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Breizh Bretagne |
Bro Leon Pays de Léon |
Enez Eussa Ile d'Ouessant |
pajenn bet digoret ar 01.12.2010 | page ouverte le 01.12.2010 |
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Définition : Ile de la Bretagne historique; dans l'évêché de Léon.. Aujourd'hui : commune de la région économique dite "de Bretagne", département du Finistère; arrondissement de Brest; chef-lieu de canton. Superficie : 1560 ha. Population : 1500 habitants vers 1780; 1814 hab. en 1968; 1065 hab. en 1994; |
Blason; armoiries : * Éditions Flohic : "Ce sont les armes de la famille Eussaf d'Oixant accompagnées de la devise "Mar kouez en em sav", "S'il tombe, il se relève". * Froger et Pressensé : |
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Paroisse : église sous le vocable |
Histoire : * Ogée (1780) : Ile-d'Ouessant; la première île connue en Bretagne; à 18 lieues 1/4 à l'O.-S.-O. de Saint-Pol-de-Léon, son évêché; à 57 lieues 1/2 de Rennes; à 9 lieues 3/4 de Brest, sa subdélégation, et à 4 lieues 1/2 de là terre ferme. On voit dans cette île l'uxantisina de l'empereur Antonin, qui a régné en cette qualité depuis l'an de Jésus-Christ 140 jusqu'en 153. Saint Pol, premier évêque de ce diocèse, vivait dans l'île d'Ouessant avec douze disciples, dans l'endroit nommé le Port des Bœufs, où il bâtit une chapelle et un monastère qu'il nomma Lampool, et qui subsista jusque vers l'an 1000. Cette île contient environ quatre mille cent cinquante arpents de terrain; elle renferme une paroisse, plusieurs hameaux et villages, avec un château pour la défendre contre les corsaires; et elle est entourée de plusieurs autres petites îles et d'une grande quantité de rochers. Ses abords sont défendus par la rencontre de sept marées différentes qui s'entrechoquent, et qui forment un remous si considérable qu'un vaisseau de cent tonneaux serait englouti sous les flots, s'il n'évitait la rapidité du courant; ce qui est occasioné par la quantité prodigieuse de rochers qui environnent l'île, lesquels ne donnent qu'un passage que les habitants ont ménagé : sa situation affreuse la défend contre les entreprises des ennemis. L'église paroissiale est desservie par un recteur et deux vicaires. Le nombre des habitants est de 1500. La cure est présentée par l'évêque. Les hommes ne s'occupent qu'à la pêche, et les femmes labourent la terre. Ce territoire est fertile en grains; on y voit des pâturages excellents, beaucoup de bétail, surtout des moutons, des vaches et de petits chevaux fort vigoureux*. A l'exception du vin, dont ils manquent, ces habitants heureux pourraient se passer du reste de l'univers. Il y a cent cinquante ans que ce peuple vivait dans la plus parfaite union; il n'avait pas même l'idée du vice. S'il s'élevait parmi eux quelque légère contestation, elle était terminée, en présence de tous les paroissiens, par le premier gentilhomme qui se trouvait à la sortie de la grand' messe paroissiale, devant la porte de l'église, et ce jugement était en dernier ressort. La pureté des mœurs était à couvert de la corruption; les jeunes gens étaient chastes jusque dans leurs paroles, et si l'un d'eux eût fait quelque chose contre la pudeur, il n'eût pu trouver une épouse dans toute l'île. L'innocence y règne encore aujourd'hui; le travail continuel y conserve la candeur, et fait jouir tous les habitants, sans exception, d'une honnête aisance. — L'an 1388, cette île fut ravagée par les Anglais, qui en brûlèrent toutes les habitations. — Au mois de mars 1597, l'île d'Ouessant fut érigée en marquisat, par le roi Henri IV, en faveur de René de Rieux de Sourdéac, baron du