat). Il a donné de nombreux lieux-dits en France, dont les formes anciennes varient en Brax, Brays, Bras- ensi.., Bras, Braccio, Bractio, Braus, Braoes, Braos, Bray, Braeium, Braiacum, Brayo, Graium, Brec, Bracia, Braciosum, Bracu, Brascum, ...

Le même auteur donne pour étymologie de Brouck, en Moselle, les formes Brocchi, 1178; Bruco, 1236 et les racines Vieux haut allemand bruoch, lieu marécageux; moyen néerlandais broec, marais ...

Pour les racines anglaises, Ekwall apporte le Vieil-anglais bræc, signifiant marais et présent dans le Vieux haut allemand bruoh, le Bas-germanique brôk, le Moyen-néerlandais broek et l'anglais du Kent brook = prairie humide, basses terres marécageuses et enfin l'anglais moderne brook = ruisseau. Son collègue Onions précise qu'il s'agit d'une racine d'origine inconnue.

J. Markale donne quasiment l'explication de la racine Br°k: (Christianisme celtique, p 238):

" A Brennilis (Finistère), Notre-Dame de Breac'h Ilis veille sur les marais de Yeun Elez, où se trouvent, d'après une tradition locale, les portes de l'enfer", apportant ainsi l'identité de sens entre breac'h = marais, et yeun (en gallo : gaine) = marais !

On peut même citer le cas de l'aqueduc romain Aquae Traiana, d'une longueur de 32 km, qui prend sa source au lac de Bracciano.

On peut ajouter à cette énumération le nom de la Bresle (Brixella ?), rivière marécageuse s'il en faut, qui prend sa source au Bois à Saules, entre Hadancourt et Abancourt, au passage exact de la route romaine de Rotomagus / Rouen à Samarobriva / Amiens et qui débouche entre Mers et Le Tréport. Celle-ci permet de retrouver une forme diminutive (ou accusative) en -cella ou -cillus / -cillianus de la racine *Bracu pour expliquer *Bréc-ilien qui, vérification faite in-situ, désigne réellement l'extrémité en amont et le départ d'un vallon humide.

L'humidité est d'ailleurs ambiante autour de Brécilien, si l'on observe les autres toponymes révélateurs voisins : Paule (lat. palus > bret poul = mare), prat ar wern, kervern (-verno > bret gwern = aulnaie), Coat ar Scaon (probabl. skaven = sureau), Prat ar Bouilhen (indo-eur. bugh : marais, terrain fangeux), Parc ar Feunteun (fontaine), Kerloguennic (lagenn = bourbier + ic = soit diminutif, soit accusatif), Kervoazou ( gwaz = ruisseau), etc.

Le site de Brécilien est directement lié à celui de Saint-Symphorien, aussi bien du point de vue du réseau routier que de celui des sources. Voici ce qu'en dit E. Guyomard :

" Les Romains avaient un camp, au village de Bressilien en bordure de la route Vannes-Carhaix. Ce camp qui domine à la côte 230 et duquel on pouvait apercevoir Carhaix a été rasé récemment lors du remembrement. Il était encadré par deux zones humides d'où l'eau émerge en abondance : St Symphorien et Koat ar Skao... Les sources de Koat ar Skao en réalité sont moins abondantes que celles de Saint Symphorien. Ces dernières alimentent depuis 1960 une grande partie de la commune de Paule et n'ont jamais tari même durant l'été 1976 qui fut si sec puisqu'il vit le tarissement presque total de toutes les sources de la région. Nous pensons qu'il faut attacher une grande importance au ruisseau qui se forme là et qui se jette dans le canal à l'écluse de Trémalvézan".

Autrement dit, Brécilien et Saint-Symphorien forment un couple indissociable et vital pour l'alimentation en eau de la région. Ils forment donc l'autre extrémité du cordon ombilical de Carhaix que constitue l'aqueduc. De ce fait, Carhaix implique Brécilien et réciproquement. Le site est donc sacré !

Note : E. Guyomard semble identifier le camp de Brécilien avec Coatulas ou avec Kastell Bras / Castellodic, ce qui est une erreur. De l'ancienne motte de Brécilien, située dans un vallon barré à l'ouest, on ne pouvait pas apercevoir Carhaix.

Brest (Bresta super Caprellam): commune et chef lieu d'arrondissement du département du Finistère. Dépendant de l'évêché de Léon, archidiaconé d'Ac'h (Agma).

Le cas de Brest est intéressant en ce sens que le site lui-même a été une fortification romaine d'une certaine importance dans le cadre des défenses côtières de la cité ossisme, sur le territoire de la Létavia originelle. Il est très probable qu'il a été utilisé par les Bretons comme l'une de leurs bases principales lors de leur introduction dans ce secteur par Maxime, en 384-385. Quoi qu'il a pu en être dit dans la Chronique de Saint-Brieuc, il est peu probable qu'elle ait pu être construite par eux, puisqu'elle existait manifestement avant leur implantation dans ce secteur.

L. Fleuriot insiste sur le fait que Brest aurait été détruite par les Goths (Wisigoths ?) en 452 (Origines, p 31, 202). Cette date peut sembler surprenante si l'on tient compte que l'année précédente les Bretons létaviens étaient alliés aux Gaulois, aux Francs, aux Romains et aux Wisigoths (!) dans le cadre des armées d'Aetius contre les Huns d'Attila.

Or, de grands débats ont opposé les historiens à propos de l'identification de Brest avec Osismi, ou Civitas Osismorum, tendant à démontrer que Brest avait supplanté Carhaix à l'époque du Bas-Empire, en tant que capitale des Osismes, à l'instar du cas d'Alet vis à vis de Corseul. Certains historiens se sont donc basés sur ce principe pour rejeter l'identification d'Osismi à Carhaix pour la placer à Brest : R. Sanquer, Histoire de Brest, p 33; L. Fleuriot, Origines, p 30-31;

De sérieuses réserves sont toutefois formulées par B. Tanguy, Cités et Diocèses, p 102-103-104; L. Pape, Osismes, p 77.

Bretagne (Grande) : La Prétanis des Grec; la Britannia des Romains.

Désigne à l'origine la plus grande des îles Britanniques, l'autre étant connue sous le nom latin d'Hibernia (Irlande).

Les Romains identifieront sous le nom de Britannia la province romaine établie sur une partie de cette grande île. Celle-ci sera subdivisée progressivement, pour aboutir vers la fin du IVè siècle en Britannia Prima (cap. Corinium/Cirencester), Britannia Secunda (Eburacum/York), Maxima Caesarensis (Londinium/Londres), Flavia Caesarensis (Lindum Colonia/Lincoln), Valentia (identification discutée).

Bretagne (Petite) : Portion de la Gaule armoricaine, dans la province Lyonnaise IIIè.

Au moment de sa création en 384-385, par décision de l'empereur Maxime, le territoire confié aux Bretons ne désignait que la moitié nord de la cité des Osismes et ne se différenciait pas sous un nom différent du reste du territoire ossisme. Les Bretons installés en cet endroit étaient qualifiés de Létaviens, précisément à partir du nom dudit pays, la Létavia.

En 497, en accord avec Clovis, en sa qualité de patrice honoraire, le territoire breton est étendu à la Cornouaille et à la cité des Curiosolites. En 579, les Bretons s'emparent du Pays de Vannes. 300 ans plus tard, en 851, les Bretons armoricains obtiennent aussi les pays de Rennes et de Nantes et même des territoires au-delà, mais qu'ils perdront ensuite face aux Normands.

Dans les Lais de Marie de France, le nom de Bretagne apparaît sous les formes : Bretaine, Breitaine, Bretaigne, Bretaingne, Brutaine, Bretaigne la Menur, Brutaine la Meinur.

Brocéliande : nom de lieu renommé dans les Romans arthuriens, en tant que lieu de rencontre de Merlin et de Viviane. Il a été localisé, selon la tradition de Raoul de Gaël, à Brocéliande, dans la forêt de Paimpont.

Différentes formes écrites :

A. Micha : Briosque;

F. Bellamy : Breseliande(a) XIIè, Brécilien 1467 (Usements ...); voir aussi la liste des formes anciennes des noms établie par F. Bellamy en relation avec Brécilien.

De Bellevue : Brésilianda, 1180

B. Tanguy : Brescelien, Brecheliant, Breselianda.

Ouvrages divers : Brecelien 1467, Brexilien 1513.

Selon J.Y Le Moing : " Le nom de Brécilien attribué à la forêt de Paimpont ne correspond qu'à un lieu-dit de cette commune. La forme Brocéliande apparaît comme une francisation récente, peut-être influencée par les termes gallo-romans brosse (buisson) et lande. Un autre lieu, Bercelien en Plouer-sur-Rance, paraît avoir la même origine. On y associe classiquement un nom d'homme, Silien, ou plutôt Sulien..."

B. Tanguy précise également que ce nom a été abusivement bretonnisé en Brékilienn.

La forêt mythique de Brocéliande :

On peut lire actuellement, dans les diverses publications touristiques et folkloristes qui ont la prétention de traiter de Brocéliande, qu'avec ses 8000 mille hectares, l'actuelle forêt de Paimpont correspondrait à la partie la plus importante - bien qu'infime - de la forêt de Brocéliande ou de Brécélien citée dans les Romans arthuriens. Voir entre autres la revue ¨Pays de Bretagne', n° 2, ou Maud Ovazza (La forêt de Brocéliande, 1986, 1994). La forme conditionnelle apparente de cette assertion, sous-tendue par les différentes identifications in-situ de thèmes prétendument arthuriens dans la forêt de Paimpont se résume, dans l'esprit du lecteur ou du public non averti, quoi qu'on en dise, à une forme affirmative de l'équation :

forêt de Paimpont = forêt de Brocéliande.

L'idée de l'existence d'une grande forêt centrale au coeur de l'Armorique avait germé dans l'esprit de La Borderie, dès 1861. Elle a été reprise comme une vérité incontournable par la suite par de nombreux commentateurs néo-romantiques. On peut même ajouter à ces auteurs des publications à orientation pédagogique, telle l' Histoire de la Bretagne et des Pays celtiques, publiée par Skol Vreiz, en 1970, pour les classes de 6è et 5è, des origines à 1341 (cartes p 17, 49, 55). Le principe était, partant des mentions du nom de Brécélien et de ses variantes figurant dans les Romans, de relier entre eux tous les toponymes en Brécélien de Petite Bretagne, permettant ainsi de définir "... une grande région forestière couvrant pendant trente lieues tout le centre de la péninsule et portant d'un bout à l'autre ce nom fameux de Brocéliande, Brecelien ou Brecilien..." (La Borderie, p 45), et une aire allant, selon J. Loth, de l'est à l'ouest, de Guichen à Paul ou à Plouguernével, sur une longueur de trente lieues, et du nord au sud, de Corlay à Camors sur une largeur de douze à treize lieues".(Émigration bretonne, p. 65-66).

Cette interprétation, qui a eu sa période de gloire à l'époque des celtomanes, est désormais largement battue en brèche et formellement contredite aujourd'hui par la perspicacité des historiens et des archéologues.

Si A. Dupouy disait qu' "...il n'est pas impossible que le nom de Brocéliande se retrouve dans celui de Brécilien ", il ajoutait par contre " On en a cru un peu vite le notaire-archéologue de Montfort-sur-Meu qui prétendit, il y a cent vingt ans, avoir trouvé à la lisière de la forêt de Paimpont, dont Brécilien fait partie, les tombeaux de Merlin et de Viviane 'son épouse' (p80). On voit à quel point l'utilisation du nom de Brécilien est équivoque.

Si Ogée avançait qu'en 1780 la forêt de Paimpont atteignait 23000 arpents, soit 11635 hectares, ce qui est loin de représenter la superficie de la pseudo forêt centrale, ses continuateurs contestaient déjà cette affirmation en 1845 en disant que "Cette forêt... ne pouvait avoir cette superficie en 1780, puisque aujourd'hui elle n'a réellement que 6070 hectares : c'est-à-dire à peine 12000 arpents".

L. Pape, dont le sentiment est également parfaitement clair et opposé à ce propos a, dans la Civitas des Osismes, p 46-47, fait l'exposé des recherches de Le Lannou et de Couffon, affirmant pour son propre compte "Nous sommes intimement persuadé que les forêts étaient encore moins nombreuses à l'époque romaine car la crise finale du Bas-Empire s'est traduite par un abandon de certaines régions cultivées auparavant et leur retour à l'état de friche. Il y avait certainement beaucoup plus de lande que de forêt dans cet intérieur, car la forêt est précaire en Bretagne et se reconstitue très mal..."

Le même auteur, auquel je rattache mon propre sentiment, se demande plus loin avec raison et clairvoyance "... pourquoi Kerviler, Loth et La Borderie arrêtaient la forêt centrale à la région de Rostrenen et n'y englobait pas les régions boisées de Poullaouen et du Huelgoat ...".

Ce qu'il ne savait pas encore au moment où il écrivait ces lignes, c'est que le besoin actuel de mystification en faveur de la forêt de Paimpont est tel que dans certaines publications on n'a même pas hésité à insérer des photographies, d'ailleurs superbes, de cascades d'eau de la forêt de Huelgoat, sans mention de leur origine, justement pour faire croire au béotien qu'elles se trouvent dans celle de Paimpont, qui n'en possède pas. Il s'agit là, disons le bien fort, d'une supercherie inacceptable pour la sauvegarde de notre crédibilité, de notre honnêteté et de notre dignité nationale.

On peut aussi reprendre les propos de J.Y Le Moing, suivant ceux déjà donnés ci-dessus : "Le fait de relier les différents lieux portant ce nom par une forêt mythique ne repose sur aucun fondement que la poésie et les légendes associées aux romans de la Table Ronde. "

A. Chédeville (la Bretagne des saints et des rois, p 41-42) apporte une conclusion on ne peut plus simple et directe : "L'Armorique à l'arrivée des Bretons n'était donc ni couverte de forêts, ni vide d'hommes", et se voit confirmé par P. Galliou (l'Armorique romaine, p 88) : "Il est vrai que divers travaux de terrain effectués dans le centre de la Bretagne ont sensiblement modifié l'image traditionnelle d'une région déchirée entre un Armor riche et peuplé et un Argoat pauvre et désertique et ont définitivement éliminé le mythe de la 'grande forêt centrale' , (selon un renvoi à J.F Eveillard, 1975, ch. IX).

Enfin, qu'il me soit permis de soulever la question suivante :

Cette 'forêt centrale' , si elle avait existé, se serait donc trouvée au centre de quoi ?

- certainement pas au centre de l'Armorique romaine, car ce nom ne désigne absolument pas la Bretagne actuelle, mais l'ensemble des territoires des provinces lyonnaises IIè et IIIè réunies, au nord de la Loire et à l'ouest de la Seine, jusqu'à la mer, englobant, outre la Petite Bretagne actuelle, le Maine, l'Anjou, la quasi-totalité de la Normandie (sauf le Pays de Caux) et la Touraine super-ligérienne.

