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Les documents An deulioù

 

OGEE : (Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne ...). vers 1780. 


Paimpont; abbaye et paroisse, située dans la forêt de son nom; à 15 1. au S.-S.-O. de Saint-Malo, son évêché [aujourd'hui Rennes]; à 7 l.1/2 de Rennes, son ressort, et à 3/4 de 1. de Plélan, sa subdélégation. On y compte 4000 communiants , y compris ceux de Saint-Peran *, sa trêve. La cure est présentée par le chapitre de l'abbaye , et c'est un moine de cette maison qui fait les fonctions de curé. Ce territoire est un pays montagneux et couvert, qui renferme des terres labourées, des landes, et la forêt de Paimpont ou de Brécilien, qui peut contenir environ vingt-trois mille arpents* de terrain, plantée en futaie et surtout en taillis. A l'extrémité de cette forêt est une forge à fer*, renommée par la bonté de la matière qu'on y élabore. C'est de là que l'on tirait jadis le fer dont on avait besoin pour l'arsenal de Brest. On prépare et on blanchit tous les ans, dans le village du Canet, pour plus d'un million de fil et de toile*. 

Les jurisdictions sont : Brécilien , maîtrise particulière des eaux, bois et forêts, haute-justice, à MM. le président de Cuillé et de là Chasse-Dandigné, seigneurs des forges de Paimpont : la haut-justice de Brécilien par Corzanne, et des hautes et basses Rivières, appartient aux mêmes seigneurs. Le Brieux, haute-justice; Brécilien par Guillard et la Ville-d'Anet, haute-justice, à M. de Montigni; Brécilien par Beauvais, haute-justice, à M. de Farci de Saint-Laurent; Brécilien par Thelouet, trudo, Trédeal, et le Heri, haute-justice, à M. de Bouexic-Campel; Brécilien par Saint-Penas, haute-justice, aux religieux de Paimpont; Brécilien par Folle-pensée et le Pertuis-Nanti, haute-justice, à M. du Breil du Ruis; Beaulieu, haute-justice, et la Ville-cerf, moyenne-justice, à M. de Servande. 

L'abbaye de Paimpont fut fondée, en 630, par Judicaël, roi de Bretagne , qui la soumit à l'abbaye de Saint-Méen de Gaël*. Il s'y tient une assemblée considérable aux fêtes de la Pentecôte*. L'an 1138 , la forêt de Paimpont était peuplée de plusieurs faux hermites, de la secte d'Eudon ou Eudes de l'Etoile, imposteur insigne, né à Loudéac : il se disait fils de Dieu, et se faisait adorer en cette qualité par ses disciples. Ces fanatiques en voulaient beaucoup au clergé, surtout aux évêques; ils se multiplièrent de telle sorte, en Bretagne, que Conan-le-Gros fut obligé d'envoyer des troupes contre eux. On en arrêta un grand nombre, qui furent condamnés à mort. (Voy. Loudéac) On remarque dans la forêt de Paimpont des vestiges d'un ancien château dont on ignore le nom. Je n'ai rien trouvé dans l'histoire qui ait pu donner les moindres notions sur cette place; ou ne peut même faire à cet égard aucune conjecture raisonnable.

Ce fut l'an 1273 [1211]* que le monastère de Paimpont fut érigé en abbaye-paroisse et donné aux chanoines réguliers de Saint-Augustin, pour y faire les fonctions de pasteurs et de curés, sous le nom de Notre-Dame de Saint-Salomon (de Saint-Judicaël) de Paimpont*. Le seigneur de Loudéac contribua généreusement au nouvel établissement de ces moines, leur accorda le droit de chasse et la permission de prendre tout leur bois de chauffage dans la forêt. L'étang de cette abbaye et celui de la Forge font la principale source de la rivière d'Aph [Aff], qui va se jeter dans celle d'Oust. La trêve de Saint-Peran, le prieuré de Talhouet. Franquemont et la maison de la Guillarde sont dans ce territoire.