Bourg-l'Evêque, chevalier des ordres du roi, capitaine de cinquante hommes d'armes, et lieutenant-général en Basse-Bretagne. — René de Rieux, second fils de Jean, seigneur de Château [ceci n'a pas de sens; il faut lire : sire de Châteauneuf], et de Béatrix de Jonchères, fut élevé enfant d'honneur du roi Charles IX : il porta les armes dès l'âge de quatorze ans. En 1572, il se trouva au siège de La Rochelle et à plusieurs autres, où il se fit distinguer par la plus héroïque valeur. Le roi Henri III lui donna, en 1586, une compagnie de chevau-légers, et le fit ensuite lieutenant de la compagnie des gendarmes du seigneur de Belle-Garde, et bientôt après capitaine. Après la mort de Henri, il s'attacha à son successeur, dont il suivit toujours le parti pendant les guerres de la Ligue. Il défit dans plusieurs rencontres les troupes du duc de Mercoeur, et réduisit plusieurs places de Bretagne sous l'obéissance du roi. Il conserva la paix dans cette province, dont il était lieutenant-général, et travailla avec le maréchal d'Aumont à faire rentrer les autres places dans le devoir. Ce fut en reconnaissance de ses services que le roi lui donna, le 3 janvier 1597, le collier de ses ordres, avec le gouvernement de Brest, et érigea en marquisat l'île d'Ouessant, qu'il avait obtenue de Rolland de Neuville, évêque de Saint-Pol-de-Léon.— René de Rieux de Sourdéac suivit le roi, en 1600, à la conquête du duché de Savoie, et mourut à Assé, dans le Maine, le 4 décembre 1628. Il avait épousé Susanne de Saint-Melaine, dame de Boulevêque [du Bourg-l'Evêque], du Pin en Anjou, de Mont-Martin, et autres lieux. L'aîné de leurs enfants se nommait Gui de Sourdéac. René, le cadet, évêque de Saint-Pol-de-Léon en 1613, fut maître de l'oratoire du roi Louis XIII; il accompagna la reine Marie de Médicis lorsqu'elle sortit de France pour se retirer en Flandre. Ce fut à cette occasion qu'il fut accusé du crime de lèse-majesté, pendant le ministère du cardinal de Richelieu, qui lui fit faire son procès par quatre évêques français, que le pape Urbain VIII nomma commissaires. René fut déposé, par jugement rendu le 31 mai 1635, et son évêché fut donné à Robert Cupif. Lorsque le cardinal fut mort, René de Rieux appela du jugement rendu contre lui au pape Innocent X, qui nomma de nouveaux commissaires pour la révision du procès. L'assemblée du clergé, en 1645, fit auprès du roi des instances qui le firent absoudre et rétablir dans son évêché, par sentence du 6 septembre 1646G. Robert Cupif s'opposa à l'exécution de la sentence, et fut maintenu, par arrêt du Conseil, dans son évêché jusqu'en 1648, que le roi le nomma à celui de Dol; et René de Rieux rentra dans son évêché de Saint-Pol-de-Léon, où il mourut d'apoplexie le 8 mars 1651. — Gui de Rieux, seigneur de Sourdéac, succéda à son père au marquisat de l'île d'Ouessant; il fut gouverneur de Brest et premier écuyer de la reine Marie de Médicis, dont il suivit la fortune. Il sortit de France avec cette princesse, et fut déclaré criminel de lèse-majesté par l'arrêt de l'an 1631. Il mourut dans son château de Neubourg, le 14 novembre 1640. Il avait épousé Louise de Vieux-Pont, fille aînée et héritière d'Alexandre de Vieux-Pont, baron de Neubourg, et de Renée-Lucrèce de Tournemine, dame de Coëtmeur, de laquelle il eut plusieurs enfants. L'aîné fut Alexandre de Rieux de Sourdéac, marquis d'Ouessant, qui épousa, le 10 janvier 1614, Hélène de Clère, fille du baron de Beaumetz, de laquelle il eut Paul-Hercule, Renée-Louise et Anne-Hélène. Paul-Hercule mourut sans postérité, le 30 octobre 1709. Contrat d'acquisition de l'île d'Ouessant, fait au nom et profit du roi, le 14 avril 1764 [pour une nomme de 30,000 livres et une, rente viagère de 800 fr.] Lettres-patentes qui portent que cette île sera affectée au service de la marine. — Les Etats de Bretagne ont accordé à ces insulaires le privilège de faire entrer chez eux une certaine quantité de barriques de vin et d'eau-de-vie sans payer aucuns droits aux fermiers*. ***** * Jaques Cambry (1799) : "D'Aber-Udut à l'île d'Ouessant, on ne compte que trois lieues; cette île est à cinq lieues du Conquet, à pareille distance à peu-près, de Saint-Mathieu : elle a sept lieues de circuit, ses côtes sont très-escarpées, inaccessibles, si vous en exceptez quelques anses où l'on peut débarquer. La principale habitation d'Ouessant est située dans le nord de l'île. La population générale de ce pays particulier, était de quatorze à quinze cents personnes, avant la révolution : ses habitans le nommaient Ussa; les Anglais, Ushant; Pline, Axantis, etc.1 Elle fut exposée jadis aux incursions des habitans du nord, si nous en croyons les vers de le Breton, liv. 7. de sa Philippide.3 Et qui rostratis ratibus secat aequor Alanus Piratas secum assumat quibus utitur ipse, Quum Grenesim rebus juvat expoliare vel Ossam. L'imagination a tellement embelli le portrait de cette île, qu'on la croirait un paradis terrestre : on y vit comme dans l'âge d'or; les propriétés y sont si respectées, qu'une bourse trouvée se dépose dans le cimetière, sans qu'on touche à l'argent qu'elle contient; la charité, l'égalité, l'amour y sont les bases de la société. Content du strict nécessaire, on n'y voit régner ni la somptuosité, ni le... ------- 2 Son véritable nom, en celto-breton, est Heussaf. Elle le porte encore dans des titres du 16è siècles. Ce mot signifie effroi, terreur; nous n'entreprendrons pas d'expliquer pourquoi un pareil nom a été imposé à cette île. Est-il dû à l'effroi que ses dangereux abords inspirèrent aux premiers navigateurs ? (F). 3 Guillaume le Breton, l'un des poètes les plus renommés du moyen âge, composa au l3è siècle un poëme héroïque sur les faits qui signalèrent le beau règne de Philippe-Auguste. Ce poëme, en vers latins, est estimé. Il a été depuis peu imité en français. (F.) ------- ... luxe de nos tables : une longue vieillesse est la récompense de cette modération céleste, sans laquelle il n'est pas de bonheur sur la terre. Jamais un vil intérêt ne préside aux mariages qui s'y contractent; la fidélité les couronne, la constance les accompagne; le cortège des vertus douces et du bonheur, existe dans les ménages, que l'atroce et sombre jalousie n'a jamais souillés d'un soupçon : l'ambition qui ravage la terre ne règne pas sur les rochers d'Ouessant, et l'ennemi ne vint jamais leur arracher les présens de Neptune. Les contestations sont réglées par un sage qui proche la paix, le travail, toutes les vertus, et dont l'empire est celui d'un bon père au sein de sa douce famille. En lisant de pareils détails, on se croit transporté dans le tems des féeries, sur les rivages du Lignon, et près des nymphes de l'Astrée. J'aime qu'un romancier embellisse ses fables, décore ses palais de colonnes, de diamans et de corniches, d'émeraudes. Mais un historien doit rejeter ces jeux brillans d'une imagination mensongère. La vérité, quelque froide, quelque sèche qu'elle se présente, doit être retracée par lui. Ce pays célébré dans le roman de Sauvigny, est le séjour des vents et des tempêtes. La sobriété, la modération, y sont le fruit de la misère; les portes des maisons y sont sans clefs, ouvertes à tout le monde, parce que leur intérieur n'offre rien à l'avidité, à la cupidité des hommes; parce que l'objet enlevé ne pourrait être employé, vendu, sans