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Chapitre XI 

(k)

Installation de Bretons (Britto-Romains)

en Armorique

par décision impériale

La délimitation du territoire originel

Essai de datation

Argument : La Petite Bretagne d'Armorique

a été créée par des Bretons venus de l'Ile de Bretagne

en compagnie de Maxime.

 

 

L'implantation de militaires Bretons en Armorique.

 

Les autres dispositions prises à l'extrême ouest armoricain.

            La moitié nord de la cité des Osismes a, comme nous venons de le voir, été confiée à des Bretons d'origine insulaire. On a donc fini, avec le temps, à identifier le pays habité par ces Bretons sous le nom de Britannia (Minor). (51)

            La moitié sud de cette même cité a par contre été confiée à une autre unité militaire fidèle à Maxime, à savoir des Maures. Il s'agit de ceux que la Notitia Dignitatum appelle les Mauri Osismiaci, dont la base principale est Ossismi / Carhaix, sous les ordres d'un préfet. 

            Le cas est identique à celui de la cité des Vénètes, qui est attribuée à une autre unité maure, connue sous le nom de "militum Maurorum Benetorum / Uenetorum", dont la base principale est Benetis / Uenetis = Vannes, également sous les ordres d'un préfet. (52)

            

La part de Maxime dans ces décisions.

            Maxime a beau être un homme à poigne et militaire compétent, il n'en reste pas moins qu'il ne peut faire tenir son empire debout à lui tout seul. Il est bien obligé de faire comme les autres, c'est-à-dire de s'entourer d'amis aussi sûrs que possible et compétents à la fois, même si on ne peut jamais être certain d'avoir fait le bon choix en la matière. On ne peut donc pas naïvement lui attribuer toutes les idées ni toutes les décisions, bonnes ou moins bonnes, qu'il a l'occasion d'assumer durant son règne de trois ans. Comme tout homme d'état, il est entouré d'une administration chargée de gérer son empire. Autour de sa personne et des membres de sa famille, tout comme au sein des administrations civiles, politiques, militaires, ou religieuses, gravite aussi une cour perpétuellement aux aguets de pouvoirs et de richesses.

            Il est possible que ce soit Maxime qui ait eu l'idée de subdiviser les provinces lyonnaises pour en faire quatre, comme nous l'avons vu. Il est possible que ce soit Maxime qui ait eu l'idée d'implanter des Bretons à l'extrême ouest de la Gaule armoricaine. Mais il est bien plus probable, en tout état de cause, que ces idées lui ont été conseillées par son entourage administratif, politique et militaire. Qu'elle soit justifiée ou non, cette multiplication de provinces a eu en tout cas pour effet de multiplier les charges et les postes honorifiques, à défaut de créer de réelles responsabilités. Les personnes promues à ces fonctions ne peuvent faire autrement que d'être reconnaissantes, soumises et fidèles à leur bienfaiteur. Et il apparaît bien, en effet, que l'adhésion de l'Occident est totale à Maxime, et que son règne n'y soit jamais contesté, quoi qu'on pourra en dire par la suite. (53)

            Maxime est-il venu en Bretagne armoricaine ? Ce n'est pas si sur !  

            En effet, comme nous l'avons vu, son expédition de 383 est dirigée sur Lutecia / Paris, après avoir traversé la mer et débarqué en baie de Somme. Il reste quelques temps dans ces parages puis, alors qu'Andragathios se lance à la poursuite de Gratien jusqu'à Lyon et que Conan contient les Armoricains et les Aquitains à l'ouest, Maxime se dirige vers Trèves où il entre sans résistance avant la fin de l'été. On peut donc affirmer qu'en cette année 383 Maxime n'est pas passé par la (P)Bretagne qui de toute façon n'existe pas encore puisque c'est lui-même qui l'a créée seulement deux ans plus tard !

            Ensuite, installé à Trèves, mais seulement en tant qu'usurpateur non encore reconnu, il lui faut attendre près d'un an pour qu'au bout de multiples hypocrisies, faux semblants et tergiversations avec sa propre cour, Théodose se décide enfin à reconnaître son congénère (et ami d'enfance !) espagnol Maxime comme empereur en Occident, et qu'il soit suivi dans cette reconnaissance par le Sénat. 

            Maxime ne peut donc pas matériellement parcourir l'ensemble de la Gaule du nord au sud et de l'est à l'ouest entre la fin Juillet 384 et la fin de la même année. 

            On peut donc affirmer pour cette année 384 la même chose que pour l'année 383.

            Maxime, désormais empereur légitime à partir du samedi 31 août 384, vit surtout à Trèves, protégé par ses fidèles. On peut affirmer que c'est à Trèves que sont prises ses principales décisions, dont les plus marquantes sont la subdivision des lyonnaises, et l'implantation des Bretons à l'extrémité ouest de l'Armorique. 

            Les grandes décisions relevant du pouvoir impérial sont prises à Trèves dans la salle du  Consistoire. (54)

            En 385 , c'est à Trèves que se déroule le fameux procès de Priscillien et de ses fidèles. Maxime y est présent. Saint Martin cherche à éviter le pire, en demandant la grâce des accusés. En vain. Après avoir promis la grâce, Maxime se laisse abuser par des évêques catholiques fanatiques et autorise l'exécution, qui a lieu vers la fin octobre. (55)

            L'année 386 est muette sur les faits et gestes de Maxime et de son clan. (56)

            En 387, Maxime se prépare à envahir l'Italie, fief de Valentinien II. Vers la fin du printemps, il reçoit à Trèves la délégation conduite par Domninus, pour le compte de Valentinien. Mais avant la fin août, Maxime a déjà franchi les Alpes Cottiennes et est passé en Italie. Il ne reviendra plus jamais ni en Gaule, ni à Trèves ! (57)

            En conclusion de quoi on peut dire que si Maxime est vraiment venu visiter le territoire qu'il a confié à des soldats bretons à l'extrême ouest armoricain, visite que rien ne nous permet d'affirmer pour l'instant, cela n'a pu se faire qu'entre 385 et le début 387.

 

 

En guise de conclusion

 

            La décision d'installer des unités militaires bretonnes sur les côtes nord de la Gaule, dans le cadre du système de défense littorale de l'Empire, et répondant à un duché romain, puis d'en installer un groupe à l'extrémité ouest de la Gaule armoricaine, sur une partie de territoire prélevée sur celui de la cité des Ossismes, et répondant à une principauté, a été prise par Maxime à Trèves, probablement dans le courant de l'année 385, en accord avec le quartier général de la Garde du Rhin, installé à Mayence, et garanti par la force de la Legio XXII Primigenia Pia Fidelis.

            La personne mise à la tête du duché armoricano-nervien par l'empereur Maxime, un britto-romain répondant apparemment au nom de Kynan / Conan, a été destituée de cette fonction par la suite par Théodose, le vainqueur de Maxime, mais laissée dans sa fonction de roi sur les Bretons armoricains installés en Letavia, à l'extrémité occidentale de la côte armoricaine de la Gaule, dans la moitié nord du territoire ossisme, c'est-à-dire de la pointe Saint-Mathieu à la baie de Saint-Brieuc.

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notes du chapitre XI

 

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