- certainement pas au centre de la Petite Bretagne de l'époque anté-nominéenne, puisque celle-ci ne comprenait ni la cité des Riedones, ni celle de Namnètes, ni de l'époque arthurienne, puisqu'elle n'englobait toujours pas la cité des Vénètes. Or, Paimpont se trouve à l'extrême est de la cité des Curiosolites, justement en bordure de celle des Riedones. Elle est donc totalement excentrée par rapport à la Bretagne d'avant Nominoë

- certainement pas au centre du berceau de la Bretagne originelle, puisque celui-ci allait seulement de la Manche à la ligne de crête des Monts d'Arrée et de l'embouchure de l'Aulne jusqu'à la source du Leff, c'est-à-dire par définition un territoire situé entièrement en dehors des limites de cette pseudo forêt centrale !

- mais peut-être alors se trouve t elle alors au centre d'un imaginaire quelconque, c'est-à-dire dans le saint des saints d'une génétique fantasmagorique et irrationnelle du néo-romantisme arthurien ?

Selon Petit Larousse Illustré : irrationnel = ... inintelligible et inexplicable".

Finalement, cette grande Forêt centrale pourrait très bien se trouver dans le Pays du Milieu de la cité ossisme originelle, c'est-à-dire la Carmélide, c'est-à-dire le Pays de Carhaix. Voir Encyclopédie, étude de la racine metl-.

Toponymes issus directement de la racine *BR°K en Bretagne armoricaine :

- Castel Brechet ou Kastell, en Plounéour-Menez, 29202;

- la Brechallerie, en Pannecé, 44118;

- Brech, nom de commune, 56023;

- Pont Brech, en Brech, ci-dessus;

- Pont Brech, en Plumergat, 56175, sur la rive opposée à celui cité ci-dessus;

- er Brechenne, en Saint Philibert, 56233;

Toponymes rattachables à la racine *BR°K en Bretagne armoricaine :

- Brennillis = *Breac'h Ilis (J. Markale).

Conclusion de la présente étude :

la Brocéliande historique correspond au lieu-dit Brécillien, en Paule.

Cair Mincip : Nennius. 66a3. voir Verulamnium / St Alban's.

Cair Lundem : Nennius. 66a12. voir Londinium / Londres.

Cair Luit Coyt : Nennius 66a28. voir Letocetum / Lichfield.

Camaloth : Identification tentée, mais très improbable, avec Camulodunum = Colchester, ancienne capitale de la Bretagne du sud, avant Londres. Ce dernier nom signifie la Forteresse de Camulos, dieu celtique de la Guerre. Cette ville est tombée au second rang, effacée par Londres, pendant la période romaine. Colchester, située côté Mer du Nord à l'est de Londres, est elle-même tombée aux mains des Anglo-Saxons peu de temps après Londres, vers 525-530. Compte-tenu de sa position géographique et de l'évolution géopolitique, il n'est guère possible de soutenir qu'elle ait pu devenir l'une des capitales des Cymri, Britto-romains nationalistes. Le site de Camaloth doit être recherché dans la moitié ouest de l'Ile de Bretagne.

Cameliard : forme donnée en langue anglaise pour la Carmélide, 'kingdom of Leodegrance'. Cette forme n'a pas permis de localiser la Carmélide en Grande Bretagne. Elle a été proposée en Écosse ou dans le sud-ouest de l'Angleterre. Le nom de Carohaise y est alors donné sous la forme Carolhaise, sans identification, mais avec une recherche étymologique évidente à partir de Carol-, nom de personne (Charles ?).

Camlann / Camblann : c'est-à-dire vallée courbe (crooked glen). Site de la dernière bataille du roi Arthur, qui l'a opposé à son neveu / fils adoptif Mordret. Cette bataille s'inscrit dans le contexte de guerre civile entre les Bretons.

La détermination du site a fait couler beaucoup d'encre. Plusieurs sites ont été proposés :

- Slaughter Bridge (Pont du massacre!) sur la Rivière Camel, près de Camelford, en Cornwall, par Malory; Cette thèse est repoussée par R.J Hutchings (p. 65)

- Salisbury Plain (Collines -blaen- de Salysbury), par Malory;

- Camlan, en Pays de Galles, par Blackett et Wilson;

- et même en Irlande !

Le plus vraisemblable est celui de l'ancienne forteresse de légion du mur d'Hadrien : Camboglanna (vallée courbe), dont on sait qu'elle a été attribuée à la fin du IVème siècle successivement à la Deuxième cohorte Tongre et à la Première cohorte Dace Aelienne, dépendant de la VIè Légion Victrix, de York. Son identification est cependant discutée entre deux sites voisins tous deux près d'une courbe de la rivière Irthing :

- selon Ordnance Survey (Map of roman Britain, et Hadrian's Wall) et I.A Richmond (Roman Britain) : Birdoswald (l'enclos à animaux d'Oswald), sur le territoire de Waterhead, comté de Cumberland;

- selon Rivet & Smith : Castlesteads (la ferme du château), correspondant au toponyme Cambeckhill = colline dans la courbe du ruisseau, sur le territoire d'Irthington, comté de Cumberland.

Mortellement blessé, Arthur a ensuite été transporté vers l'ouest. Sa trajectoire peut être suivie de la façon suivante :

- l' engagement est donné à tierce, soit vers 9 heures du matin.

- l'ordre de repli est donné après nones, après la blessure mortelle reçue par le Roi, c'est-à-dire entre 3 heures et 4 heures de l'après-midi.

- premier arrêt pour passer la nuit: à vêpres, soit vers 19 heures, à la Chapelle Noire (Chapel well ?) située près de Mireside (traduit de façon aberrante en : près de la mer), à la source du ruisseau de Laversdale, en Irthington;

- reprise de la route au matin;

- A midi, soit 6 ou 7 heures plus tard, le groupe atteint le rivage de l'estuaire de la rivière Ituna / Eden, mais ne va pas au-delà;

- décès d'Arthur non loin de la mer, près d'une colline ou se trouve un lac (plan d'eau). Voir le lieu-dit Cargo, en Kingmoor ( ? King Garth : garth = yard, garden = enclos, jardin du Roi ?)

Escalibur est jetée à l'eau (voir discussion).

- Arthur décède au début de l'après midi. Il est âgé de 75-76 ans. Son corps est ensuite transporté par bateau à Avallon, où d'après les textes, il aurait été inhumé dans l'insula, ou tout près de l'insula. Il s'agit en fait d'Aballaca = Avallon, qui est l'antépénultième forteresse romaine située à l'extrémité ouest du mur d'Hadrien, près de la mer, dans la presqu'île de Burgh-by-Sands. Elle avait été auparavant attribuée à une unité Maure Aurélienne, sous les ordre d'un préfet, toujours dans le cadre de la Legio VI Victrix.

Cette bataille fratricide est datée et acceptée selon les documents en :

- 515, selon J. Morris.

- 532, selon les Annales de Cambrie, (indication d'Ordnance Survey; Dark Ages)

- c 539, Lloyd Laing, Celtic Britain, p 170,

- 541, par les Annales de Tigernach;

- 542, après J-C, selon Geoffroy de Monmouth.

- Elle a souvent été prise pour celle de 552, qui a vu la victoire de Cynric, roi des Saxons, sur les Bretons à Searoburh (Parker et Laud) / Saelesberi / Salisbury (Cottons, version F).

- 580, par les Anales Toledanos;

Carhaix-Plouguer, en breton Karaes.(29270):

Ville et chef-lieu de canton du département du Finistère, dans l'arrondissement de Châteaulin. Carhaix correspond à l'ancienne Vorgium, ville créée de toutes pièces par les Romains pour être la capitale de la cité des Osismes.

Origine et évolutions proposés du nom de Carhaix:

L. Fleuriot, Origines de la Bretagne, p 33 :

" ... nous savons que Louis le Débonnaire s'en fût (en 818) jusqu'à Brisiaci silva (Briec) où il rencontra Matmonoc, abbé de Landévennec. Il n'était donc pas loin de Carhaix qui peut avoir été le Corophesium de ce texte. L'ennui est que cette ville de Carofes, Carifes est dans la Notitia provinciarum placée chez les Diablintes, avec parfois la glose 'quae alio nomine Aliud uel Adalia uocatur'. Ce problème compliqué semble en relation avec l'origine du nom actuel de Karaes (Carhaix). Toutes les formes Corophes, Carofes, Carifes, sont proches de la forme du 12è siècle, Carahaes.

L'existence de la légende du roi Ohes de Carahes a déjà fait supposer qu'une forme *Carohes a précédé Carahes; peut être Corophes, Carofes ... sont-ils des formes plus anciennes encore d'un même nom de lieu ..."

idem, note 87 : à propos d'une autre proposition de Mr Quentel " Ce serait plausible, si les indices ne concordaient pas en faveur d'une forme -ohes antérieure à -ahès"

Selon P. Galliou et B. Tanguy, dans la plaquette Aux origines de Carhaix :

"Même si on rencontre la graphie Caer Ahes entre 1081 et 1084, sans doute par référence à la légendaire princesse d'Ahès, femme d'Ohès, seigneur de Carhaix, il n'est pas douteux que la forme en usage à cette époque est Carahes. C'est l'orthographe usitée au XIIè (parallèlement à Karaes, Carh(a)hes et Carhes) et au XIIIè siècle. Cette forme a elle-même procédé de Carohes, variante qui remonte à un antécédent Carofes, transcrit Corophesium par les Annales de Lausanne qui indiquent, à l'année 818, que l'Empereur Louis alla en Bretagne jusqu'à Corophesium. On sait par la Vie de Saint-Gwennolé, écrite vers 880, que cette année là Louis le Pieux, venu combattre le chef breton Morvan, établit son campement au bord de l'Ellé, près de la forêt de Priziac.

Homonyme d'une localité de Carofes mentionnée par la Notice des dignités de l'Empire chez les Diablintes, c'est-à-dire en Mayenne, le toponyme est à rapprocher de Charroux (Vienne), noté Carofo sur un triens mérovingien, Karrofum, en 789, Carrofense (monasterium), en 815. C'est de cette forme dérivée Carrofens(em), d'un bas-latin carruvium, issue de quadruvium 'carrefour' et du suffixe latin -en(em), que procède Carofes. Carhaix/Karaez est donc un nom bas-latin se référant à la fonction de carrefour routier de la ville. Ce nom sera conservé par les Bretons, mais ils useront parallèlement de celui de Caer."

B. Tanguy, dans Dictionnaire des noms de communes...du Finistère :

" ... Devenu après la conquête romaine un important noeud routier, où convergeaient une douzaine de voies, Carhaix ne prit pas, contrairement à la règle qui vit, aux IIIè-IVè siècles, les chefs-lieux de cités adopter le nom du peuple dont ils étaient la capitale, celui d'Osismi, qui échut, pense-ton, à Brest. Mais la ville n'en perdit pas moins son nom de Vorgion pour celui, bas-latin, de Carofes. Attesté aussi au IVè siècle comme nom de lieu de la cité des Diablintes (en Mayenne), le toponyme remonte à une forme Carrofensis. Il s'agit d'un dérivé formé avec le suffixe latin -ensis sur une forme simple Carrofum - à l'origine de Charroux (Vienne) (Karrofum, en 789, Carrofense monasterium en 815) - issue d'un bas-latin carruvium, de quadruvium ' carrefour'. Carofes désigne donc le 'lieu de carrefour'.

Devenu Caro(h)es, puis Cara(h)es, le nom sera interprété comme un composé formé avec le vieux-breton caer, ce qui donnera naissance à la légende d'Ohes, seigneur de Carhaix, puis à celle de la princesse Ahes (d'où les noms Chemin-Noe (=Chemin-Ohes), et de Hend-Ahes, donnés à d'anciennes voies rejoignant Carhaix). Cette interprétation fut favorisée par le fait que les Bretons usèrent parallèlement du mot vieux-breton caer 'lieu fortifié' pour désigner la ville, comme en témoignent les dénominations de Poher (Poucaer v.840, Poucher en 871, Poher av. 1108) pour le 'pays', en vieux-breton pou, et de Plouguer pour la forme 'paroisse', en vieux-breton ploe. A côté de Ploguer en 1383, la forme pleine Ploukerkarahes aux XVIè et au XVIIè siècle, pour Plouguer, pourrait suggérer que Carhaix fut initialement désigné en breton sous la nom de Caer Carofes 'le lieu fortifié du carrefour'.

 

Évêché de Carhaix :

P. Barbier, p 27 : "... ce qui peut être admis avec certitude, c'est que le siège épiscopal de Vorgium (Carhaix), dans le ressort duquel était situé auparavant ce qui deviendra le futur évêché de Tréguier, se trouvait supprimé, et que fort probablement un nouvel évêché fut institué à Vetus Civitas (Le Yaudet) pour le ressort de la cité nouvellement créé."

L. Piétri, p 15, tableau 1, nomme Vorgium (=Carhaix) pour chef-lieu de l'évêché du Haut-empire et dans la Notitia Dignitatum; évêché subdivisé entre Tréguier, Saint-Pol, Quimper et une partie de St Brieuc au Moyen-age.

J. Loth soulève que le Léon correspond à un cantref, à savoir un territoire contenant cent tribus (Émigration bretonne ... p 228)

Pour la discussion sur l'identification d'Osimi à Carhaix ou Brest, voir ce dernier nom.

Carmélide / Carmélis : Nom de pays cité dans les Romans arthuriens pays relevant de l'autorité de Léodagan, père de Guenièvre, ou se trouve la capitale de celui-ci : Carohaise.

Voir aussi Cameliard.

Recherche étymologique :

- Car = Ker ? = ville, camp;

- Mel- = du gaulois mello = colline.

- -is / -ide = terminaison accusative.

Signification : la ville dans le pays des collines.

Castel Laouënan / Castellaouënan : nom de lieu en Paule, situé tout près de la ligne de crête correspondant à la route de Gourin à Glomel. A cet endroit, cette route culmine à la côte 276.

Au nord du village actuel de Castel-Laouenan, à une altitude inférieure, 240 env., sur un tertre, se trouve une forteresse de terre datée de l'âge de Bronze, inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le 9 septembre 1968. Selon Frotier de la Messelière (plan N° 20) : " motte rocheuse circulaire à triple enceinte de terre, sur le sommet de laquelle on a trouvé des ossements humains, des dards de flèches en bronze, des fers de chevaux, des poteries et des cendres. Au midi de cette éminence, restes d'un château à quatre tours, fondé au XIVè siècle, et entouré d'une triple enceinte de terre. G.M). "

Forme ancienne: Chastellaouénan (Fr. Moal, Paule ..., p 30); Château Laouenan (carte XVIIIè siècle)

Recherche étymologique

a) Le nom Laouënan a jusqu'à présent été interprété systématiquement par le mot breton laouenan, qui désigne le roitelet = regulus regulus (B. Tanguy, Toponymie ... ); On peut noter à propos du roitelet une variante trégorroise en Laouit-enn.

b) Une autre étymologie a été proposée par Fr. Moal, Paule ..., p 10, sur la base du "Château de la légion la plus ancienne", en recherchant une association Le(gi)o + bret Henan < gaul Sen-. Cela est fortement improbable, parce que non conforme au mode de déclinaison des noms des légions. En effet, chaque légion s'identifiait par un numéro et un nom, surtout à l'époque ancienne. Le nom était le plus souvent inspiré de l'origine ethnique, du nom du fondateur, ou de son enseigne (Legio IX Hispana = provenant d'Espagne; Legio VII Galbinia = créée par Galba, Legio ...Alauda = Alouette, etc). A titre d'exemple, pour ce qui concerne l'histoire des Bretons, on peut aussi citer celles qui se sont succédées en Ile de Bretagne :

Legio II Augusta IIè Légion impériale

Legio IX Hispana IXè légion espagnole

Legio XIV Gemina XIVè légion ( gémina = recomposée par assemblage d'anciennes légions disparues dans le conflit d'Égypte entre Octave Auguste et Antoine)

Legio XX Valeria XXè Légion. Valeria : indique peut-être l'origine, du district de Valeria, en Dalmatie; peut-être Valeria = Aigle Noire.