qu'on en connût le voleur; les vices de notre monde n'y règnent pas à la vérité, mais cet état n'est pas le fruit des principes ou de la réflexion; c'est le résultat nécessaire de toute absence de sensibilité, d'imagination, de cet état où l'homme n'établit que par un mouvement matériel, une différence entre son existence et celle du rocher qu'il habite : ces hommes enlevés pour la marine éprouvent, en s'éloignant de leur habitation sauvage, le désespoir des Suisses absens de leurs chalets, des Lapons conduits à Paris, de ces sauvages du Groenland qu'étouffait l'air trop chaud, pour eux, d'un hiver très-froid de la France. L'atmosphère à laquelle nos poumons sont habitués dans l'enfance, le théâtre de nos premières émotions, le lieu qui satisfit à nos premiers besoins est presque toujours celui qu'une sensation matérielle nous fait regretter, sans que notre intérêt et la raison nous le commandent. Affaissement, dégoût, vapeurs, tristesse, mélancolie, nos plaintes, nos regrets, sont alors les suites d'une disposition physique; elle occasionne ce grand amour pour la patrie, que nous attribuons à des idées sentimentales. L'habitant de l'île d'Ouessant cultive quelques champs, nourrit des troupeaux de moutons; il porte à Brest les produits de sa pêche, il en rapporte les ustensiles dont il a besoin, il aime peu le séjour de la grande terre, ne s'allie guère avec des étrangers; heureux plutôt par l'absence du mal que par la présence du bien : les classes, les levées d'hommes exercées par la marine, sont le seul tourment qu'il éprouve. Les femmes y labourent la terre; il faut des obstacles invincibles pour que les hommes ne retournent pas au printems dans leur île. Il n'existe qu'une seule auberge dans Ouessant, qui ne donne jamais plus d'une bouteille de vin, par jour, au même individu. De tout tems le vin qu'on peut distribuer à chaque individu, et le bénéfice du vendeur ont été fixés. Les moutons y paissent en commun; chaque propriétaire reconnaît les siens à sa marque, connue de tout le monde. On les sépare pour la tonte. On ne voit pas un pauvre dans Ouessant; c'est le pays de la médiocrité, de la paix et de l'hospitalité. Les filles y font les démarches nécessaires à leur mariage : elles vont sans autre explication demander à dîner à la famille de leur amant; l'amant, pour toute réponse, conduit au cabaret le père ou le tuteur de celle qu'il aime : le mariage alors n'a plus besoin que des formalités ecclésiastiques. On sent que de douces œillades, de petits soins, quelques baisers ont précédé ces déclarations simples. C'est avec du goémon et de la fiente de vache qu'on cuit le pain dans l'île d'Ouessant; on chauffe l'âtre, on y met la pâte qu'on recouvre de cendre chaude : la cuisson s'opère très-bien. On ne payait dans l'île aucun droit sur le vin. Les bonnes gens de ce pays ont les premiers chassé leur curé réfractaire. Depuis, ils ont chassé deux prêtres assermentés; ils sont assez contens du vicaire qui les dirige. Les mœurs, les rêveries, la manière de vivre d'Ouessant, sont à peu-près celles de l'île de Baz, celles des côtes que j'ai décrites; le costume est le même, à quelques différences près. 1 J'ai parlé de l'extrême petitesse des chevaux d'Ouessant; ils sont très-légers à la course et plus forts qu'on ne le croirait. Ouessant, par une suite d'îlots, de bancs de sables et de rochers; s'unit à la côte du Conquet et de Saint-Mathieu. Cette chaîne court au sud-ouest : les îles de Balanec, d'Equinet, de Quémencé, de Béniguet 2; la grande terre assez élevée, le clocher du Conquet, de Lochrist et de Saint-Mathieu, sont les principaux objets de ce beau point de vue; on aime