(p 367 et suivantes). " Pont l'Abbé n'est plus guère aujourd'hui qu'un petit port de pêche et d'échouage. Autrefois, la ville a eu ses jours de gloire. elle a été le centre d'une des plus puissantes baronnies de Bretagne, elle a eu son enceinte de murailles dont il reste encore des traces, mais qui fut démantelée, car elle ne se soumit pas sans résistance au pouvoir royal, et il fallut qu'en 1501, un édit enjoignit aux seigneurs de Pont-Labbé de « ne plus s'inscrire seigneurs du duché de Bretagne, et de ne plus porter les armes de ce duché ». Il y eut aussi à Pont-Labbé, en 1673. la révolte contre le papier timbré établi par Louis XIV. La ville a gardé bon aspect, et c'est un plaisir d'y entrer, même quand il pleut, après une longue course en voiture. Les maisons de granit, à moulures et à lucarnes, ont cet air sérieux des logis qui existent depuis deux ou trois siècles, qui ont été bien construits et qui sont restés solides. Le quai est ombragé d'arbres, et le port tait un joli paysage avec ses bateaux, la ligne des maisons, et le clocher posé sur la ville comme un couvercle. Les bâtiments du couvent des Carmes ont été démolis, et le cloître a été reconstitué à Quimper, inauguré le 17 mars 1902. L'église est l'ancienne chapelle de ce couvent, de la fin du XIVè siècle, restaurée au XVIè siècle, et qui garde un portail ogival, une rosace jolie, des tombeaux d'abbés et de barons. Toutes les têtes de femmes, ici, sont coiffées du bigouden, que l'on croit orné de dessins phéniciens, morceau d'étoffe, drap ou velours, posé sur le dessus de la tète, qui laisse visibles les cheveux de la nuque, et qui est surmonté d une toute petite coiffe nouée sur le côté du visage. Les jupons sont de longueurs différentes, laissant voir leurs bordures de velours; les manches aussi sont ornées, de même que les corsages jaunes ou rouges, et le tablier de couleur achève le costume. Les vestes des hommes sont brodées d'ornements, lesquels sont parfois des sentences. Les hommes sont coiffés de chapeaux ronds, à petits bords, garnis de rubans de velours. Les femmes, rondes comme des cloches du fait de ces jupons, semblent des Hollandaises ou des Lapones. Elles passent pour laides, mais il y en a de fort jolies. La vérité, c'est qu'elles sont surtout singulières pour ceux qui les voient en gardant une idée préconçue de la beauté, avec leur visage court et plat, leur nez un peu camus, leurs yeux bleus préoccupés, couleur de mer et de bleuet, au regard souvent fixe. Toutes n'ont pas le teint hâlé, couvert de taches de rousseur, mais le teint blanc et rosé, le teint des femmes du pays du Nord. La route de Penmarch suit une direction sud-ouest, grimpe sur une hauteur, à travers des landes, des pins et des cultures. On peut faire un arrêtai: château de Kernuz , appartenant à la famille Du Châtellier, et visiter le musée où sont nombreux les objets intéressants : tels les diadèmes druidiques en or massif, et tant de figurines romaines en terre cuite trouvées à Tronoan, apportées en Gaule par les soldats romains, dieux lares en voyage, précieux fétiches, pour la plupart des Vénus et des Junon, parmi lesquelles une particulièrement charmante, une Vénus svelte, élégante, de joli mouvement, une main qui caresse les cheveux, l'autre qui pend sur la hanche, les hanches légèrement indiquées, les seins haut placés, la coiffure ronde, divisée en bandeaux. Il y a aussi à voir une sépulture gauloise, un étrange menhir sur lequel ont été sculptées les figures de Mars, Mercure, Hercule. |