Cette légion est devenue Legio XX Valeria Victrix (Victorieuse), après la guerre de Boudicca et des Iceniens

Legio II Adjutrix IIè légion auxiliaire

Legio VI Adjutrix VIè légion auxiliaire

Legio VI Victrix VIè légion Victorieuse (Victoire = qualificatif nom de déesse ?)

En toponymie bretonne, on retrouve souvent la légion dans le toponyme Kerléon = camp (de tout ou partie) de légion, très souvent appuyé par un toponyme en Goariva < Goari = jeux + mVa(g) = champ, terrain, c'est-à-dire terrain de jeux et d'entraînement. Il peut aussi transpirer dans les noms en Kerléo, mais dans ce cas précis il est souvent confondu avec Ker-(G)lew = village de la lumière, brillant, exposé au soleil, etc.

c) JCE : Il n'en reste pas moins que le nom breton actuel qui s'approche le plus de celui de Castel Laouenan est laouenn, qui signifie : joyeux, gai, jouissance.

La racine laou-en- présente des similitudes avec l'anglais love- = aimé, aimer; C.T. Onions donne des explications à partir de racines germaniques OE. lufu = OFris. luve, OHG. luba:-lu°o (cf. Goth. br°°rulub° amour fraternel), f.weak grade of WGerm. leu°- lau°- lu°-, représenté également par OS. lubig loving, OHG. gilob precious, and OE., OS., ON. lof, OHG. lob praise; for the other grades see Lief, Leave, Beleif, Believe. En dehors du germanique la base apparaît dans le latin lubet 'est plaisant', lubid* (voir Libidinus), OSl. ljub* amour, ljubiti aimer, Skr. lùbhyati désirs. Dans ce sens, la racine bretonne laouenn désigne à l'origine la joie et le plaisir libidineux. La forme laouenan est une forme hypocoristique laouen-an signifiant d'amour.

Cette interprétation est corroborée par le mot lovendrin = filtre d'amour (vin herbé), que l'on trouve dans le poème Tristan et Iseult. Voir explication par R. Louis, Tristan et Iseult, notes et commentaires, pages 275 et suiv, ainsi que les variantes lovendrant, lovendric, lovendrinc donné par A.J. Greimas, Dictionnaire de l'ancien français, p 350.

La racine loven-, très proche du breton laouen, est assimilée à un Viel-Anglais love = amour. Quant à la deuxième syllabe, elle est à rattacher à priori au germanique drinken = boire. L'assemblage donne alors boisson d'amour.

Ce nom Castel-Laouenan permet d'identifier l'endroit que J. Boulenger traduit en Repaire de Liesse, La Villemarqué en Jardin de joie, et A. Micha en Séjour de Joie et de Liesse.

1. Repaire de liesse:

- Repaire : retour chez soi, retour en sa demeure; issu du Bas-latin repatriae, du latin classique patria, patrie.

- liesse : le mot français actuel est issu du français médiéval ledece, lui-même issu du latin laetitia, laetus.

2. Jardin de joie :

- Jardin : le mot français est issu de l'Ancien français jart, issu du francique gard, qui a également donné l'allemand garten et l'anglais garden. La même racine se trouve en gallois gardd, en cornique garth, gaélique garrai, gairdin. Le mot breton garzh, qui relève de la même étymologie, est donné pour haie, clôture.

Le sens commun désigne un endroit domestique clos (par une haie, par une palissade, par des talus, etc). Il peut donc être rapproché de l'anglais worth (OE worþ) = enclosure , au sens domestique, ainsi que du latin castrum ce dernier au sens militaire.

- joie : issu du latin gaudia.

3. Séjour de Joie et de Liesse :

- Séjour : lieu ou l'on tient une résidence ( lat. residare = demeurer).

Cette recherche va dans le même sens que celle qui consiste à rechercher une identification entre le nom de lieu Kerlouan, sur la côte nord du Léon, avec la Joyeuse Garde, citée dans les Romans arthuriens.

Castellodic / Castellandic : Véritable nom du Kastell Bras, chantier de fouilles dit de Saint- Symphorien en Paule, ou ont été retrouvées les statuettes, dont celle à la lyre.

La forme Castellodic remonte à la deuxième moitié du XIXè siècle. La forme Castellandic remonte à la fin du XVIIIè siècle.

Observation étymologique :

La forme Castellandic peut provenir d'un *Castel-Landic, ou d'un *Castel-Andic.

On peut alors observer que dans le premier cas cité, la syllabe -Landic ressemble étrangement à Landuc (à la voyelle près !), nom qui est donné par Chrestien de Troyes à Laudine de Landuc, c'est-à-dire à la Dame de la Fontaine, ou la Dame du Château. (voir ce nom).

Coat ar scaon : nom de lieu en Paule, sur le flanc est de la butte du camp de Kastell Bras. Une source importante émane tout près de cet endroit. Elle a malheureusement été enfouie sous le remblai de la route de Gourin à Glomel.

L'abbé L. Rolland pensait qu'il s'agissait de la source principale d'alimentation de l'aqueduc de Carhaix. Le propos a été repris par B. Tanguy, dans Noms de personnes ... E. Guyomard a infirmé ces dires, en apportant des éléments non négligeables au profit de la source toute proche de Saint Symphorien. Voir ce nom.

On trouve d'autres graphies pour le nom de Coat ar scaon: Coat ar Seaon, qui semble être une erreur de lecture et de transcription.

L'étude étymologique de ce nom présente une certaine difficulté, en l'absence de formes anciennes sures.

Un nom basé sur scaon = petit banc, escabeau, paraît énigmatique, même s'il peut paraître poétique de le rattacher au fameux "tabouret de nymphes", de Dumézil. Un nom basé sur scaven = sureau paraîtrait plus acceptable compte-tenu de l'environnement humide, propice à ce genre de végétation. Fr. Moal soutient qu'il s'agit du nom de famille Le Scanff. (Paule ..., p 10, 30 et 31). Gardons nous pour l'instant d'étymologies trop faciles.

Cornouaille (armoricaine) / Kernev :

Pays-évêché du sud-ouest de la Bretagne armoricaine, couvrant les deux-tiers de l'ancienne civitas des Osismes. Limitée au nord, du Trégor et du Léon, par les Monts d'Arrée, limitée à l'ouest et au sud par la mer d'Iroise et l'atlantique, limitée au sud-est et à l'est du pays de Vannes par les Montagnes Noires.

La Cornouaille, qu'il ne faut pas confondre avec le Cornwall, dont le nom ne présente qu'une ressemblance étymologique, correspond à la portion sud du territoire des Osismes dévolu aux Gaulois de cette cité, après la partition opérée par Maxime en 385.

Pour l'évêché de Cornouaille, voir Carhaix. Celui-ci englobe, en plus de la Cornouaille proprement dite, le pays de Sizun jusqu'à l'Elorn et quelques transgressions au-delà des Monts d'Arrée sur l'aire géographique du Trégor.

C'est par erreur, largement et longuement diffusée, basée bien plus sur des querelles politiques que sur l'objectivité historique, que l'on a considéré que la Cornouaille armoricaine devait son nom à des pseudo-Cornovii venus du Cornwall. voir ce nom.

Cornwall / Cornouailles (britannique) / Kernew :

Comté de l'extrême sud-ouest de la Grande-Bretagne, limité au nord et à l'ouest par l'Océan Atlantique, au sud par la Manche et limitée à l'est du comté anglais de Devon par la rivière Tamar. Ce comté n'existe en tant que tel qu'après la défaite des Bretons Dumnonii face aux West-saxons de Cenwalh à Posentesburh (près d'Exeter) en 661, c'est-à-dire bien après l'implantation des Bretons en Armorique (384-385) et bien après la bataille de Carohaise (474). Le Devon désigne dès lors la partie du territoire dumnonien tombée aux mains des West-saxons, tandis que le Cornwall (Cerniu-o-Wealas) désigne le secteur dumnonien resté aux Bretons. Ce dernier a eu successivement pour capitales : Bodmin, Launceston, puis enfin Truro.

Crayford : (Crecganford 457 ASC; Crainford 1322 EP). Gué sur la rivière Cray.

Ville du sud de la Grande Bretagne, comté du Kent, sur la rivière Cray, près de Dartford, 22 km nord-ouest de Rochester, 20 km sud-est de la Cité de Londres.

Déols (36130): Tout près de Châteauroux (qui n'existait pas à cette époque), aux confins du Berry et du Poitou, où a eu lieu une bataille, en 469, entre une armée britto-romaine de Grande Bretagne, commandée par Riothame, à la demande et pour le compte de l'empereur Anthemius (et probablement du consul Sidoine Apollinaire) et l'armée wisigothe d'Euric. Riothame devait y être rejoint et renforcé par les troupes franques du comte Paul. Celles-ci ne sont pas arrivées à temps. L'armée bretonne a été écrasée par celle des Wisigoths et ses débris contraints de se réfugier chez les alliés Burgondes ou en Armorique.

La défection des troupes franques, dont la ou les causes n'ont pas encore été établies, est un argument valable à la défaite bretonne face aux troupes d'Euric. Mais cet argument n'est pas le seul dont il nous faut tenir compte, car il est clair désormais, à la lecture attentive des textes et des études critiques, que beaucoup de Gaulois eux-mêmes étaient favorables à Euric. Qui plus est, ceux de la partie d'Aquitaine qui avait été octroyée aux Wisigoths et ceux qui avaient été cédés par la suite, étaient les vassaux de droit et d'obligation d'Euric. Les propos de L.A. Garcia Moreno sont lapidaires : " Avec l'appui de certains éléments de l'aristocratie gauloise, opposée à la tendance centralisatrice représentée par Anthémius, Euric obtint des triomphes faciles, mis à part en Auvergne, bien défendue par l'antique noblesse sénatoriale commandée par Sidoine Apollinaire et Ecdicius".

On ne dispose guère de renseignements sur cette bataille.

Déols a plus tard été curieusement connectée à nouveau avec l'histoire des Bretons, car c'est en cette ville en effet que furent vénérées les reliques de Saint Alban, de Sainte Brigitte, de Saint Patrick, de Saint Gildas et de Saint Patern. (Ialon. N° 2, p 21)

Derventio : forteresse romaine de Littlechester (petite forteresse), tout près de Derby. Le nom signifie 'forteresse située près de la rivière des chênes', ou 'de la rivière dans le bois de chênes'. Il tendrait ainsi à permettre l'identification du Gué des Bois, situé au passage de la Dove, à Stretton (strata = voie romaine; ton = ville), à 25 km de Letocetum.

Déserte : voir Terre Déserte.

Enez : mot breton correspondant à Isle. voir ce mot.

Folle pensée : Ce nom provient des mots Vieux-français Fol = fou, qui a perdu la raison et pansit = celui ou celle qui panse, celui ou celle qui soigne, qui donne des soins.

Par définition, celui qui guérit les fous est celui qui guérit ceux qui sont dérangés de la tête.

La Bretagne dispose de plusieurs saints affectés à cette besogne thérapeutique:

- épilepsie : Gilles, Notre-Dame,

- maux de tête : Bieuzy, Briac, Gildas, Ujane, Yvertin,

- folie : Briac, Colomban, Gildas, Jacut, Méen,

- sans oublier Diboan, saint polyvalent destiné aux cas désespérés et qui est qualifié en breton Tu-pe-tu, ce qui équivaut, à peu de chose près à 'qui te soigne ou qui te tue !', car dans un cas comme dans l'autre, on peut le dire, on n'est plus malade. (Noms donnés par Michel Renouard et Nathalie Merrien).

Mais on avait apparemment oublié dans cette liste Saint Symphorien lui-même, puisque si l'on en croit un instituteur de Paule du milieu du XIXè siècle " Les personnes qui souffrent de maux de tête vont à Saint-Symphorien et prient le prêtre d'ébranler sur leur tête une cloche d'un caractère antique et très rare" (Archives départementales des Côtes d'Armor, 1 T 400).

Le propos est repris par Fr. Moal (Paule..., p 16) pour une période apparemment plus tardive puisqu'il s'agit de l'église de Paule et non de la chapelle Saint-Symphorien : " Jadis la cloche de Saint-Symphorien avait, disait-on, le pouvoir de chasser la migraine. Le jour du Pardon les personnes qui voulaient se guérir se présentaient à la balustrade du coeur de l'église. On sonnait alors la cloche de Saint-Symphorien et on l'imposait sur la tête de chaque pèlerin". Ce thème semble très proche de celui de St Mériadec près de Pontivy.

C'est peut-être ce qui s'appelle se faire sonner les cloches !

Gaël, en breton Gouezel (35290): Commune d'Ille-et-Vilaine, canton de Saint-Meen-le-Grand, sur la rivière Mée. A. Dauzat, comme à son habitude vis-à-vis des toponymes bretons, n'apporte pas d'explication satisfaisante concernant l'étymologie du toponyme Gaël qui selon lui dérive d'un nom de personne breton; ethnique; du latin Gallus (désignait les peuples celtiques insulaires). De la même façon, le nom breton semble être une bretonnisation savante et abusive.

Gannes : Ville forteresse du roi Bohor. Pas de localisation proposée en Grande Bretagne.

J'ai identifié cette ville avec Dinan (Din-Gan- > Dinan = Château Gannes), nom conservé à Dinan intra-muros. Petite étude en cours. Voir à ce sujet:

- E. Launay & H. Legénisel : Histoire de Dinan à travers les âges. p 15. Aubert Éditeur. St Brieuc.

- M.E. Monier : Dinan, ville d'art, p 18. Imprimerie Bretonne. Rennes.

- M.E. Monier : Dinan raconté dans ses rues. p 30-31. Imprimerie Peigné. Dinan. 1953.

Glastonbury : Ville du sud de l'Angleterre, comté de Somerset. Autrefois dans le territoire des Durotrigues. Elle est tombée en 658 aux mains des West-saxons après la bataille de Peonum / Penselwood (à la source de la rivière Cale, près des sources de la Brue et de la Stour) .

Cet endroit est connu par le fait de la pseudo-découverte, en 1190, en pleine période de mystification arthurienne en faveur des Plantagenêt, de la tombe du Roi Arthur et de sa deuxième épouse Guenièvre (?). G. Phillips évoque même une mise en scène par les moines de l'abbaye de Glastonbury afin de trouver de l'argent pour rebâtir leur abbaye détruite par un incendie en 1184 (The Search for the Grail, p 2-3). Comme par hasard, c'est là aussi que certaines versions de la Légende font arriver, dix siècles auparavant, Joseph d'Arimathie ou son petit fils Alain, transportant son fameux Saint-Graal.