à suivre au milieu de tant d'obstacles les mouvemens variés de la mer, et les sinuosités bizarres des cantons de Ploudalmézeau, de Saint-Renan et du Conquet, toujours battus, toujours dévorés par l'Océan. Ces aspects, au reste, sont plus grands, plus sauvages, plus mélancoliques que pittoresques. ------- 2 Sur l'île de Molène, on voyait naguères encore les restes d'un Cromlec'h celtique. Dans celle de Beniguet, il y a quelques Men-Hirs et deux de ces Dolmens d'une construction particulière, que les anciens auteurs désignaient sous le nom de Cellœ ( loges ou cellules ), parce qu'ils sont fermés de toutes parts. Ils sont en effet composés de quatre pierres plates, plantées verticalement, en carré, et soutenant la plate-forme. Ces sortes de Dolmens sont moins communs que les autres, quoique nous en ayions vu plusieurs, notamment dans le pays Chartrain et l'Anjou. Des ossemens humains ont été trouvés sous ceux de l'Ile Beniguet. Les Druides se faisaient enterrer sous les autels qu'ils avaient desservis pendant leur vie. (F.) ***** * J.-F. Brousmiche (1829, 1830 et 1831) : "La plus considérable de ces îles, est celle de Ouessant, l'Axanthis de Pline, l'heussaf des anciens celtes. Cette île, qui peut avoir quatre lieues de circuit, renferme près de trois mille habitants qui se livrent à la pêche, au pilotage des navires qui passent en vue d'Ouessant. Marins expérimentés, ils parcourent, dans de frêles embarcations, les mers redoutables de leur archipel semé d'écueils; seuls, ils connaissent les points où l'on peut aborder leur île dont les côtes, coupées à pic, forment des falaises verticales, effroi des navigateurs. Le phare d'Ouessant domine sur les rochers qui l'environnent; c'est le plus élevé de ceux établis sur les côtes de l'Océan.N'allez pas croire, sur la foi de Cambry, à la perfection de l'espèce humaine à Ouessant. La fourberie, l'astuce y règnent comme sur notre continent, et je ne conseillerais à personne d'y laisser son coffre-fort à la garde de chacun; le lendemain, on pourrait le trouver vide. Le temps n'est plus où l'on trouvait l'objet volé à la corde de la cloche de la paroisse. L'âge d'or a fui d'Ouessant qui est loin de l'utopie rêvée par l'auteur du Voyage dans le Finistère. S'il se trouve moins de vices à Ouessant qu'ailleurs, c'est que seulement les occasions d'y être vicieux sont plus rares et qu'il est plus difficile d'y cacher ses défauts. La honte d'être découvert commettant une mauvaise action, produit seule, chez le Ouessantin, l'apparence de la vertu. Dans ce coin du monde que l'on a peint de couleurs si séduisantes, la maladie du siècle, l'égoïsme, s'est aussi introduite, le paradis d'Ouessant ne vaut pas mieux que la grande terre, et, comme sur la grande terre, l'intérêt est le seul mobile qui fasse agir les insulaires. Malgré l'âpreté du climat les hommes sont, à Ouessant, forts et vigoureux, et les femmes y ont le teint moins hâlé que l'on ne pourrait se l'imaginer. Il en est quelques unes qui sont fraîches et jolies; mais elles ne sont ni moins coquettes, ni plus fidèles que celles du continent. Ouessant produit peu de bleds; l'orge est le grain qui s'y récolte avec le plus d'abondance. Cette île est renommée pour ses moutons qui, quoique d'une petite espèce, ont un goût exquis, et dont le manger est recherché des amis de la bonne chère. On fait aussi un grand cas des chevaux d'Ouessant remarquables par l'exiguïté de leur taille; ils sont vifs, légers à la course; ils ont le pied aussi sûr qu'une biche, sont infatigables et propres à porter de lourds fardeaux. La race s'en altère sensiblement, faute de soins". ***** * Marteville et Varin (1843) : ILE D'OUESSANT; commune formée de l'anc. par. de ce nom; aujourd'hui cure de 2e classe: chef-lieu de perception.