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Chapitre XI 

(d)

Installation de Bretons (Britto-Romains)

en Armorique

par décision impériale

La délimitation du territoire originel

Essai de datation

Argument : La Petite Bretagne d'Armorique

a été créée par des Bretons venus de l'Ile de Bretagne

en compagnie de Maxime.

 

Divisions provinciales successives des Gaules.

4. Réforme Maximienne (?)

            Cette recomposition des provinces romaines de Gaule élaborée sous Dioclétien n'est pas la dernière car nous savons qu'avant la fin du IVè siècle il s'en produit une nouvelle. Celle-ci a pour objet de subdiviser à nouveau chaque province lyonnaise en deux, ce qui porte le nombre de ces provinces à quatre, et qui sont désormais :

* la Lyonnaise Ière (Lugdunensis Prima), toujours avec Lugdunum / Lyon pour capitale, mais réduite aux cités des Segusiavi (Lyon), et Aedui (Autun).

* la Lyonnaise IIè (Lugdunensis Secunda), toujours avec Rotomagus / Rouen pour capitale, mais réduite désormais aux cités des : Caletes et Veliocasses réunies en une seule (Rouen), des Lexovii (Lisieux), des Aulerci Eburovices (Évreux), des Baiocasses (Bayeux), des Unelli (Coutances), et des Abrincatui (Avranches).

* la Lyonnaise IIIè (Lugdunensis Tertia), avec Caesarodunum / Tours, promue au rang de capitale provinciale, et englobant les cités des Riedones (Rennes), Curiosolitae (Corseul), Osismi (Carhaix), Veneti (Vannes), Namnètes (Nantes), Andes / Andecavi (Angers), Aulerci Cenomani (Le Mans), et Turones (Tours). Les Diablintes (Jublains) disparaissent en tant que cité, le territoire étant réparti entre les cités voisines.

* la Lyonnaise IVème (Lugdunensis Quarta, ou Maxima Senonia), avec Agedincum / Sens promue au rang de capitale provinciale, et englobant les cités des Carnutes (Chartres), Parisii (Paris), Meldi (Meaux), Tricasses (Troyes), Aureliani (Orléans), et Senones (Sens).

            A quelle date a été mise en place cette dernière réorganisation ? A ce sujet, nous sommes malheureusement réduits aux hypothèses et aux conjectures, car les éléments dont nous disposons ne sont pas précis. Des propositions sérieuses ont tout de même été faites, étayées sur des documents d'époque et des éléments archéologiques.

            Selon les chercheurs Luce Piétri et Jacques Biarne, on peut prendre comme dates extrêmes 364/369 (date à laquelle Festus dans son Bréviaire, VI, ne mentionne encore que deux Lyonnaises), et lundi 28 août 388 (date de l'exécution de Maxime à Aquilée). Cette datation est très intéressante dans le cadre de la présente étude, car elle se situe entre Valentinien Ier d'une part qui en 369 se trouvait à Amiens pour réorganiser les défenses côtières du littoral de la Manche, puis Gratien, son fils, d'autre part, qui a longtemps séjourné à Trèves, et enfin notre fameux Maxime national, auteur des Bretons d'Armorique, et qui a siégé lui aussi à Trèves, capitale militaire d'Occident. Pour ces auteurs, il apparaît parfaitement que c'est à l'un de ces trois empereurs qu'il faut attribuer cette décision politique et administrative. (15)

        Un autre auteur compétent de l'empire romain, Ferdinand Lot, affirme quant à lui que c'est en 381 qu'il faut placer la décision, qu'il attribue donc de facto à Gratien. Notons alors que si la décision a pu être prise par Valentinien ou par Gratien, cette organisation est donc déjà en place lorsque Maxime s'empare du pouvoir. (16)

        Mais André Chastagnol, éminent spécialiste de cette époque et dont la compétence et la notoriété ne peuvent être mises en cause, confirme son sentiment que la décision se situe vers 385, ce qui a pour effet de l'attribuer automatiquement à Maxime ! (17)

            Enfin, comme pour conforter ou confirmer ces dires, une inscription citée par Luce Piétri et Jacques Biarnes nous permet de savoir que la province Lyonnaise IVè, c'est-à-dire la Sénonaise, s'est pendant un temps nommée Maxima Senonia (CIL.XIII.921). Or, il ne fait aucun doute ni à ces auteurs ni à André Chastagnol que c'est bien de l'usurpateur devenu empereur, Maxime (383-388), que cette province tire son qualificatif. A contrario, en effet, ce qualificatif Maxima qui semble au premier abord signifier " la plus grande " ne peut en réalité être issu de la taille de la province qui est précisément la plus petite des provinces lyonnaises. Le fait se trouve également accentué par la disparition de ce qualificatif après la chute de Maxime pour être transformé simplement en Senonia. (18)

            Dans la mesure où il est difficile d'aller à l'encontre de cette datation serrée et de cette inscription, qui constituent toutes deux des éléments de preuves, on peut au stade actuel de nos connaissances se permettre de dire que c'est bien Maxime qui est à l'origine de la création des provinces Lyonnaise IIIè et Lyonnaise IVè, vers 385, par subdivision des deux précédentes, Ière et IIè.

            A partir de ces observations, et pour tenter d'apporter encore plus de précision à cette datation, il nous suffit d'observer la chronologie politique depuis la proclamation de Maxime en Île de Bretagne. Du printemps 383 jusqu'au mois d'août de cette même année, Maxime et ses troupes sont en guerre contre Gratien. Maxime n'est alors qu'un usurpateur non investi du pouvoir légal. Ce n'est guère le temps ni le moment de rester discuter sur des réorganisations éventuelles de provinces, d'autant que si Maxime ne sort pas vainqueur de la confrontation, par simple déduction, ses projets et décisions sont nuls et non avenus. 

            Après s'être débarrassé de Gratien, Maxime est contraint encore d'attendre pendant près d'un an, jusqu'au samedi 31 août 384, que Théodose donne son opinion et accepte de le reconnaître comme co-empereur en Occident et que cette décision soit entérinée par le Sénat. Ce n'est donc qu'après cette date, et seulement après, que les décisions de Maxime sont devenues légales et opposables au niveau de l'État. On peut donc effectivement penser que Maxime et son état major politique et militaire ont mis à profit l'hiver suivant son investiture, 384-385, à Trèves, pour élaborer leurs différents projets de réorganisation de l'Empire d'Occident. 

            La date de 385 proposée par André Chastagnol est donc tout à fait rationnelle et admissible. Or comme Maxime est reparti en guerre, cette fois-ci contre Théodose, en 387, on ne peut faire autrement que placer ses réalisations administratives effectives entre le printemps 385, dans l'année 386, et jusqu'à l'été 387, dates limites, pour que celles-ci soient légales et définitives, encore que pour le premier semestre 387 on soit en droit de considérer que c'est déjà trop tard, puisque les décisions n'auraient pas eu le temps d'être mises en application avant la fin de l'année. (19)

            Ces décisions ont donc été prises à Trèves, quartier général de la Garde du Rhin, et capitale politico-militaire de la partie de l'Empire d'Occident échue à Maxime.

 

 

Les réformes territoriales attribuables à Maxime, vers 385

Schéma extrait de Genèse de la Bretagne armoricaine. JC Even. 1999.

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