L'étymologie de l'actuelle Glastonbury est très controversée. Il est fort probable qu'il s'agisse d'un dérivé de Glaestingabyrig (Saints, c 1000), issu de Glaestingas + burg = la forteresse de Glaest(ing), Glaest- étant un nom de personne d'origine saxonne.

La forme galloise Ineswytrin ne semble être qu'un grossier arrangement ou prétexte pour y voir la fameuse Ile de Verre des Romans arthuriens. Du reste et en comparaison le nom anglais Somerset lui-même, issu de Sumaersaeton (1015 ASC = fondation de Sumaer), a été abusivement re-traduit en gallois en Gwlad-yr-haf = pays de l'été !

Il est à noter que Glastonbury se trouve sur la rivière Brue. L'étymologie proposée est celle d'E. Ekwall: du gallois bryw = vigourous (vigoureuse), brisk (vive, active). Cette rivière donne son nom à la petite ville de Bruton (Briwetone DB, Briweton c 1150Fr.) = tun sur la rivière Brue, ainsi qu'au village de Brewham, près de sa source (Briweham DB, 1251 Ch.) = village sur la Brue, dans le Somerset. Cette rivière prend sa source sur le flanc d'une colline non loin de là.

Il est intéressant de noter la très forte proximité du nom de cette rivière, y compris à travers l'étymologie d'E. Ekwall, de la racine indo-européenne *bhr°w qui désigne un concept 'bouillonnant' en ce qui concerne les sources et le mouvement des eaux. Il y a peut-être lieu, pour cette raison, de s'attarder sur une éventuelle relation entre les thèmes de la source de la Brue et celui de la tradition arthurienne de Glastonbury. N'oublions pas en effet que certains auteurs font passer Joseph d'Arimathie à Brocéliande, où se trouve une fontaine bouillonnante, avant d'aller à Glastonbury. Selon des renseignements aimablement transmis par le Révérend J. Naden, de la paroisse de South Brewham, la source de la Brue est active et vivace et son eau est froide. Bien qu'elle soit d'un caractère paisible, cette rivière peut avoir des crues violentes et destructrices, qui ont conduit à construire des digues et barrages pour protéger les abords de la ville de Bruton. Il est cependant précisé qu'il n'y a pas eu de fouilles archéologiques au niveau de la source et qu'il n'y a pas de traces d'éventuel lieu de culte ancien. Il serait intéressant malgré tout de poursuivre cette recherche.

Quoi qu'il en soit, le site de la source de la Brue et son environnement semblent avoir présenté un intérêt géopolitique non négligeable, puisqu'ils se trouvent à la limite des comtés de Somerset, Dorset et Wiltshire, et que non loin de là s'est déroulée la bataille de Peonum / Penselwood entre Bretons et Saxons, en 658, au profit de ces derniers.

Glomel / Gronvel (22110): Glomael 1368; Glomel 1407; Grovel 1451; Glomael 1516; Glomel 1535. Commune du canton de Rostrenen. Démembrement du plou de Plévin. La racine mello > mael = colline, hauteur, pourrait très bien convenir, étant conforme au site. B. Tanguy et J.M Plonéis préfèrent y voir mael < maglo = prince, seigneur, grand. Mais les deux sens sont liés au niveau de l'indo-européen. Le préfixe Glo- semble assez facilement pouvoir se rattacher à une racine celtique Glov- signifiant Lumière, Lumineux, et qui a donné entre autres Gloucester, en latin Glevum, en britto-romain Cair-Gloiou, en gallois Caerloyw.

La commune possède des menhirs à Parc-Menhir, Coat-Couraval, Goazauter, Kerisloyet, un tumulus à Goazauter, un four à potier à Garnévan. C'est sur cette commune que se trouve la jonction des ruisseaux amont de l'aqueduc de Carhaix, à Mein-Guen / Trémalvézan.

On pourrait proposer le site de l'Isle, en Glomel, comme lieu du combat singulier entre Frolle et Arthur. Il a cependant en sa défaveur de ne pas se trouver dans un vallon encaissé. (Voir ci-dessous l'article consacré à l'Isle)

Glomel a donné le jour à Thérèse-Armande-Frédérique de Saisy, comtesse Adolphe Jégou du Laz, le 12 mars 1831. Mariée à Kersaint-Eloy en Glomel le 05 mai 1856; auteur de travaux historiques et archéologiques, notamment La Baronnie de Rostrenen (1892); décédée à Kerloguennic en Paule le 17 mars 1906 (Régis de St Jouan). Elle avait suggéré l'identification du Brécilien de Paule avec le Brocéliande de la Légende. Il lui a manqué l'idée de relation archéologique avec Carhaix. En tant que chercheur-historien et humaniste breton, je rends hommage à sa mémoire pour cette intuition.

l' Ile / Isle / an Enez : Plusieurs toponymes dans les environs de Carhaix, non loin des anciens chemins gallo-romains :

- l'Ile, la Grande Ile, le seul toponyme des environs s'écrivant de cette façon, entre les ponts actuels de Pont Daoulas (route de Motreff) et Ty-Nevez (route de la Butte de Cheval et gare de Motreff). L'ensemble du site était dépendant de Motreff, selon le cadastre de 1820. Il a été coupé par le canal de Nantes à Brest, puis démembré en 1959, l'Ile, au nord, se trouvant désormais rattachée à la commune de Carhaix-Plouguer et la Grande Ile, au sud, restant à celle de Motreff.

Le site naturel originel correspond à un méandre prononcé de l'ancien ruisseau délimitant les plou de Plouguer et de Plévin, et dont je n'ai pas réussi à trouver le nom local. Le lieu-dit l'Ile occupe le petit mamelon du milieu de ce méandre. La rive nord du méandre lui-même présente un dénivelé abrupt de 30 mètres sur 40 mètres à l'endroit le plus étroit, fermant le relief à l'ouest, au nord et à l'est. Du coté de la Grande Ile, le relief est également assez accidenté et boisé : dénivelé de 30 mètres sur 150 mètres (voir carte IGN I/25000, n° 0717 Ouest). Le schéma parallèle des talus et des chemins dans ce secteur sud de Carhaix, laissant supposer une division agraire à la romaine (Tronjoly/Penanvoaz d'une part et Kerléon/l'Ile/Kerborgne d'autre part), appuyé par le toponyme Kerborgne (village de la borne leugaire), du côté de Motreff, peut venir appuyer cette recherche.

- l' Isle, en Callac, peu probable, étant situé près de 25km au nord de Carhaix, en direction du Trégor, territoire sous contrôle breton et trop loin du lieu de la bataille;

- l' Isle, en Glomel, tout près de la route gallo-romaine de Carhaix à Vannes, à 7 km environ au sud-est de Kastell-Bras, après les lieux-dits le Merdy et Kergariou, mais avant le château de Trégarantec. Ce site ne se trouve ni dans ni près d'un vallon encaissé, mais tout près de la source de l'Ellé (à Quinquis en Lez). L'Isle se trouve à la côte 210, sur le flanc en pente douce d'une hauteur à la côte 243.

- l' Isle, en Kergrist-Moëlou, trop loin du lieu de la bataille;

- les Isles, en Kergrist-Moëlou, trop loin du lieu de la bataille;

- l' Isle du Bourg, en Loguivy-Plougras. Très improbable, car en Trégor, territoire sous contrôle breton et trop loin du lieu de la bataille;

- l' Isle, et Moulin de l'Isle, en Moustéru, idem Loguivy-Plougras.

- les Isles, en Plounévez-Quintin, trop loin du lieu de la bataille;

- l' Isle, en Tréglamus, idem le cas de Moustéru.

- l' Isle, en Clohars-Carnoet, trop loin du lieu de la bataille;

- l' Isle, en Scrignac. Peu probable, car en direction du Léon, territoire sous contrôle breton.

- l' Isle, en Spézet. Peu probable, car en direction de la Basse-Cornouaille, domaine des Osismes.

- an Nenez ou l'Isle, en Plouaret. Très improbable, car situé en Trégor, sous contrôle breton et beaucoup trop loin du lieu de la bataille;

Karitia : nom d'une ville de Gaule, donné par Geoffroy de Monmouth.

L. Thorpe, II.13, p 85; note page 339: ville de Gaule, dans laquelle Cordelia et son époux Aganippus reçurent le supplicant (demandeur d'asile politique !) Leir avec tous les honneurs. Les localisations proposées sont: selon Jésus' Collège: Paris; selon Thompson: peut-être l'auteur sous-entend-il Calais en France; peut-être un nom inventé à partir du latin médiéval caritia ?

L. Mathey-Maille, § 31. note page 346: lieu inconnu, peut-être une invention de Geoffroy.

JCE: voir autre recoupement entre Paris et Car-is pour Car/o/haise..

Kerantré : nom de lieu en la commune du Moustoir.

a) Ce nom peut contenir le mot breton treuz = passage, issu du latin trajectus, en l'occurrence ici le passage d'un ruisseau par les routes gallo-romaines. Cette opinion semble être celle de J.F  Eveillard.

En toute logique, elle devrait être complétée par un nom voisin en roud < ritus = gué, passage à pied sur le fond d'un cours d'eau, ou en pont = ouvrage permettant de passer par-dessus un cours d'eau. On peut le deviner sous le nom de " ... Rudulgoat, près de la chapelle Sainte-Barbe et d'un enceinte fortifiée..." (B. Tanguy. Communes ...Côtes d'Armor, p 156)

Noter à ce propos le nom Sainte-Barbe, évolution aberrante de Borvo, surnom du dieu Apollon, qui nous rattache à l'analyse du nom de Barenton et au thème d'un autel votif (insula).

b) On pourrait aussi y voir une forme locale évoluée du mot breton trec'h > celt. Treg = victoire. Cette vision des choses permettrait d'identifier le lieu de la victoire finale des alliés de Leodagan et d'Arthur sur les assaillants de Carohaise et peut-être le lieu du combat singulier entre Arthur et Frolle. L'indice pourrait être appuyé par la possibilité d'une substitution du latin classique insula = temple, par le latin monasterium = monastère, breton mouster, ou son diminutif monasteriolum. Cependant, le lieu ne correspond pas à un vallon encaissé comme il l'est indiqué dans le texte de la Bataille de Carohaise.

Kergrist-Moëlou, en breton Kergrist Moelou (22110) : Ecclesia de Moelou 1219; parochia de Moelou 1350; Moelou 1368; Moellou 1591; Kergrist-Moelou 1670. Commune du canton de Rostrenen.

Pour B. Tanguy, dont le sentiment semble se rapprocher de celui qu'il a évoqué à propos de Maël-Pestivien " ... il paraît difficile .. d'y voir la forme plurielle ... correspondant au gallois moel ... hauteurs arrondies mais dénudées ... ". Il y voit plutôt une forme en moal = chauve.

On pourrait quand même lui demander ce qu'est un homme chauve, sinon celui qui a le sommet dégarni ? Après tout, nous savons qu'ailleurs, dans une autre civilisation, on s'est aussi inspiré de la forme du crâne pour donner son nom à une petite colline bien connue : le Golgotha, le Calvaire. Rappelons aussi la forme albanaise moel = hauteur, sommet.

Laïta : nom de l'embouchure de l'Ellé, après sa confluence avec l'Isole.

M. Grandin semble donner la forme latine Eligius comme origine commune des noms de l'Ellé et de la Laïta (p. 170).

Leicester : voir Logres.

Leinhon : nom de lieu de la commune du Moustoir.

Laissons de côté les recherches à partir du latin Legio. Cela ne mène à rien.

Le radical est basé en fait sur Lein, qui est une forme lénifiée de Blein / Blaen = sommet, qui est un toponyme descriptif conforme à la configuration locale : hauteur au-dessus d'une courbe encaissée.

Le suffixe -hon peut désigner :

- le frêne = breton collectif onn (singulatif onnenn) : la hauteur des frênes ?

- la vallée = saon, après évolution intermédiaire en *zaon > *hon > *on : hauteur au-dessus de la vallée ? (roz ar zaôn en Lanvellec).

Léon : Pays-évêché de l'extrême nord-ouest de Basse-Bretagne. Pour le pays et l'étymologie de son nom, voir Létavia. En ce qui concerne l'évêché, la tradition attribue à Pol-Aurélien d'en avoir été le créateur, à Saint Pol (de Léon), après visite auprès du roi Childebert et avec accord, celui-ci agissant en sa qualité de légat de l'Empire et non en sa qualité de roi des Francs, ni encore moins de roi de France, pays qui n'existait pas encore à cette époque. L'évêché ainsi créé correspond à un cantref, territoire contenant cent tribus. Par comparaison de superficie, on pourrait également proposer que le Trégor constitue lui-aussi un cantref.

Letavia : Nom de pays gaulois. Pluriel neutre, issu de la racine *Pl°t = pays plat. A l'origine, il désigne localement le Plateau léonard, berceau de la Bretagne d'Armorique. Par extension, au fur et à mesure de l'avancée territoriale des Bretons vers le sud et l'est, il a continué à désigner, en gallois Llydaw, le pays tenu par les Bretons, même quand celui-ci a englobé les pays de collines.

Letocetum : Forteresse romaine de Wall, près de Lichfield, en Grande Bretagne, comté de Staffordshire. Celle-ci était bâtie au dessus du confluent de la Trent et de la Penk, au carrefour des voies romaines Londres-Chester / Gloucester-York.

Selon Ekwall : (Letoceto (abl.) 4 IA, Lyccidfelth, Liccidfeld c 730 Bede, Licced-, Liccetfeld c 890 OEBede, Lichesfeld 1130 P.). Le breton Letoceton signifie 'grey wood' (gallois llwyd 'grey' et coed 'bois'). Cela est devenu en Vieil-anglais Licced, auquel a été ajouté le Vieil-anglais Feld. Le nom signifie 'pays ouvert dans la forêt de Licced'.

Lichfield : voir Letocetum.

Logres / Lloegr : Ville importante des Bretons à l'époque arthurienne. Elle correspond à l'ancienne Ratae Coritanorum (oppidum des Coritani), connue ensuite sous le nom de Legorensis civitas. Elle est devenue chez Nennius Caer-Leir et sert en langue galloise à désigner sous le nom Loegr l'Angleterre dans son ensemble. En anglais elle est devenue Leicester.

Selon E. Ekwall : (Legorensis civitas 803 BCS 312, Ligera ceaster 917, Ligora ceaster 942 ASC, Ledecestre DB, Legrecestra 1130 P, Leirchestre 1205 Lay.). William de Malmesbury, Gesta Pontificum, dit que Leicester était appelée 'a Legra fluvio'. Leicester est sur la Soar, mais Legra a pu être un nom de remplacement ou plutôt le nom de l'affluent sur lequel se trouve Leire. L'ancien nom de cette rivière peut alors avoir été le même que celui de Loire en France (gaulois Ligeris). Mais Leicester ne peut pas être ' le fort romain sur la rivière Legra'. Les formes premières suggèrent comme premier élément un nom tribal dans le génitif pluriel, le Vieil-anglais Ligore ou le même, qui pourrait signifier les tenants sur la rivière Legra. La forme Vieil-anglais du nom de rivière a pu être Ligor ou Legor. Leicestershire est Lægreceastrescir en 1087, Leþecaestrescir en 1124 ASC (E), Ledecestrescire DB.