— Limitée de tous côtés par la mer. (V. le Supplément pour tous les documents cadastraux. ) Ouessant est une des plus importantes îles de Bretagne, plus cependant par sa superficie que par ses productions, Pline (IV. 30) place cette île dans la Mer britannique, et la nomme Axantos et Axantis; l'Itinéraire d'Antonin la désigne sous le nom de Uxantisena; les anciens habitants l'appelaient Heussa et Heussan; les Gallois d'Angleterre Ushant. Sans trop attacher d'importance aux étymologies, nous croyons qu'il est aisé de soutenir la frappante analogie qui existe entre ces divers noms. L'Axantos de Pline est une erreur, et doit a voir été écrit par cet auteur Uxantos, ce qui cadre parfaitement avec l'Uxantisina (nom que les écrivains qui citent sans jamais remonter aux sources ont défiguré en Uxantissima et en Uxantisina, etc.) de l'Itinéraire, qui n'est lui-même qu'une corruption du nom primitif de Ushant, Inis. Ux et uch sont, selon Bter, un même radical qui veut dire élevé, supérieur, respectable; ushan ou heussa ou heussan sont le superlatif, ou très-élève, très-supérieur, très-respectable. Ushant-Inis ou Ushant-Enez signifie donc Ile des très respectables; or, cette dernière qualification était, s'il faut en croire Bullet, souvent donnée aux druides, et les druides d'Ouessant étaient célèbres dans toute la Gaule. — Peut-être aussi la qualification de très-élevée n'est elle pas prise au figuré, et veut-elle dire simplement Ile très-élevée, ce que justifie la conformation d'Ouessant. — Si cette étymologie est admise, nous n'avons plus à discuter ce qui a été dit, que Heussœ était l'Ile de la Terreur, étymologie qui nous semble sans fondement. Ajoutons seulement que, lorsque l'on consulte Pline, l'Itinéraire et Pomponius Mêla, on se demande s'il n'y a pas eu quelque confusion entre Sein et Ouessant. — Saint Pol ou saint Paul, venant d'Angleterre, dit la tradition, aborda à Ouessant vers 512; mais les habitants en étant trop-barbares, le saint quitta l'île, et finit par se fixer dans celle de Batz. (Voy. ci mot.) — On a dit que cette île fut donnée par Chilpérick à saint Pol. C'est sans doute par induction; car les Bollandistes nous apprennent que Chilpérick donna le Léonai et le territoire d'Ack a saint Pol : «Agnensem (archidiaconé d'Ack) Leonensemque pagos.... tradidit.» (Apud Bolland die 12 martii.) — Lampaul (voy. sur l'origine de ce motif commune de ce nom), dédiée à saint Pol, est la principale agglomération d'habitants et le siège de l'église curiale.— On a écrit bien des fables sur Ouessant; l'on en a fait successivement un Eldorado, ou un pays sauvage. Sans tomber dans ces deux excès, on peut dire que cette île est vraiment digne d'être étudiée dans ses mœurs et ses habitudes A Ouessant, les hommes pèchent; les vieillards et les enfants les aident pendant l'été; les femmes cultivent la terre élèvent les enfants et soignent les vieillards. Chacun cultive ce qu'il possède, et l'on ne pourrait citer dans toute l'île une seule ferme d'un revenu de 150 fr. Le blé vient mal; l'orge est la meilleure récolte. L'un et l'autre son faits à la bêche : car la charrue est encore inconnue dans cette île. Le lin est cultivé, et sert à confectionner les habillements des habitants. Les travaux sont faits en commun par plusieurs familles, qui partagent ensuite, ou bien qui s'aident successivement. Ce sont encore les femmes qu confectionnent les vêtements, qui sont moitié laine, moitié fil.