 

Jean-Yves LE MOING (1990) :

" Le nom Brécilien attribué souvent à la forêt de Paimpont ne correspond qu'à un lieu-dit de cette commune. La forme Brocéliande apparaît commune une francisation récente, peut-être influencée par les termes gallo-roman brosse (buisson) et lande. Un autre lieu, Bercelien en Plouer sur Rance, paraît avoir la même origine. On y associe classiquement un nom d'homme, Silien ou plutôt Sulien.
Le fait de relier les différents lieux portant ce nom par une forêt mythique ne repose sur aucun fondement que la poésie et les légendes associées aux romans de la Table Ronde
".

Carte montrant le pourcentage de toponymes bretons dans le secteur de Paimpont :

- en jaune : de 5 à 20 %; en orange : de 20 à 50 %; en rouge : plus de 50 %


Jean-Yves LE MOING. Copyright.

Jacques Briard; Les mégalithes, ésotérisme et réalité. Editions Jean-Paul Gisserot. 1997

Les mégalithes arthuriens; p 103

Une des premières explications de la construction du temple de Stonehenge est à mettre au crédit de l'enchanteur Merlin. Au Xllè siècle Geoffrey of Monmouth (Geoffroy de Monmouth) raconte qu'une lutte fratricide entre Bretons et Saxons se termina le massacre de princes bretons qui furent enterrés près de Salisbury. Pour leur rendre hommage, le roi Uther Pendragon et son frère Aurèle souhaitèrent un monument grandiose. L'enchanteur Merlin lui suggéra alors de transporter en Angleterre la “Danse des Géants” qui s'élevait près de Killara en lrlande, pierres qui d'ailleurs venaient d'Afrique et n'étaient pas à un voyage près! Merlin les fit transporter sur des vaisseaux et dresser dans la plaine de Salisbury. Cette légende n'est pas sans intérêt car elle confirme que très tôt on avait remarqué la nature “exotique” des pierres de Stonehenge.

Dans les îles Britanniques aussi bien qu'en Bretagne de nombreux mégalithes ont été considérés comme des “Tombeaux d'Arthur". Au Pays de Galles le beau dolmen à portique (Portal Dolmen) de Gouer-Lyn-Bryn est appelé Tombe d”Arthur (Artus).

En l846 une gravure romantique de la revue “Le Magasin Pittoresque” montrait, en forêt de Brocéliande, un cercle de pierres près d'une mare appelé “Tombeau de Merlin”, monument soit disparu soit imaginaire. A l'heure actuelle il subsiste près du hameau des Landelles, Paimpont, un Tombeau de Merlin, objet de culte et de  superstitions. Il s'agit de 3 pierres près d'un vieux houx dont les branches recèlent les “gris-gris” et les guirlandes de toute sorte, druidiques, bouddhiques, arthuriennes ou mystiques... Les écoliers glissent parfois dans les interstices des pierres de naïfs messages tels que “Merlin fait que je sois reçu à mon examen" Par ailleurs le monument peut être le réceptacle d'âmes. Un photographe tragiquement décédé fut incinéré et sa famille fit disperser ses cendres autour du tombeau. Ce monument a une histoire car à la fin du siècle c'était une belle allée couverte de l5 m de long décrite par F. Bellamy. Hélas le cupide propriétaire la détruisit pour chercher un hypothétique trésor. Ce culte “arthurien” remonte au début du XIXè siècle. Un érudit de Montfort, M. Poignand, relate en effet: "J'ai cru reconnaître le Tombeau de Merlin et celui de son épouse, proche  de l'abbaye de Talhouet au bord de la forêt de Brecilien. Ils ont été abattus depuis environ 20 ans par le peuple pour y chercher des trésors".  Quant au Tombeau de Viviane il fut d'abord localisé a l'allée couverte des Roches Noires à l km à l'Ouest du Tombeau de Merlin. Mais actuellement l'Hotié de Viviane est un beau coffre mégalithique qui domine le Val sans Retour où la fée Morgane retenait les amants infidèles. Curieusement cet Hotié de Viviane s°appela jadis le Tombeau des Druides.  L' Imaginaire arthurien a ici éliminé le légendaire gaulois. Ces monuments vivent dans l'imagination de leurs adorateurs. F. Bellamy eut cette sage pensée en son magistral ouvrage sur Brocéliande: “Merlín et Vivianne ont bien sûr quelque part leur tombeau en Brocélíande; nul site, nul édifice ne sont plus en harmonie que les dolmens des Landelles... Si ce n'est là leurs tombeaux c'est là qu'ils devraient être “