Selon K. Jackson, The Gododdin p 7, n 1: " la tentative ... de faire dériver le premier élément du nom de Leicester, et de l'identifier dès le départ avec le royaume anglo-saxon de Middle-Anglia, n'est pas soutenable du point de vue philologique".

JCE : Il me semble que l'évolution des affaires politico-militaires en Ile de Bretagne permettent de répondre en partie à la question. Londres est devenue capitale de Bretagne romaine à partir du moment où le gouverneur s'y est installé, probablement dans les années 70-80 (Petilius Cerialis, Julius Frontinus, etc). Elle l'est restée jusqu'en 525-530, c'est-à-dire jusqu'au moment de sa prise par les germaniques. Les Bretons se sont alors repliés sur ce qu'il est convenu d'appeler en langage moderne et édulcoré (car il s'agit en vérité d'une hypocrisie et d'un aveu d'échec), une deuxième ligne de défense, dont Leicester est devenue la place essentielle.

Logres (royaume de) : Nom propre désignant le territoire sous autorité bretonne de l'Ile de Bretagne, à l'époque du Roi Arthur. Depuis la perte de ce territoire, Loegr sert en langue galloise à désigner l'Angleterre.

Luit Coyt : voir Lichfield.

Maël-Carhaix / Mel Karhez (22340): Medle 1264; Mezle 1317, 1368, 1405-1407; Mesle 1591; Mesle Keraes 1670; Mezle-Carhaix 1777; Maële 1783; Maël-Carhaix 1790.

La commune de Maël-Carhaix se trouve à la croisée d'une route romaine importante de Carhaix à Corseul et d'une route gauloise plus ancienne, de Brécillien à Callac, tronçon local de Lannion à Quimperlé. Il y a été découvert une borne milliaire datant de Septime Sévère, empereur romain du 09 avril 193 au 04 février 211. A l'époque de l'organisation territoriale bretonne, Mezle faisait partie du plou primitif de Plouguer. Voir ce nom.

Il est intéressant de voir que ce nom est également rattaché à celui de Brécilien, précisément par Alain Jégou, sire de Brécilien, qui en 1658 prit possession de la seigneurie et de la châtellenie de Mezle.

Les armoiries de Maël-Carhaix sont parties en 1 de Rostrenen (de Bretagne à trois bandes de gueule) et en 2 d'or au lion rampant de gueule armé et lampassé d'azur. Ce blason semble être identique à l'un des blasons d'une porte sud de l'église de Plévin.

Étude étymologique :

a. - JCE: soit le gaulois metlo-, variante (?) de Mello- = colline, qui figure dans le nom de la Carmélide, pays des collines, désignant très bien le pays de Carhaix. On trouve en langue galloise moel = hill et en irlandais mol, mullen (B. Tanguy, Noms de lieux bretons, p 76). A noter également, pour observation, la présence de la forme mal, maj, en oronymie albanaise.

b. - Fr. Thomas, curé de Maël-Carhaix (dans le Poher N° 7 du 18 avril 1996), propose le latin metula, borne leugaire, en faisant un rapprochement avec le 'menhir' situé actuellement près de l'église de Maël-Carhaix, qui n'est autre que la borne décrite ci-après indiquant une distance par rapport à Vorgium. Une recherche plus poussée dans le dictionnaire latin fait apparaître que le mot metula, qui désigne chez Pline une petite pyramide, est donné pour diminutif de meta. Il est vrai que meta désigne chez Horace et Suétone une borne autour de laquelle on tournait dans la carrière (courses de chars). Cette interprétation peut aller dans le sens de celle de Mr Thomas, si tant est que l'on peut considérer la borne de Maël comme une pyramide, ce qui n'est pas évident à première vue. Il serait alors utile de comparer ce noms avec d'autres toponymes du type Maillas, Les Mées, cités par Dauzat et Rostaing, ainsi que les toponymes en Malden ou Melton cités par E. Ekwall, car voici ce que propose ce dernier pour le toponyme Malden (comté d'Essex) : "Hill with a mæl or monument or cross". De la même façon, on peut noter le toponyme Metule / Metling, issu de Metulum, sur la rivière Save en Croatie. On peut rapprocher cette recherche étymologique de l'indication de DDM à propos de mulon, mot français du XIIIè s, issu de l'ancien français muillon, du latin populaire *mutulio, dérivé de mutulus, pierre en saillie, d'où tas de pierres.

c. - Cet avis ne semble pas partagé par J.F Eveillard (Voie romaine de Condate à Vorgium) qui, bien qu'affirmant l'étalonnage leugaire utilisé localement (p 87 et 120) semble privilégier les toponymes en millière (plusieurs toponymes en la Millière, les Millières), en borne (toponymes en la Borne, la Borgne, Keramborgne, etc), ou croix (toponymes en la Croix, Ar Groas, Kergroas, etc). La borne en question (CIL XIII 90 13) provient du village du Graff (= Ar C'hra = la côte), sur le bord de la voie de Carhaix à Corseul. Elle ne désigne donc pas a priori le bourg de Maël-Carhaix lui-même, bien qu'on puisse bien entendu rétorquer qu'il peut s'agir d'une extension du toponyme très localisé à l'ensemble du territoire qui a constitué ensuite l'entité civile, administrative, ou religieuse. Cette borne est datée de Septime Sévère, empereur de 193 à 211.

d. - J'ajoute à cette objection le fait que chez d'autres auteurs latins le mot meta signifie aussi meule, voir meule de foin, ou fromage de forme conique. Nous trouvons alors en réponse le gaulois molo, meule de blé (J.M Ricolfis, Celtes et Gaulois, p 68), le gallo mulon, tas de foin dans la prairie (J.Y Le Moing, Noms de Lieux ..., p 433); Par cette voie et par comparaison avec des mots celtiques, nous retombons sur des équivalents en cruc- = colline de forme arrondie (gaël cruach, en toponymie croagh, croaghan, crogh, cruagh ..; irl. cnoc, cnocan ...), toutes racines voisines de cnoc, cruc, duma, ... = colline de forme arrondie, c'est-à-dire proche du gaulois mello- (comme vu en hypothèse a).

Dans la même série, nous trouverions alors le nom de Melle-sur-Béronne (Medolus, c 760; Metullo IXè s; Mellum 961) et pourquoi pas celui de Melz-sur-Seine (Maiel 1190; Meel 1277; Mellum XIVè .

e. - J.M  Plonéis (Toponymie celtique, p 73) avance la racine mael < maglo- = prince, seigneur, grand. Mais cette proposition ne tient pas au regard de la forme Medle.

f. - Je signale aussi, à toutes fins utiles, mais sans prétention aucune, une racine latine mespilum - mespila, en grec mespile, mespilon = nèfle, néflier, sachant qu'elle est peut-être à l'origine d'un toponyme gallo-romain et que l'on retrouve en gallo mesle, (J.Y Le Moing, p 432), en breton mesper, mesperenn et en Vieux-français medler, *medle, *mesdle, mesle (Onions, Oxford Dictionary..., p 566).

Maël-Pestivien, en breton Mel Pistin (22160) : Commune du canton de Callac. Mael 1160; Mel 1433; Mael 1444;

S'inspirant d'un nom de village de cette commune, Kerismaël < Kernillismael 1536, B. Tanguy propose de rattacher ce nom à celui d'un saint breton Maël. C'est une solution. Mais nul ne peut contester que le bourg de Maël-Pestivien se trouve sur le sommet d'une colline, donc sur le sommet d'un mello. Nous sommes peut-être en présence d'une attraction paronymique.

Manduessedum : Forteresse romaine de Grande-Bretagne, située sur la route de Londres à Chester, au passage de la rivière Anker, à équidistance de Venonae et de Letocetum. Elle est identifiée à Mancetter, Witherley, en Leicestershire. Son étymologie est rapprochée avec prudence de mandu- : petit cheval, poney et essedo- : chariot de guerre. Le nom semble bizarre pour une forteresse. Il est possible qu'il représente un site secondaire, comme telle est d'ailleurs sa position, entre Letocetum et Manduessedum.

Mantes : voir Raoul de Mantes.

Mauritannia : Contrée d'Afrique du nord-ouest, réduite en province romaine par Suetonius Paulinus (également conquérant de l'Ile de Bretagne l'année suivante), pour le compte de l'empereur Claude, en 42 après J-C. Divisée en Mauritannia Caesarensis (Césarée, Cherchell), Mauritannia Tingitana (Tanger)

Meinguen : Nom de lieu en Glomel, tout près de Trémalvézen, c'est-à-dire du départ de l'aqueduc de Carhaix. Son nom doit s'orthographier correctement en breton Mein Gwenn, issu de Mein = pierre, et vinda > Gwenn = blanche, sacrée, ou ven- = femme, déesse. Si un mégalithe a existé à cet endroit, comme le suggère le nom, il peut s'agir d'un menhir (symbole phallique, donc masculin ou androgyne), où d'une pierre mégalithique à cupules (symbole des mamelles, donc féminin).

Motreff, en breton Moter (29270) : Commune du Finistère, canton de Carhaix, à l'ouest de Plévin. Motref, vers 1330, 1368; Mautref, 1371; Motreff, 1536;

Démembrement probable du plou primitif de Plévin. Voir aussi Isle et la Grande Ile, lieu possible du combat singulier entre Arthur et Frolle.

Mountsorrel : Petite ville de Grande-Bretagne, en Angleterre, dans le comté de Leicester, à 12km env. nord de Leicester en direction de Loughborough et Nottingham..

Selon E. Ekwall: (Munt Sorel 1152 BM, Muntsorell 1190 P). L'endroit possède un puissant château normand, dont le nom peut être une transplantation de Montsoreau près de Saumur ou Mont-Sorel près de Rennes. Mountsorrel est sur la Soar, et il a été suggéré que -sorrel signifie 'Soar hill' (hauteur sur la Soar).

Le Montsoreau français du département de Maine-et-Loire provient, selon Dauzat, d'un Monte Sorello, 1089: du français Sorel. Ce lieu fut jadis chef-lieu de baronnie, puis de comté.

JCE : Malgré lui et malgré l'étymologie à laquelle il se réfère, J.E  Broughton donne la définition même de l'étymologie : "... a hill overlooking a river ...", qui devient, en précisant le nom de la rivière "... a hill overlooking the river Soar !", donc une hauteur au-dessus de la Soar, à partir de quoi on peut effectivement reconstituer Sora-Alt, c'est-à-dire Sorhault.

Moustoir (Le) / Ar Vouster (22340). Le Moustouer XVè, 1591; Le Moustoir 1599. Commune du canton de Maël-Carhaix. Démembrement de Trébrivan en 1790. C'est en cet endroit que se rejoignent les routes romaines de Carhaix à Quintin, de Carhaix à Rennes et de Carhaix à Vannes (par Leinhon et Keramprovost).

Le toponyme Moustoir / Mouster est issu du latin monasterium. Compte-tenu de sa position au point de jonction de routes, il peut désigner à l'origine un petit temple païen de carrefour (dédié à la déesse Carmenta ?) qui aurait ensuite été christianisé.

Voir aussi Kerantré.

Novempopulanie : Ensemble géographique du sud-ouest de la Gaule aquitaine, entre la Garonne et les Pyrénées, capitale Elimberris / Auch. Incluant : Auch (Ausci), Dax (Tarbelli), Buch (Boii), Saint-Lizier (Consorrani), Saint-Bertand de Comminges (Convenae), Eauze (Elusates), Béarn (Osquidates), Tarbes (Bigerrones), Bazas (Vasates),

Paimpont : (35380). Commune d'Ile et Vilaine. Canton de Plélan le Grand.

Formes anciennes :

- Ogée : abbaye de Paimpont : abbatia beatae Mariae de Panepontis.

"Paimpont est une altération du nom primitif, qui est d'origine bretonne, et qui s'écrivit d'abord Penpont, qu'on a cru traduire en français par les mots tête de pont. On a dit, pour justifier cette étymologie, que l'abbaye était située à la naissance de la rivière Aff, et probablement près d'un pont établi à cet endroit. C'est là, selon nous, une étymologie peu probable. Il nous semble naturel d'admettre que le second mot Pont n'est que le résultat d'un autre mot dénaturé ou par l'usage ou par l'orthographe..."

- J.Y Le Moing: Caput Pontis, Penpont 850; Penpont 1192; de Panis Pontis 1330;

- G. Geffroy : "Le nom de Paimpont - Pen Ponthi - qui fut donné plus tard à la forêt de Brocéliande, vient de Ponthus, qui épousa Sidoine, fille d'un roi de la Petite Bretagne, dont la capitale était Vannes. Après avoir rempli à la cour de son beau-père les fonctions de connétable, Ponthus se retira dans la forêt de Brocéliande, où il habita la château de Barenton, devenu château de Pontus."

Paris : (75000) Nom donné au IIIè siècle en remplacement de Lutecia à la capitale des Parisii, dans une île de la Seine.

Lieu de séjour des empereurs Julien et Valentinien Ier, elle devient une plaque tournante importante du nord de la Gaule. Tombée aux mains de Maxime en juillet 383. Dans les textes épiques du Moyen-âge, le nom de Paris a très souvent été confondu avec celui de Car-is / Carohaise / Carhaix.

Pâtures : Domaine du dux Frolle ou du géant Rion; voir ces noms.

Paule, en breton Paoul (22340): Commune des Côtes d'Armor, canton de Maël-Carhaix.

Poul c 1330, Poull 1368, Paoul 1407, Paoul, Paul 1475, Paoul 1535-1536, 1591, Paole 1562, Paul 1500, Paulle, Paoul 1670, Paol 1677. Ce nom est à rattacher au breton poull = mare, marais, étang, issu du latin palus = marécage, ce qui est conforme au site (le bourg de Paule est bâti sur une vallon marécageux). Elle est issue du démembrement du plou primitif de Plévin (voir ce nom). La recherche à partir d'un hypothétique Sant Paoul est à rejeter.

Le territoire de Paule est très riche en vestiges de toutes époques :

- Age de Bronze : Tumuli de Kergroas, de Castel-Laouenan;

- Age de Fer : Camp dit de 'Saint-Symphorien', en réalité Kastell-Bras, Kastellodic / Kastellandic / Castel-Odic (voir ces noms), où ont été découvertes les statuettes, dont celle du Chanteur à la lyre ou cithare.

- Époque gauloise : enceinte circulaire de Bressilien / Brécilien;

- Époque gallo-romaine : voie principale de Carhaix à Vannes; voie secondaire de Brécilien à Callac, par Maël; aqueduc de Carhaix (abandonné vers 330);

- Haut moyen-Age : motte de Castel-Laouenan; chapelle de Saint-Symphorien (détruite à la fin du XVIIIè siècle), de laquelle est issue la clochette de Paule.

Dans son dictionnaire des communes des Côtes du Nord, Adolphe Joanne dit à propos de Paule: enceinte circulaire de Bressilien et quadrilatère de Castellodic. Motte de Kerjean; Fortification féodale de Castel-Laouënan.

Frotier de la Messelière, dans De l'âge probable des châteaux de terre, cite Castel-Odic, en Paule : enceinte carrée de 75m de côté, non située (G.M); voie de Carhaix à Vannes.

Pennocrucium : Forteresse romaine de Grande-Bretagne, sur la route de Londres à Chester, non loin de la source de la rivière Penk (qui en tire son nom).