— L'hospitalité pour les naufragés est un culte à Ouessant et le vol y est chose inconnue. — Jadis il n'y avait rien de plus misérable que les demeures des habitants; celles que l'on construit aujourd'hui sont mieux aérées et plus conformes aux règles de l'hygiène. — Le bois est rare. A l'exception de quelques ormes et de quelques pommiers, on voit peu d'arbres dans l'île; mais il est inutile de relever ce que l'on a dit qu'il n'y en avait qu'un. — La rareté du bois étant extrême, les Ouessantins se servent, pour presque tous leurs usages, d'une espèce de mottes à brûler, nommées glouats, et qui sont un mélange de fumiers et de warecks. C'est sous la cendre formée par ces glouats que chaque famille cuit son pain.— Le nombre des indigents est considérable, et cela s'explique suffisamment par le manque absolu de commerce; c'est à tel point qu'il n'y a pas un seul marché dans toute l'île; chacun n'a que ce qui lui est nécessaire; or, un marché suppose l'échange réciproque et régulier des excédants. — L'île nourrit environ six mille moutons; ces animaux sont petits, mais d'excellente qualité. Tant que la récolte est sur pied, on parque ces moutons dans des enclos ou grands quadrilatères allongés entourés de murailles près desquelles tour à tour il s viennent chercher asyle, selon la direction dans laquelle souffle le vent. Quand les terres sont dépouillées de leurs récoltes, l'île entière est abandonnée à ces animaux, et se transforme pour eux en une vaste pâture où ils errent en liberté.— Ouessant fournissait autrefois une race très-recherchée de chevaux remarquables par leur vivacité et l'élégance de leurs formes, non moins que par l'extrême petitesse de leur taille : cette race diminue de jour en jour. M. de Kergariou a essayé, il y a quelques années, de la régénérer à l'aide de croisements avec des étalons corses, qui ont beaucoup d'analogie avec les chevaux d'Ouessant; nous ignorons si cette tentative a été heureuse. — Comme les moutons et les chevaux, les vaches d'Ouessant sont petites; mais aussi elles sont bonnes laitières. Notre auteur a parlé, ainsi que beaucoup d'autres qui ont écrit avant et après lui, des mœurs anciennes des Ouessantins comme d'une chose encore contemporaine. Ou comprend que cette île, que la civilisation presse de toutes parts, n'a pu conserver intactes ses anciennes et bizarres traditions; elles n'en méritent pas moins de trouver place ici. Jadis les jeunes filles s'offraient en mariage. Le jeune homme prévenu qu'une telle démarche allait avoir lieu se mettait au lit et attendait la demanderesse, qui se présentait un morceau de lard a la main. S'il acceptait le lard et en mangeait, l'admission de celle-ci dans la famille était probable; s'il refusait, tout était à jamais rompu. Entrée dans la famille, la jeune fille y passait un certain temps d'épreuve ou de noviciat marital, à l'expiration duquel, s'il n'y avait pas une convenance réciproque, elle retournait chez ses parents, sans que personne songeât à la critiquer; car les mœurs étaient trop pures pour que ce séjour près de celui qu'elle voulait épouser pût être dangereux pour elle. — Un marin d'Ouessant venait-il à périr en mer et loin de son île ? On portait dans sa maison une croix à laquelle on rendait tous les honneurs funèbres que l'on eût rendus au défunt, s'il eût été là. — Les mœurs actuelles, sans être ce qu'elles étaient autrefois, ont conservé l'empreinte de cette vie tout à part. — Le costume des Ouessantins n'est pas en tout point semblable à celui des habitants du Léonnais, encore bien qu'il s'en rapproche beaucoup. Les femmes, entre autres, portent avec élégance un costume original dont la partie principale est une coiffe italienne d'où les cheveux s'échappent et pendent sur le cou à toute leur longueur. Tout ce qu'on peut regarder dans l'île d'Ouessant comme un reste ou plutôt comme un témoin de l'ancienne existence du culte druidique, c'est ce que l'on nomme encore le Temple des païens. M. l'amiral Thévenard, qui a publié un assez long article sur Ouessant (Mémoires relatifs à la marine, tome 2), en a donné une description. Ce sont des murailles qui bordent la mer, et qui forment un enclos de 100 m. sur 50; ces murailles ont 1 m.60 de haut.