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Deuxième partie

3. Analyses et commentaires des textes

            

               Viviane.

 

            La jeune fille que Merlin va rencontrer à Brocéliande, selon le Roman, sous les traits d'un jeune damoiseau (Merlin n'est âgé que de 24-25 ans environ), s'appelle Viviane. Elle est la fille de Dyonas, lui-même filleul de Diane. (1)

            Il est tentant bien entendu d'assimiler cette Diane du Roman à la Diane romaine, déesse de la Lune, des bois et de la chasse (2). En fait, il s'agit localement de Deva-Ana, nom d'origine celtique signifiant la déesse des marais, identifiée à la grecque Séléné = la Lune, qui se mire la nuit dans l'eau des marais et des étangs.

            C'est le plus pur symbole de la féminité : la lumière de la nuit, l'élément liquide sombre, la profondeur sombre des bois. Dyonas en est la réplique masculine : le dieu des marais. Cette voie de recherche est basée sur l'hypothèse d'une allégorie entre la définition physique du lieu et la divinité la plus proche. Le cas est intéressant pour la voie de recherche sur Dyonisos / Bacchus, en ce qui concerne la fontaine de Barenton.

            Mais au delà du thème mystique qui peut conduire à des discussions sans fin, il convient de rappeler que Dyonisius est un prénom largement porté à cette époque et qu'il est fort possible qu'il s'agisse bien du nom d'une personne réelle. (3)

            Quoi qu'il en soit, si Viviane est bien le prénom de cette toute jeune adolescente, il semble bien qu'il soit le seul exemple connu actuellement, avec une éventuelle Sainte Viviane / Bibiane, dans le monde mixte celto-romain. S'il s'agit à nouveau d'une allégorie ou d'un nom poétique rajouté à un prénom qui nous est inconnu, il est alors possible de l'interpréter par Viv-ian- < viv(ere) + (g)an = (la fille) qui vit près des / dans les / marais, la fille du maître des marais. Ceci tendrait à être confirmé par l'autre nom donné la jeune fille : Numi, inspiré lui aussi d'un théonyme Nemos, dieu des sources. (4)

            Le fait qu'elle soit âgée de 12 ans au moment de la rencontre avec Merlin qui est âgé entre 24 et 25 ans peut choquer nos habitudes ou nos sensibilités actuelles. Mais il ne faut pas oublier que tant dans les traditions romaines que dans les traditions celtiques de l'époque, même chrétiennes, le mariage des filles était possible dès l'âge de 12 ans, c'est-à-dire presque tout de suite après leur puberté. (5)

 

notes : Vivianne