L'étymologie sur penn-cruc-, pour signifier le sommet de la butte, ou le sommet du tumulus, laisse les chercheurs perplexes et dubitatifs, contrairement à Ekwall, car il n'y a aucune trace de tumulus ni sur le site, ni à proximité, et l'endroit lui-mêle correspond très exactement à un pays bas, au démarrage des montées des petites collines voisines, mais non sur celles-ci. Il est caractérisé également par son environnement humide, comme en témoignent les toponymes liés à water, brook, à plusieurs retenues d'eau, etc. Plusieurs sites voisins de Pennocrucium comportent le suffixe anglais -ford qui désigne des gués : Crateford, Somerford, Standeford (le gué empierré), Ford Houses, Pendeford (Pende- : le nom de la rivière ? voir le nom de la rivière bretonne Penzé ! où un nom de personne Penda ? (E. Ekwall), Bickford (Bica's ford : nom de personne), Stafford (Stæþ-ford, gué près d'un stæþ- = aire clôturée), Milford (gué du moulin), etc.

Dans la mesure ou le camp est situé non loin de la source de la rivière, on peut avancer la racine Penn : tête, à l'instar des sources des rivières de Petite-Bretagne (Pen-Jaudy, Pen- Léguer, etc). Quant à -cruc-, on pourrait, compte tenu de la position près de l'extrémité d'une vallée, faire une recherche à partir de crique (angl. creek = petite baie, courbe de rivière, fente, crevasse, recoin), bien que les formes proposées présentent un son en i et non en ü ou en ou. (voir Onions, Oxford Dictionary ..., p 227), ou rechercher un thème *Kr°k > *Gr°g, représentant une forme archaïque de la racine étudiée à propos du breton glas = bleu et du Vieil-anglais græg = gris. On pourra alors rapprocher ce nom de la traduction erronée donnée pour la station voisine de Letocetum (Bois Gris, Forêt bleue), qui est la continuation de la forêt sur le plateau dominant la vallée de Pennocrucium et pour lequel, dans ce cas, les noms se confirment réciproquement.

A l'emplacement de l'ancien camp romain de Pennocrucium se trouve aujourd'hui le village de Stretton ( Stræt-tùn = village près de la route romaine), près du gué.

Plévin, en breton Plevin (22340): Pleguin c 1330; Plezvin 1371; Ploeizvin 1394; Ploeguin 1535; Ploevin 1536.. Commune des Côtes d'Armor, canton de Maël-Carhaix.

Le nom semble se traduire en Plebis-Ethbin, identique à celui de Pleyben. Saint Ethbin est également attesté dans le commune voisine Plounévézel.

L'hypothèse avancée par B. Tanguy, basée sur un éponyme Ewin, aurait pour effet de permettre curieusement un rapprochement avec le nom du chevalier Owain < Eu-genius, celui qui est allé à la source de Barenton et qui est donc rattaché au thème de Brécilien / Brocéliande et par voie de conséquences à celui de Castel-Laouénan, les deux sites de Paule rattachés au thème de Merlin, sachant que Paule est un démembrement du plou de Plévin.

Le plou d'origine englobait Plévin, Motreff, Tréogan, Paule et Glomel.

- Age du Bronze : Tumulus de Kerleic;

- Époque gauloise : Fortifications de Kervern;

Plouguernével, en breton Pludjerneu / Plougernevel (22110): Ploekerneguell 1246; Ploe Kernevel 1267; parochia de Ploekernevel 1279; Ploeguernevel 1285; Ploekerneguel c 1330; Ploekaergnevell 1368; Plouguernevel 1370; Ploguernevel 1387; Ploekernevel 1395; Pluguernevel 1536; Plouguernevez 1679. Commune du canton de Rostrenen.

On pourrait reconnaître dans le nom de Plouguernével le Plou du cairn sur la colline, ou le Plou de la Haute Cornouaille (Plebis Kerne-Uhel ?). B. Tanguy avance sans grande conviction une hypothèse en ker-Numel, ce dernier pouvant représenter un nom d'homme. Voir alors la forme en Numi donnée à Viviane. Question en suspens. Ce plou englobait également, selon Couffon : Plouguernével, Plounévez-Quintin, Rostrenen, Bonen, Kergrist Moëlou, Trémargat.

Selon Régis de St Jouan, on y trouve de nombreux menhirs, notamment à Kerallain, Saintenant et Kerauffret (époque néolithique); un tumulus à Kerauffret (Age du Bronze); des stèles de St Jean et de Kerleau (époque gauloise), cette dernière étant surmontée d'une croix; des restes de fortifications à Coathual, Kerleau, Kerauffret (Haut Moyen-age).

Plounévézel, en breton Ponvel (29270): Commune du Finistère, canton de Carhaix, au nord de celle-ci. Ploeneguezell, XIVè siècle; Ploenevezell, 1514; Prounezvel, 1646;

Poitiers : En gaulois Limonum, capitale des Pictavi ou Pictones, peuple gaulois qui a donné son nom au Poitou.

Ville de l'Aquitaine 2ème (à partir de Valentinien Ier), évêché dès le IVè siècle.

La Civitas Pictavorum faisait partie du territoire donné en souveraineté aux Wisigoths, selon le foedus de 418. Elle faisait donc que ce territoire wisigoth avait pour limites officielles la rive sud de la Loire, de son embouchure jusqu'à Candes / Montsoreau, puisqu'à cette époque la Vendée et le Pays de Retz en faisaient partie intégrante. Elle fut reprise par Clovis après la bataille de Vouillé, en 507.

C'est également près de Poitiers qu'a eu lieu en 732 la bataille entre les Francs de Charles Martel et les Arabes d' Abd Al-Rahman.

Poitou : voir Poitiers.

Ravenne / Ravenna : Ville d'Italie du nord, sur la rivière Montone, à 8 km de son embouchure sur l'Adriatique. Choisie comme résidence impériale d'Occident par Honorius en 402-403. Le nom de Ravenne a été interprété de façon aberrante dans les Romans par celui de Romania = ville de résidence des empereurs de Rome.

- Empereurs de Ravenne :

Honorius; Valentinien III; Pétrone Maxime; Avite; Majorien; Libius Sévère; Antème; Olibrius; Glycère; Jules Nepos; Romulus Augustule; puis les rois barbares : Odoacre; Théodoric...

Repaire de liesse : Jeux de mots codé servant à désigner un nom de lieu, non loin de Brécilien / Brocéliande, la demeure de Viviane. Il s'agit de Castel Laouénan, aux confins de Paule et de Plévin. voir ce nom.

Saint Alban's (Verulamnium) : Ancienne capitale des Catuvellauni, sur la rivière Ver, à 19 km ouest d'Hertford, sur la route de Londres à Birmingham. Cette ville a joué pendant un demi siècle environ, avant la conquête romaine le rôle de capitale de Bretagne, en qualité de capitale des princes dominants, avant d'être reléguée au niveau de chef-lieu de civitas. Elle nous est connue, en forme britonnique du Bas-Empire, sous la forme Cair-Mencip (Nennius, 66a3). C'est dans cette ville qu'aurait été empoisonné Uther Pendragon, frère d'Ambroise Aurèle et père d'Arthur. Cet argument permet de démontrer qu'à l'époque d'Uther, 470-472, vu la proximité des sites, Londres était encore capitale de Bretagne.

Saint-Anaon : Toponyme apparemment unique en Bretagne sous cette forme, il désigne un nom de lieu-dit dans le secteur nord-ouest de Paule, sur un ruisseau sous-émissaire du canal de Nantes à Brest, dont je n'ai pas réussi à trouver le nom usuel local, situé à 900 mètres à l'ouest du tracé de la voie romaine de Carhaix à Vannes qui passe au lieu-dit Keramprovost. Le ruisseau lui-même prend sa source près de Kerbrunet < ker-brw°n-t, qui reprend exactement l'explication étymologique de bron = sein = source (voir cette racine). Le lieu-dit Saint-Anaon correspond à un vallon humide, vers lequel convergent les pentes du relief avoisinant et qui est inondable par fortes eaux. Le vallon, en aval de Saint-Anaon, est également constitué de prairies humides. On y trouve deux moulins: celui de Coatmeur (Grand-Bois) et celui dit de Pennoën (Tête / Bout / Sommet / Haut + (g)wenn = blanc ? / o(c'h)en = boeufs ? / o(g)enn = bourbier ?), toponyme sur une route de crête. Le fond de la vallée, sans être réellement fangeux, est tout de même assez mou et par temps humide, on peut s'y enfoncer de la hauteur d'une jambe (renseignement pris au moulin de Pennoën). Selon les dires recueillis sur place, il semblerait qu'une chapelle ait pu exister à Saint-Anaon. Je n'en ai aucune preuve, même si le toponyme semble pouvoir soutenir ce dire.

a) le personnage : aucun personnage de ce nom, ni civil ni religieux, n'a pu être recensé.

b) l'étymologie :

B. Tanguy donne une forme datée de 1475 : "... Sant Donoezon ... devenu Anaon, fut assimilé à un saint des 'trépassés', en breton anaon, et remplacé dans la chapelle du lieu par Saint Diboan...". On peut dès lors comprendre que l'étymologie à partir de Anaon est forcément erronée. Chose curieuse, le passage de Donoezon à Anaon s'est produit sans difficulté dans la tradition locale, aidée en cela par un recoupement abusif entre la configuration des lieux et une attraction du mot breton don qui signifie profond et dont le d initial a été absorbé par le t final de sant, le tout suivi d'un passage coutumier du z en h, aspiré puis muet :

Sant Donoezon > *Sant ' Onoezon > *Sant ' Onoehon > Sant ' Onoe'on > Sant Anaon.

Il est difficile ainsi de disserter directement et isolément sur le nom Anaon, qui ne peut être qu'une interprétation abusive postérieure à 1475, donc postérieure à l'élaboration des Romans. Quoi qu'il en soit, la forme écrite de 1475, forcément travail de lettré, ne veut pas dire que dans l'acceptation populaire le sens n'avait pas déjà commencé à évoluer bien avant, sans que les scribes de l'époque se soient sentis obligés de répercuter cette mutation dans la forme écrite. C'est pourquoi, bien que la prudence soit aussi de rigueur, il nous est tout de même possible d'aborder l'étude du nom Anaon, dans son acceptation populaire.

Il est dit, traditionnellement, que le nom anaon provient d'un celtique *ana-mon-es = âmes (V.Henry, Lexique ... du breton moderne, p 11), anamo, anamonos (M. Mordiern, Ar Gelted Koz ..., p 98), correspondant ainsi au latin animus et anima, que l'on retrouve en gaulois *anamon (âme), en gaélique anam (âme, vie), en gallois annwn (monde souterrain, abîme, enfer), en breton anaon, en cornique annown, signifiant le pays de l'oubli, de pays des âmes, le pays des morts... La forme moderne peut être représentée par le cornique moderne gwlas enevow = pays des âmes (lat. animus).

Compte-tenu de l'analyse concernant Anaon, laquelle ne permet pas le rattachement à un nom de saint connu sous cette forme, mais à un symbole mystique, il est permis de se demander si le mot saint lui même n'a pas subi une attraction du mot breton saon = vallon humide. Le contexte géographique peut s'y prêter, d'autant que ce type de confusion ne semble pas être le premier ni le seul cas. J.Y Le Moing (Saints bretons dans les noms de lieux ..., p 86) donne une liste possible de toponymes en Saint- qui ont subi l'attraction de saon. Mais il fait justement remarquer que beaucoup de lieux en Saint-, même authentifiés, se trouvent aussi dans des vallons. Il y a donc lieu de faire la part entre les noms en saon- et les noms en saint-, sachant qu'ils peuvent aussi se superposer !

Mais on peut aussi, pour certains cas de toponymie descriptive comme celui-ci, relever une racine gauloise anam, identique au latin paludem = marais et au gothique fani = boue (G.Dottin, Langue gauloise, p 226), d'autant que l'on peut rattacher à Palus = Paludem, le nom de Paule lui-même. Ici, dans l'acceptation populaire, le nom Anaon pourrait tout simplement désigner le ruisseau marécageux, le marécage, le ruisseau fangeux, le vallon inondable, par évolution connue du m en nv /ovn (comme Namnetes > Navned > Naoned) ...

c) la symbolique d' Anaon :

Anwn représente, selon R. Amberlain," ... la profondeur obscure de la vie matérielle, où tout commence à bouillonner" p 133; "C'est l'Âme, en quête de sa Destinée et du Grand Refuge, l'Âme qui, sous cent formes et cent aspects divers, retourne, consciente, cette fois, vers l'Immortalité" p 143. Citant Taliésin " ... Là où se trouve le moins possible d'âme et de vie, où la Mort est la plus profonde (et ce indépendamment de toute manière d'être), là est ANWN, l'Abîme primordial. Dans l'Abîme d'ANWN, les âmes possèdent de la Vie et du Bien le degré le plus infime. Et de la Mort et du Mal, elles possèdent le degré le plus élevé qu'il puisse y avoir. D'où vient qu'elles sont essentiellement mauvaises, par suite de cette prépondérance du Mal sur le Bien. Et c'est à peine si elles vivent et existent, inconsciemment parfois ...".

Puis il poursuit "...On voit par ce qui précède que la Matière originelle, soit ANWN lui-même, n'est pas le Néant absolu, mais l'être en puissance ..."

A .Le Bras, au chapitre XIII de la Légende de la Mort, résume la définition : Le peuple immense des âmes en peine s'appelle l'Anaon.

c) JCE : Quoi qu'il en soit, le thème commun des marécages où l'on peut s'enfoncer et disparaître et celui du pays des âmes, ressemble fort à la symbolique du pays d'où l'on ne revient pas, un Val des Trépassés, c'est-à-dire une sorte de Val sans retour comme il s'en trouve dans la Légende. Ce thème semble pouvoir être facilement rapproché de celui de la Baie des Trépassés = Bae an Anaon, entre la Pointe du Raz et celle du Van. Question à creuser (sans jeux de mots morbide) ! Qu'en pense l'archéologie ?

Saint Symphorien : (nom de lieu) Toponyme double, en Paule, désignant aujourd'hui à la fois une fontaine et un camp d'époque gauloise en cours de fouilles archéologiques.

a) Camp repéré au cadastre sous le nom de Kastell Bras: site daté du 2ème Age du Fer, en cours de fouilles et sur lequel ont été retrouvées en 1988 des amphores et la statuette du Chanteur à la lyre ou cithare, suivies de deux autres statuettes en juillet 1996. Préalablement connu sous le nom de Castellodic (fin XIXè) et Catellandic (fin XVIIIè). Gaultier du Mottais, repris par La Messelière, donne la graphie Castel-Odic (SECDN, 1934; p 59).

b) Fontaine repérée au cadastre sous le nom d'Ar Feunteun. Le site se trouve à 500m à peine à vol d'oiseau de Bréssilien / Brécilien et à 70m de l'angle du camp gaulois de Kastell Bras / Castellodic en cours de fouilles, séparé seulement de celui-ci par sur la route gallo-romaine de Carhaix à Vannes, qui passe à Coatulas et Kermoisan, en direction de Paule. Ce toponyme forme avec Bréssilien / Brécilien un couple indissociable, puisqu'il se trouve à proximité de la même route et du même ruisseau. Compte tenu de l'importance vitale de cette source dite de Saint-Symphorien liée à l'alimentation en eau potable de l'aqueduc de Carhaix, on peut lui accorder un caractère sacré à l'époque gallo-romaine. Elle a manifestement été honorée à l'époque païenne, soit par une pierre symbolique, soit par une statue, soit par un petit autel votif. Une petite chapelle existait encore à proximité de la source jusqu'à la fin du XVIIIè siècle; son emplacement figure sur le plan général de fouilles.