— On remarque encore sur la pointe dite Corne des Gaules une rangée de pierres druidiques dont la disposition nous est inconnue. Ouessant s'unit à la côte du Conquet et de Saint-Mathieu par une suite d'îlots et de rochers qui court du nord-ouest au sud-est. Ce sont, entre autres, les îles Bannec, Balanec, Molène, Triélen, Quémenès et Béniguet.— Les rochers à fleur d'eau qui lui servent de ceinture provoquent ces courants très-compliqués qu'Ogée appelle sept marées différentes. Ces courants, secondés par la violence des vents et le mouvement réel des marées, rend le passage de terre ferme à l'île d'Ouessant dangereux pendant les deux tiers de l'année. — L'on a élevé récemment sur la pointe nord-est de l'île un phare de premier ordre, par 48° 28' 31" de latitude, et 7" 23' 41" de longitude. Ce phare est élevé de 83 m. au dessus du niveau des plus hautes marées, et projette son feu fixe à plus de six lieues marines. — Archéologie : Alb. de Morlaix, p. 185, 1936. — Géologie : constitution granitique. — Ou parle le breton et le français. ***** * Bernard Tanguy (1990) : * Éditions Flohic (1998) : * Daniel Delattre (2004) : " |
Combat naval du 27
juillet 1778
entre la marine française, sous les ordres du lieutenant Louis Guillouet-d'Orvilliers, et la marine anglaise, sous les ordres du vice-amiral Augustus Keppel. Bataille sans victoire décisive. |
Guillouet |
Keppel |
Emgann war vor 27 Gouere
1778
etre morlu Bro-Vrans, kaset gant al letanant Louis Guillouet-d'Orvilliers, hag morlu Bro-Saoz, kaset gant an eil-amiral Augustus Keppel. Emgann hep gwir trec'h. |
i Bataille d'Ouessant Huile de Theodore Gudin (lien direct Wikipédia) Félix Benoist. La Bretagne contemporaine. 1865 |
Patrimoine.
Archéologie :
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Étymologie : - Ogée (vers 1780) : - Marteville et Varin (1843) : - Bernard Tanguy (1990) : . - Éditions Flohic : - Daniel Delattre (2004) : ------------ Observations JCE : |
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Bibliographie :
* OGEE : Dictionnaire de Bretagne; vers 1780 * Jacques CAMBRY : Voyage dans le Finistère. 1799. * J.-F. BROUSMICHE : Voyage dans le Finistère, en 1829, 1830 et 1831. Editions Morvran. 1977. * Mr le Chevalier de FREMINVILLE. continuateur, critique et correcteur de Cambry. 1836. * A. MARTEVILLE et P.VARIN : continuateurs et correcteurs d'Ogée. 1843. * M.N BOUILLET : Dictionnaire universel d'histoire et de géographie. Librairie Hachette et Cie. Paris. 1963. * Adolphe JOANNE : Département du Finistère. Hachette. 1878. * Éditions ARLAUD : Visions de France. Bretagne, de Brest à Roscoff. Lyon. 1930. * Éditions ALBIN MICHEL : Dictionnaire national des communes de France; Dictionnaire Meyrat; 1970. * Éditions FLOHIC : Le patrimoine des communes du Finistère; 1998 * Bernard TANGUY : Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses du Finistère; Chasse-Marée - Ar Men; 1990 * JC EVEN : Genèse de la Bretagne armoricaine. 1999. * Michel FROGER et Michel PRESSENSE : Armorial des communes du Finistère. Éditions Froger SA. 2001 * Daniel DELATTRE : Le Finistère. Les 283 communes. Éditions Delattre. 2004. |
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