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Deuxième partie

2. Les textes relatant la bataille de Carohaise

 

            Histoire des rois de Bretagne, de Geoffroy de Monmouth :

            Traduction française de Laurence Mathey-Maille. Chapitre 155.

            Le combat singulier entre Arthur et Frolle.

 

        " Après avoir assujetti ces nations et placé Loth sur le trône de Norvège, Arthur fit voile vers la Gaule et ayant constitué des bataillons, se mit à dévaster le pays tout entier. La Gaule était alors une province romaine confiée au tribun Frollo qui la gouvernait au nom de l'empereur Leo (1). Lorsqu'il apprit l'arrivée d'Arthur, Frollo rassembla tous les hommes armés qui étaient sous ses ordres et engagea le combat contre le roi, mais il offrit une faible résistance. Arthur était, en effet, accompagné des jeunes gens de toutes les îles qu'il avait placées sous sa domination. Et on racontait que son armée était si puissante que personne ne pouvait la vaincre sans difficultés. De plus, il avait à son service les meilleurs chevaliers de Gaule qu'il s'était attachés par ses largesses (2).

          2 Lorsque Frollo se rendit compte qu'il avait la plus mauvaise part du combat, il abandonna immédiatement le champ de bataille et s'enfuit avec quelques hommes à Paris (3). Il y rassembla le peuple dispersé, puis fortifia la ville et entreprit de nouveau la lutte contre Arthur. Et tandis qu'il cherchait à renforcer son armée grâce à l'appui des nations voisines, Arthur survint à l'improviste et assiégea Frollo dans Paris.

          3 Un mois passa (4) et Frollo souffrait de voir son peuple mourir de faim; il envoya alors un message à Arthur pour lui proposer un combat singulier à l'issue duquel le vainqueur recevrait le royaume du vaincu. Frollo était un homme de haute taille, plein d'audace et de bravoure : il se fiait énormément à ses qualités en envoyant ce message, espérant trouver ainsi une voie de salut. Une fois informé, Arthur fut pleinement séduit par l'initiative de Frollo et il lui fit répondre qu'il était prêt à respecter le pacte proposé. Un arrangement fut donc convenu de part et d'autre; ils se retrouvèrent sur une île située hors de la ville (5), où le peuple attendait quel sort allait leur être réservé.

          4 Ils étaient tous deux bien armés, montés sur des chevaux d'une remarquable rapidité, et l'issue de la rencontre était incertaine. Ils avaient brandi leur lance et se tenaient face à face quand, soudain, ils éperonnèrent leurs chevaux et se frappèrent à grands coups. Mais Arthur, qui maniait sa lance avec plus de sûreté, atteignit Frollo en haut de la poitrine et évitant ses coups, il le jeta à terre de toutes ses forces. Il tira alors son épée et allait se précipiter pour le frapper lorsque Frollo, qui s'était vite redressé, courut dans sa direction en brandissant sa lance : il frappa le cheval d'Arthur d'un coup mortel et fit ainsi tomber monture et cavalier. Lorsque les Bretons virent leur roi à terre, ils craignirent qu'il ne fût mort et c'est à grand-peine qu'ils purent se retenir de briser le pacte et de se précipiter d'un même mouvement sur les Gaulois. Tandis qu'ils réfléchissaient au moyen de transgresser les conventions de la paix, Arthur se releva rapidement et se protégeant de son bouclier, courut au-devant de Frollo qui le menaçait. Ils se tenaient donc rapprochés et se frappaient mutuellement à coups redoublés, chacun cherchant à tuer son adversaire. Finalement, Frollo découvrit une faille : il toucha Arthur au front et lui aurait peut-être porté un coup mortel s'il n'avait émoussé la pointe de son épée en heurtant le casque. Le sang coula et la vue de sa cuirasse et de son bouclier qui rougissaient excita et redoubla la colère d'Arthur; brandissant son épée Caliburn de toutes ses forces, il l'asséna sur le casque et la tête de Frollo qu'il fendit en deux. Frollo s'écroula sous le coup, foulant le sol de ses talons et il rendit l'âme (6).

          5 Quand la nouvelle eut circulé dans l'armée, les citoyens accoururent; ils ouvrirent les portes et livrèrent la ville à Arthur. Victorieux, ce dernier divisa son armée en deux parties : il en confia une à Hoel et lui ordonna d'aller soumettre Guitard, chef des Poitevins (7). Quant à lui, il s'employa, avec le reste de l'armée, à placer sous sa domination les provinces rebelles. Hoel pénétra bientôt en Aquitaine; il assaillit les cités du pays et, après avoir harcelé Guitard en multipliant les combats, il le contraignit à se rendre. Il ravagea aussi la Gascogne par le fer et le feu, et assujettit ses princes (8).

notes : Textes de référence

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