Le toponyme moderne est manifestement une anomalie anachronique. En effet, selon une version, Symphorien serait né à Autun vers 160 et y a été martyrisé, puis décapité, vers 179, sous Marc Aurèle, tandis que selon une autre version il aurait été martyrisé sous Aurélien, (retenir la similitude des noms !), empereur de 270 à 275. Symphorien fait partie des héros-martyrs de la religion chrétienne, qui en a fait un saint, honoré le 22 août. On peut trouver curieux qu'un gaulois d'Autun porte un nom grec. S'il s'agit d'un personnage dont les parents étaient grecs, cela peut se comprendre aisément. Sinon, il faut envisager que son nom soit une traduction d'un nom gaulois. Il faut dire qu'Autun (Augustodunum = forteresse impériale) était le siège de l'académie romaine en Gaule, dont l'admiration pour la culture latine et grecque était sans bornes. La traduction des noms celtiques en grec est largement prouvée. Dans le cas des Bretons, nous avons en particulier celui de Mori-mannos (Morvan) traduit en Pelagos (Pélasge). Dauzat précise d'ailleurs à propos des toponymes en Saint-Symphorien qu'il s'agit d'une forme savante. Il ne fait que reprendre l'avis d'A. Longnon qui, à son N° 2071, affirme "Saint-Symphorien, forme savante substituée à diverses formes vulgaires ayant eu cours au moyen-âge, et répondant d'ordinaire à la variante Siforianus". Il cite les cas de Sainte-Feyre et Dompcevrin.

La présentation du texte que Jacques de Voragine consacre à Saint Symphorien prétend que "...Symphorien vient de symphonie. Car il fut comme un instrument de musique qui rend des sons harmonieux de vertu. Dans un instrument de musique, il y a trois choses, comme elles existèrent dans Symphorien. D'après Averroès, l'objet qui résonne doit être dur à la résistance, doux pour la prolongation des sons et large quant à leur ampleur. De même Symphorien fut comme un instrument de musique; il fut dur à lui-même par austérité, doux aus autres par mansuétude et large à tous par grandeur de charité".

Si, en renversant l'analyse, l'on recherche une traduction celtique du nom de Symphorien, on peut alors envisager plusieurs hypothèses.

Le culte de Saint-Symphorien à Paule, dans le plou de Ethbin (Plévin), correspond à la christianisation, que l'on situe à l'époque de Charlemagne, d'un site où lieu de culte beaucoup plus ancien d'époque gauloise. On peut insérer cette juste observation de Jean Markale , Christ. Celt, p 163 : "... un lieu sacré demeure toujours sacré même si la religion a changé. Si le culte célébré à un endroit est irrécupérable par la nouvelle religion, on y substitue un autre. Si le personnage divin honoré dans un lieu consacré est trop gênant, on en fait un démon et on voue cet endroit aux puissances maléfiques. De toute façon, il y a continuité. Il ne peut y avoir rupture. Il est d'ailleurs vraisemblable que l'emplacement des sanctuaires les plus anciens n'a jamais été choisi au hasard: une hauteur, une source, une clairière, ou un lieu soupçonné d'être un noeud de courants telluriques, ou encore un endroit privilégié par rapport au soleil levant, tout cela constitue une justification. Et la justification tient toujours malgré le changement."

P. Galliou, p 188: " Les sources, lieux de naissance des eaux ou dispensatrices de bienfaits, jouissaient d'un prestige particulier, comme en témoignent les pratiques magiques -largement édulcorées par l'Église, cependant - attachées aux fontaines de Bretagne, ou le culte dont elles étaient l'objet...."

M. Renouart et N. Merrien, p 44 : "... Une fontaine sacrée, nous l'avons dit, est souvent associé au culte des saints protecteurs, ce qui confirme qu'il s'agit d'un culte païen christianisé. Il faut en effet se souvenir que, dès le IVè siècle, l'Église avait, avec violence, condamné le culte des fontaines et des sources. Comme l'écrit Hervé Martin, "le culte dont elles faisaient l'objet remontait aux temps préhistoriques, et n'avait pas été déraciné par les condamnations des conciles du haut Moyen-age, qui interdisaient de "s'attacher aux sources" et dénonçaient "les insensés qui pratiquent des superstitions près des fontaines"...Entre le XIè et le XVè siècle, le clergé reprit l'offensive pour extirper ces survivances païennes, mais de façon plus habile. Ne se contentant pas de jeter la malédiction sur certains lieux, (la fontaine du Diable, l'étang au Diable), il participa aux cérémonies pour les épurer peu à peu et imposa aux fontaines le patronage d'un saint : Roch, Clair, plus souvent la Vierge, dont la statue fut placée dans un oratoire tout proche ou sous un petit abri. Il arriva même que des chapelles fussent érigées exactement au-dessus des points d'eau."

Le nom gaulois de la source a donc disparu, débaptisé et christianisé au profit de Saint Symphorien. Le cas est loin d'être unique, car très nombreux sont les noms de lieux et de personnes gaulois qui ont été débaptisés de la sorte au profit d'un saint chrétien. Mais on a pu remarquer que ce re-baptême s'est souvent faite aussi en utilisant des artifices de symboles, soit sur des jeux de mots en jouant sur des noms de personnes (par exemple la déesse Brigit transposée en Notre-Dame, Jovinus / Jupiter remplacé par Saint-Jean, etc), soit en jouant sur les symboles de l'iconographie ou du statuaire (par exemple, le cas très connu de la déesse Isis tenant Horus dans ses bras, transformée en la Vierge Marie portant Jésus dans ses bras, ou encore les statues des vierges noires, des femmes couchées, etc, dont la Bretagne possède plusieurs cas typiques, ... sans oublier la célèbre Venus de Quinipily).

On peut alors envisager que dans le cadre de la christianisation du lieu qui nous intéresse, l'Église chrétienne a cherché à utiliser un symbole existant, de façon à ne pas choquer la population, en le remplaçant par une interprétation chrétienne, par l'introduction d'un nom de saint par ailleurs inconnu et non honoré dans le pays, quitte à transgresser quelque peu les limites de la symbolique ou de la philologie.

Une réponse immédiate et directe est proposée par le récit même du martyr de Saint- Symphorien : "... près de l'endroit où saint Symphorien avait consommé son martyre se trouvait une fontaine, et ce fut là que de pieux chrétiens ensevelirent le corps du fils d'Augusta..." (envoi de la mairie de Saint-Symphorien, de la Sarthe). Cette indication, qui n'est pas forcément fausse au premier degré, a donc pour effet de mettre en rapport le thème de Symphorien avec celui d'une fontaine. S'agit-il d'un fait réel ou d'une tentative de mystification ?

A quel jeu de mots peut alors se prêter le nom de Symphorien ? Quel rapport peut-il y avoir au deuxième degré entre Symphorien et la fontaine du martyre qui, comme toute fontaine, devait déjà être l'objet d'un culte païen. Voilà la question à laquelle nous pouvons répondre au moins de trois façons :

a) On peut faire dériver la deuxième partie du nom du verbe grec phorein, qui signifie porter, celui qui porte, ce qui ne présente pas de problème majeur, la plupart des saints possédant (portant) des attributs qui permettent justement de les distinguer.

Mais que porte-donc Symphorien ?

Il n'est peut-être pas inutile de reprendre de le texte de Jacques de Voragine à propos de Saint Symphorien : "Symphorien vient de symphonie. Car il fut comme un instrument de musique qui rend des sons harmonieux de vertu. Dans un instrument de musique il y a trois choses, comme elles existèrent dans Symphorien. D'après Averroès, l'objet qui résonne doit être dur à la résistance, doux pour la prolongation des sons et large quant à leur ampleur. De même Symphorien fut comme un instrument de musique, il fut dur à lui-même par austérité, doux aux autres par mansuétude et large à tous par grandeur de charité. "

L'iconographie chrétienne ne semble pas pouvoir nous apporter un soutien dans cette recherche. Symphorien est habituellement représenté en diacre. Par contre, nous disposons localement et très précisément, un personnage musicien : la statuette découverte au camp de Kastell Bras / Castellodic représentant un gaulois portant une sorte de cithare. On ne peut éviter de mettre ces deux éléments en rapport. Bien entendu, le personnage représenté sur la statuette n'est pas Symphorien, puisqu'il s'agit d'un gaulois qui porte un torque et bien antérieur dans le temps à Symphorien, lequel peut apparaître alors comme le moyen de christianisation d'un lieu de culte païen, par translation symbolique de la fonction d'un personnage. Cela suppose cependant que l'appellation du nom du camp gaulois n'ait pas subi d'interruption, ce qui est loin d'être prouvé.

b). S'agissant d'une source émanant d'un nappe phréatique, on peut noter que ce type de sources était sous le vocable de Furrina, doublet féminin de Fons (fontaine, puits), mère des nymphes Furrinae, nymphes des sources. L'étude a été faite par G. Dumézil, dont voici quelques extraits :

"On se souviendra aussi que c'est au pied des hauteurs et dans les roches siliceuses que les eaux sont abondantes, fraîches et salubres, alors que, en terrain plat, elles sont jaunâtres, lourdes, tièdes et de mauvais goût, à moins que, là même, elles ne proviennent d'un lieu plus élevé..."

"... A côté de Neptune, maître des eaux naturellement patentes depuis leur source jusqu'à la mer et par-delà, Furrina a pu régenter les eaux secrètes, accessibles à la seule industrie des hommes ... Déjà en possession de toutes les eaux de surface, douces et salées, Neptune aurait annexé la dernière province de son élément, les eaux contenues dans les poches du sous-sol, ne laissant à Furrina, aux Furrinae qu'une position subordonnée comme celle de Fons, quelques tabourets de nymphes. Mais alors que Fons, éventuellement les dieux Fontes, bien défendus par la limpidité de leur nom, ont toujours été compris comme le patron des sources ou les patrons de telles ou telles sources particulières, Furrina, puis les nymphes Furrinae, coupées de leur support étymologique, a été, ont été finalement réduites au mystère de leur nom..."

"... les Furrinalia concerneraient la fabrication industrielle des ouvertures par lesquelles les eaux intérieures seront, de force, tirées à la lumière..."

Le calendrier romain ancien comportait des fêtes incantatoires dédiées à ces divinités aquatiques', correspondant, comme il se doit, aux périodes les plus sèches de l'année:

- le 23 juillet : Neptunalia, fêtes de Neptune, dieu des cours d'eau;

- le 25 juillet : Furrinalia, fêtes de Furrina, déesse des sources;

- le 17 août : Portunalia, dieu des ports et des portes;

- le 13 octobre: Fontinalia; fêtes de Fons, dieu des puits et sources;

Accessoirement et en confirmation de ce qui vient d'être dit ci-dessus, on peut reprendre l'exemple cité par A. Neyton de Saint Nabo et Saint Ploto, qui ont remplacé Neptune et Pluton près de la fontaine guérisseuse de Nolay en Bourgogne, où les Romains avaient érigé les statues ...(Clefs païennes.., p 106).

Une visite sur les lieux de la fontaine de Saint-Symphorien, jointe à l'étude des cartes géologiques, apporte les réponses suivantes :

- l'eau de la source de Saint-Symphorien provient effectivement d'une nappe phréatique importante située en amont. Le nom de l'endroit d'où elle sort s'appelle : ar feunteun. Celui de la parcelle voisine : Liors ar comper.

- localement, actuellement, la prononciation du nom de la source donne à peu près, de façon auditive : siforine.

- la source est située en contre-bas d'un relief bien marqué. Elle comportait autrefois une petite chapelle, de laquelle est issue la cloche carolingienne qui est conservée en l'église de Paule. Cette chapelle a été détruite à la fin du XVIIIè siècle. J'ignore si cette destruction est liée à l'épisode révolutionnaire.

- Un nom originel, proche de la racine bhrewr / bhrunés, qui a donné le celtique bron = source, sein, le germanique brunna = source, le latin Furrina = déesse des puits, est donc tout à fait plausible.

On peut alors conjecturer, sans risque majeur, un jeu de mot entre furrin- = radical de Furrina, et phorein = forer, ce dernier étant alors précédé de Saint, en guise de christianisation, pour donner Cyphorien ou Symphorien.

c). Enfin, une autre analyse s'impose d'elle-même à partir du texte relatant la visite de Merlin à Viviane. Il y est dit en effet que Viviane est la fille de Dyones, lui-même filleul de Diane.(Voir les explications de ces noms). Nous pouvons alors nous rapprocher du nom de la divinité masculine Bacchus / Dyonisos.(Voir l'explication de ce nom).

On ne peut alors manquer de mettre en parallèle le thème de Bacchus, élevé par les nymphes, divinités des sources (Furrinae), puis éduqué par les muses, divinités des Beaux Arts, dont la poésie et la musique, avec la symbolique de la fameuse statuette : un homme jouant de la lyre, instrument des dieux. La conclusion s'impose d'elle-même: on peu l'identifier en un Bacchus gaulois, protecteur de la source (= de Dyones), remplacé par Saint Symphorien, par l'intermédiaire de Cybèle.

A l'appui de cette idée, on peut citer le cas de la rivière Bèze, en Bourgogne, évoquée par M. Grandin (p. 456 et 457) et dans le nom de laquelle on pourrait chercher une étymologie en *B°K- :

"Le spectacle de la source vauclusienne de la Bèze ... est étrange et quelque peu envoûtant. C'est un puissant "bouillant" au fond d'une cuvette entourée de falaises blanches....

" ... Bèze ... né d'une immense source d'eau pure".

