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Chapitre XIX

L'époque arthurienne

(compte tenu de la matière à traiter, ce chapitre est publié en chapitres séparés)

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            Ambroise Aurèle / Riothame contre Euric et les Wisigoths d'Aquitaine. 

            C'est sur le continent que se déroule la suite des opérations.

            Les intentions d'Euric, le roi des Wisigoths, sont désormais claires : réunir sous son sceptre l'ensemble des provinces aquitaines.

            Les Wisigoths, il est nécessaire de le rappeler, depuis leur installation en Aquitaine en 418 se sont parfaitement intégrés et adaptés à la société locale : ils se sont "romanisés" à la mode aquitaine. Ils disposent de terres riches et fécondes et ils se sont fait apprécier par la population. Nous savons qu'ils ont des amis et des soutiens importants jusque chez les aristocrates gallo-romains. Nous savons en particulier les relations qu'ils ont avec la famille des Pontii, qui a de nombreuses possessions dans le vignoble le Bordelais, et qui sont à l'origine de Bourg sur Gironde, aujourd'hui dans le Blayais (Côtes de Bourg).

            Les Wisigoths ont su s'adapter au climat, au mode de vie de l'Aquitaine. Théodoric II a enrichi lui-même la culture intellectuelle et artistique du pays et il a surtout soigneusement évité les querelles religieuses entre Catholiques et Ariens.

            Euric, son fratricide successeur, hérite malgré tout de l'estime de la population et des classes dirigeantes gallo-romaines d'Aquitaine. Il hérite surtout de la puissance militaire composée des Wisigoths eux-mêmes, de leurs alliés gallo-romains d'Aquitaine, et des Suèves d'Espagne.

 


Carte extraite de : L'Aquitaine, des Wisigoths aux Arabes

Michel ROUCHE

1979


            Pour résoudre ce problème intérieur aux Gaules, l'empereur Anthemius demande alors à celui qui dispose à ce moment là de l'autorité et de forces suffisantes pour s'opposer aux visées expansionnistes d'Euric : il demande à Ambroise Aurèle / Emrys Wledig > "Grand Roi" = Rigo-Samos > Riothame, qui commande en Bretagne et en Gaule armoricaine, d'arrêter la progression Euric sur le reste de l'Aquitaine.

            Celui-ci dispose des troupes gallo-romaines du nord, des Britto-romains de l'Ile et de ceux d'Armorique (Rouen et Tours), et des Francs.

            Le lieu de ralliement est fixé à Déols (Bourg-Dieu), sur la rivière Indre, à soixante kilomètres sud-ouest d'Avaricum / Bourges.

            Ce lieu n'est pas choisi au hasard. D'une part, quand on observe bien la carte, on se rend compte que Déols (près de l'actuelle Châteauroux, son héritière), fait partie de la cité des Bituriges (Bourges) et est située à mi-distance sur la route d'Avaricum / Bourges à Limonum / Poitiers. Or, Limonum / Poitiers fait partie du territoire des Wisigoths déjà depuis le foedus de 418, alors que Augustoritum / Limoges ne la fait pas. La base d'attaque des Wisigoths et de leurs alliés semble donc être clairement désignée : Limonum / Poitiers.

            D'autre part, nous avons vu précédemment qu'il y a un dizaine d'année, c'est de Bourges qu'Ambroise Aurèle et son frère Uther sont allés, selon la Légende, en Ile de Bretagne pour mettre un terme aux divagations du chef britto-romain Vortigern vis a vis des Jutes.

            Autrement dit, Ambroise Aurèle, alias Riothame, ne fait que revenir défendre un territoire qu'il connaît pour y avoir séjourné ! La question est de savoir à quel titre il y a séjourné : réfugié ? responsable politique ? responsable militaire ? En tout cas, l'Histoire et la Légende se recoupent à cet endroit.

            Des troupes viennent donc d'Ile de Bretagne romaine comme prévu.

            ... mais les Francs du comte Paul ne font pas la jonction ! Saura-t-on jamais pourquoi ?


            Euric, bon stratège lui-même conseillé aussi par de bons stratèges, se rend parfaitement compte que l'armée d'Ambroise Aurèle n'est pas prête, et plutôt que de prendre le risque d'une défaite si l'armée ennemie se complète, il prend les devants et fonce à l'assaut de l'armée bretonne.

            Victoire assurée ! L'armée d'Euric remporte la victoire en écrasant celle d'Ambroise Aurèle.

            Le vainqueur s'empare sans coup férir des cités d'Avaricum / Bourges, Augustoritum / Limoges, Vesunna / Périgueux ... et Caesarodum / Tours, la capitale de la Lyonnaise IIIè, capitale de la partie occidentale de l'Armorique.

            Ils sont désormais les maîtres de l'Aquitaine ... exceptés l'Auvergne (Clermont) et le Velay (Le Puy).

 

Euric

Extrait de Clovis contre Alaric, de Patrice RUFINO

Photographie : Jo DUCASSE


            Les rescapés de l'armée bretonne, quant à eux, sont éparpillés et trouvent refuge chez les Armoricains au nord de la Loire et chez les Burgondes.

            Nous sommes en 469.

            Ambroise Aurèle / Emrys Wledig rentre en Bretagne ...

            ... pour y trouver la mort, empoisonné à Cair Guent / Winchester, par un complot hourdé par Pasguen, le fils de Vortigern à qui Ambroise avait laissé la vie sauve il y a dix ans, mais qui attendait le moment propice pour venger son père. Il a été aidé en cela par Hengist, le roi des Jutes, toujours lui aussi à l'affût d'une faiblesse des Britto-romains.

" O malheur irréparable. O peuple endeuillé de Bretagne.
" O perte du plus noble des rois. Emrys Wledig est mort".

(Geoffroy de Monmouth. 6.15).


            La réaction des fidèles d'Ambroise ne se fait pas attendre, car ils proclament aussitôt à leur tête Uther, le frère de celui-ci, déjà commandant en chef de la cavalerie / Pen-dragon. A la tête de ses fidèles, il refoule le renégat Pasguen et les siens et les anéantit près de l'ile Mona / Anglesey.

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