Saint Symphorien : noms de lieux

a) communes de France

Saint-Symphorien, dans les départements : 04 Basses Alpes, 07 Ardèche; 12 Aveyron; 18 Cher; 27 Eure; 33 Gironde; 35 Ille et Vilaine; 48 Lozère; 73 Sarthe; 79 Deux-Sèvres;

Saint-Symphorien d'Ancelles, 71 Saône et Loire;

Saint-Symphorien de Lay, 42 Loire;

Saint-Symphorien de Mahun, 07 Ardèche;

Saint-Symphorien de Marmagnac, 71 Saône et Loire;

Saint-Symphorien des Bois, 71 Saône et Loire;

Saint-Symphorien des Bruyères, 61 Orne;

Saint-Symphorien des Monts, 50 Manche;

Saint-Symphorien de Thénières, 12 Aveyron;

Saint-Symphorien d'Ozon, 69 Rhône;

Saint-Symphorien le Château, 28 Eure et Loire;

Saint-Symphorien les Buttes, 50 Manche;

Saint-Symphorien le Valois, 50 Manche;

Saint-Symphorien sous Chomérac, 07 Ardèche;

Saint-Symphorien sur Coise, 69 Rhône;

Saint-Symphorien sur Couze, 87 Haute Vienne;

Saint-Symphorien sue Saône, 21 Côte d'Or;

 

b) lieux-dits et écarts importants de France

Saint-Symphorien, en Viala du Tarn, 12 Aveyron;

Saint-Symphorien, en Avrillé les Ponceaux, 37 Indre et Loire;

Saint-Symphorien, en Tours, 37 Indre et Loire;

Saint-Symphorien, en Andilly, 74 Haute Savoie;

Saint-Symphorien, en la Bruffière, 85 Vendée;

 

c) autres noms de lieux en Bretagne

Saint-Symphorien, en Pléven, 22130

Saint-Symphorien, en Plurien 22242;

Toponyme multiple, en Hédé, 35130 :

Breil Marin le Saint-Symphorien; Le Rocher Saint-Symphorien; Saint-Symphorien Bourg et La Villeneuve Saint-Symphorien;

Chapelle Saint-Symphorien, en Couffé, 44048;

Saint-Symphorien, en Saint-Lumine de Coutais, 44174;

Saint-Symphorien, en Bubri, 56026;

Saint-Symphorien, en Inzinzac, 56090;

Saint-Symphorien, en Nostang, 56148;

Septimanie (Septem prouinciarium) : Diocèse de Gaule du sud, englobant les provinces :

Aquitaine Ière, Aquitaine IIè, Novempopulanie, Narbonnaise Ière, Narbonnaise IIè, Viennoise, Alpes maritimes. Voir carte dans Zosime. Tome III. Ière partie, Livre V, in fine. Aussi note d' A. Loyen. Sidoine. Lettre I,3, note 12.

Sore = aujourd'hui la rivière Soar. Elle prend sa source au carrefour des voies romaines Londres-Chester et Exeter-Lincoln, où se trouvait la forteresse de Venonae, aujourd'hui High Cross, au centre géographique de la Bretagne romaine. Elle arrose Leicester et Loughborough, baptise apparemment Mountsorrel et se jette dans la Trent près de Castle Donington, au sud de Nottingham.

Selon E. Ekwall : Soar.(Sora 1147 Monm, Hy 2 DC, Sore 1247 Ass.). Un nom breton de rivière, probablement identique à Saar et à Serre sur le continent (Sara dans des sources précoces). Le nom appartient à la racine ser- ' to flow' du Latin serum ' fluide' etc.

A noter le nom de lieu Mountsorrel, situé sur la rive gauche de la Soar, à 10 km au nord de Leicester. Voici ce qu'en dit E. Ekwall : (Munt Sorel 1152 BM, Muntsorell 1190 P). L'endroit possède un puissant château normand, dont le nom peut avoir été une transplantation de Montsoreau près de Saumur ou Mont-Sorel près de Rennes. Mountsorel est sur la Soar, et il a été suggéré que -sorrel signifie ' colline (hill) sur la Soar.'.

Sorelois : Sore + lois, pays situé en bordure (lois = lez) de la rivière Sore, en Grande-Bretagne.

Terre Déserte : Domaine de Claudas; non identifié définitivement. Compte tenu de certains indices, on peut penser qu'il s'agit d'un domaine voisin à la fois de celui de Léodagan et de ceux des rois-frères Ban de Bénoïc et Bohor de Gannes. On peut envisager un pays, non éloigné géographiquement, qui prétend à une forme d'autorité sur les précédents.

R. Coghlan apporte une observation intéressante : "Le royaume de Claudas a été identifié avec Berry, car en Vieux-français berrie signifie désert". Cette interprétation est abusive ou incomplète, parce qu'elle ne soulève pas l'autre sens de berrie, qui désigne un pays plat, une grande plaine et qui a entre autre donné le nom de Brie. S'il est vrai qu'une grande partie du Berry est un pays plat (Champagne berrichonne), il n'en reste pas moins que le Berry a toujours été un pays riche et convoité et ne donnait en rien l'aspect d'un pays désert, au sens vide (soltaine) du mot. Ainsi Bourges, capitale des Bituriges (rois du monde), a été désignée comme capitale de l'Aquitaine sous Auguste, puis de l'Aquitaine Ière. Siège d'un évêché, puis métropole provinciale. Elle marquait la plaque tournante de la défense de la Gaule du Nord à l'époque de l'installation des Wisigoths dans le sud.

Une observation judicieuse m'a été proposée par Alain Goutal, le 05 février 1996 : il ne faut pas oublier non plus que Bordeaux était le territoire des Bituriges Vivisci.

Or, il est bien vrai que Bordeaux faisait partie du territoire wisigoth sous Euric et que dans ce territoire se trouvait par conséquent Bourg sur Gironde (Burgus), très probablement la ville d'origine de Ponce Antoine. Peut-on envisager alors une confusion d'interprétation entre Bituriges et Berry ?

Recherche étymologique.

Le problème avec l'appellation Déserte, à partir du Vieux-français, est qu'elle peut à la fois désigner une chose et sa contraire, à savoir soit une terre en friches, soit une terre défrichée.

a) Terre en friches: Terre Déserte est alors synonyme de Terre Gaste, Gastine : Pays dévasté, inculte, en friches. Le nom provient alors de l'indo-européen *wastos : lat vastus, v.irl fàs, vide. C'est l'avis d'A. Longnon. N° 2768.

A cette hypothèse on peut rapprocher les propos de J.Y Le Moing à propos de Guérande à partir de comparaisons dialectales réalisées entre le breton, le gaulois et le dialecte normand de Guernesey. Le sens global semble bien être la désignation d'un délaissé, ou terre en friches. Le même auteur apporte aussi dans son lexique de termes gallo-romans le mot gast, endroit stérile, terrain abandonné, inculte; variantes gastil, gastin.

La proximité de Guérande et de sa presqu'île par rapport aux cités des Curiosolites et des Osismes est très intéressante, puisque si l'on peut laisser supposer l'existence d'un seigneur franco-gallo-romain de ce territoire qui se serait appelé Claud-(as-ius) à l'époque du Bas-Empire ou du Haut moyen age, on obtiendrait effectivement une certaine forme de confirmation de la volonté hégémoniste ou impérialiste des Vénètes ou des Namnètes sur l'ensemble de la péninsule armoricaine. Cette piste est restée muette jusqu'à présent. Le nom gallo-romain de Guérande, Aula Quiriaca, ne semble guère servir d'appui à la recherche.

Il faut cependant mettre en réserve le fait que Claudas était à l'évidence au service d'Euric, le roi Wisigoth et que le pays de Guérande, dépendant du territoire des Namnètes (pays de Nantes), était à priori en dehors du territoire wisigoth.

b) Terre défrichée : le nom provient alors de deserter, dessarter = essarter, défricher.

Voir Greimas. Dictionnaire de l'ancien français. Moyen âge. p 164.

Voir Dauzat et Rostaing. Noms de lieux...; p 272.

Voir également Dauzat. Noms et prénoms ... à propos du nom Essart, p 239.

La recherche se dirige alors sur la Gastine, désignation du pays de Parthenay. Localement, en effet et contrairement à ce qu'en dit A. Longnon, le mot gastine désigne une terre lourde, riche et se traduit en lande défrichée. Cette orientation de recherches est intéressante du point de vue historique car le pays de Parthenay, tout comme la Vendée et le pays de Retz, faisait partie intégrante de la Civitas Pictones (Cité des Pictons = Poitou), qui avait été octroyée dès 418 par Honorius à la souveraineté de Wallia, roi des Wisigoths. Ceci veut dire en clair que la limite du territoire sous contrôle wisigoth atteignait bien la rive sud de la Loire, de Candes / Montsoreau jusqu'à son embouchure. On peut alors dire effectivement que le territoire wisigoth était voisin de la province Armorique, désignant quant à elle l'ensemble des territoires des provinces lyonnaises IIè et IIIè.

On peut aussi rapprocher cette interprétation de celle de la Laide semblance, limite de la Terre des Pâtures, domaine du roi Frolle, dans laquelle Laide peut aussi être traduite en terre dévastée.(Greimas. p 331). Or Frolle est dit allemand, c'est-à-dire qu'il peut être un suève, soumis et intégré aux wisigoths.

La toponymie tend à soutenir cette voie de recherche, car l'Aquitaine offre en effet de nombreux noms de lieux en Gastine et en Essarts / Essards (Charente, Charente-Maritime, Indre et Loire, Loir et Cher, ...).

Quant au mot Terre, dans le sens pays, territoire, on le trouve en Vieux-croyants sous les formes terreor 1247, terreoir 1283, terrier 1160, terroi XIIè, terroier 1258, terrail 1169, terral fin XIIè (Greimas. p 583).

La forme anglaise the Desert Land, est manifestement une traduction influencée par la forme française Terre Déserte et ne permet guère d'avancer dans cette recherche

Si on fait une recherche à partir de la toponymie bretonne, on peut soulever l'étude de B. Tanguy, qui permet de mettre en relation les mots désert et ermitage, retraite (Hagionymie ... p 333)

Thanet : Autrefois une île, aujourd'hui une presqu'île située à l'extrémité sud-est du Kent, entre la Mer du Nord et le Détroit de Douvres / Pas de Calais. Villes principales Ramsgate, Margate.

Tours (Caesarodunum) : Capitale de la cité des Turones.

Siège d'un évêché, puis métropole à partir de 385. Concile en 461. Prise par Euric, en même temps que Bourges, après sa victoire sur Riothame, en 469.

Trébrivan, en breton Trabriant (22340): Treffbrivan 1368, Trébrivent (Moy.A), Trébrivant 1801, Trébrivan 1802, Trébrivan 1877, Trébrivan 1886. Commune du canton de Mael-Carhaix. Démembrement probable de Plouguer.

Trégor, en breton Bro-Dreger : l'un des pays-évêchés de Basse-Bretagne. Capitale Tréguier / Landreger, au confluent du Jaudy et du Guindy.

P. Barbier, Trégor historique ... p 21, établit l'identification entre Pagus Treher et Pagus Tricurinus. La forme Trecorensis est donnée également par J. Loth, Émigration bretonne ... p 207, n 1. C'est cette indication que j'avais reprise lors de la publication de Maxen Wledig, tableau N° 8.

A cela, par communication personnalisée, J.Y. Le Moing m'avait objecté que la forme Tricurinus aurait abouti en breton moderne à la forme *Trégouren, non à Trégor. La discussion reste ouverte. Il est vrai que le nom Pagus Tricurinus est très ressemblant de celui de Pagus Tricurius, dans l'ancienne Domnonée insulaire et dans lequel se trouve Tintagel, lieu de naissance présumé du Roi Arthur..

La recherche étymologique du nom du Trégor a fait couler beaucoup d'encre. Cette étymologie n'est pas encore résolue.

Trémalvézen : Lieu-dit en Glomel, près duquel se trouve le départ amont de l'aqueduc souterrain et maçonné de Carhaix, près de l'ancien confluent des ruisseaux émissaires de Glomel, de Coat ar Scaon et de Saint-Symphorien, avant que l'ensemble ait été modifié par les travaux du canal de Nantes à Brest. Le site est voisin de Meinguen (voir ce nom)

Tréogan, en breton Tregon (22340): Treaugan 1450, 1574. Commune du canton de Mal-Carhaix. Tréogan est issue d'un démembrement du plou de Plévin. B. Tanguy rattache le nom de Tréogan à l'éponyme Augan / Ogan. C'est par analogie que selon lui on a choisi pour patron de la paroisse Saint Conogan (Treff-Konogan). Un personnage du nom de Conogan est en effet cité comme deuxième évêque de Quimper, successeur (?) de Saint Corentin. Il est présent dans la toponymie locale en Tréogan, nom de commune, Saint Conogan et Moustrougant (Mouster-Konogan?) lieux-dits en Glomel et Restréogant, lieu-dit en Saint-Hernin. Saint Conogan est réputé guérir des rhumatismes. Il est intéressant de rapprocher ce nom de celui de Saint-Eloi (Kersaint-Eloi), toponyme voisin en la commune de Paule, compte tenu du fait que Saint-Eloi (s'il ne s'agit pas d'une substitution) est lui-aussi invoqué pour guérir les rhumatismes, en plus des chevaux. J. Chardronnet, dans Le Livre d'Or des Saints de Bretagne, p 59, l'identifie à Saint-Guénégan.

Vannes, en breton Gwened : Capitale de la cité des Vénètes. Son nom gaulois d'origine est Darioritum = le gué des chênes. Celui-ci a été remplacé par l'ethnonyme Veneti à partir du IIIè siècle.

La date du concile de Vannes est très souvent mise en avant par les chercheurs pour tenter d'expliquer le processus de la christianisation et de l'organisation des évêchés en extrême ouest armoricain. Le problème est que, s'ils sont d'accord sur la décennie, les auteurs de référence ne sont pas d'accord sur l'année. Tout au plus sait-on qu'il a suivi de peu le concile de Tours, daté du 18 novembre 461 (L. Fleuriot, Origines ..., p 146). Pour ce concile de Vannes, nous avons donc plusieurs propositions:

- entre 462 et 468 : L. Piétri, p 15.

- 463, Mansi (L. Fleuriot. Origines, p 146); B. Tanguy.

- 465, Mgr Duchesne; (aux alentours de 465); P. André?

- 467, Annuaire du Diocèse de Vannes; (J.Loth p 75 ?)

Venonae, Venonis : la forteresse romaine de High Cross (Grand carrefour), en Sharnford, Leicestershire.

Il est curieux de voir les commentaires de Rivet et Smith qui disent ' ..qu'on ne peut pas supposer un nom de rivière, car il n'y a pas de rivière sur le site, et nous devons sérieusement dès lors supposer un nom de divinité', car un simple report à la carte permet de voir que Venonae se trouve située précisément entre quatre sources de rivières, partant dans toutes les directions. Il s'agit en l'occurrence de l'un des carrefours les plus importants du réseau routier romain de Bretagne, puisque s'y croisent l'Ermine Street, de Londres à Chester et la Fosse Way, d'Exeter à Lincoln. Situé sur un point relativement élevé, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'on puisse y trouver une statue, une aula, ou un fanum important, dédié à une divinité protectrice du carrefour. La racine Ven- permet automatiquement d' invoquer une divinité féminine (Bena > Ven- = femme) pour aboutir à une forme transcendante Venona = la Très Aimée (cf / Venus).

La forme Venonae, féminin pluriel, permet aussi de noter la ressemblance du thème féminin sacré avec celui du nom de la cité gauloise des Médiomatrices, située entre trois rivières 'sacrées' que certains chercheurs relient au thème des Matronae = groupe de trois déesses mères nourricières, avatars apparents de la Déesse Mère (voir Cybèle).

La proximité de Venonae par rapport à Leicester permet d'affirmer qu'elle fait partie du Royaume de Logres, dont elle était, en définitive, un point stratégique vital.

Vernemetum : Forteresse romaine près de Willoughby on the Wolds, en Nottinghamshire, au nord de Leicester sur la route de Lincoln.

Le nom signifie soit: la Grande Clairière (Ialon) sacrée, soit le Grand Temple (Nemeton / Fanum) sacré.

Elle peut être considérée comme une place importante sacrée du Sorelois; peut-être même correspond-elle au nom de Sorehaut désigné dans les Romans. Question à débattre avec Mountsorell, située sur l'autre versant.

Wadel : voir Gaël.

Wader : lecture erronée de Wadel. Voir ce nom.

Wall : voir Letocetum.

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