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* MARTEVILLE er VARIN (1843) : 



DINAN : ville. Deux cures de première classe remplacent les anciennes paroisses : l'une est sous l'invocation de saint Sauveur, l'autre sous celle de saint Malo. Sous-préfecture; tribunal de première instance; recette particulière des contributions directes; direction d'arrondissement des contributions indirectes; chambre de commerce; chef-lieu de perception; bureau des douanes; bureau de l'enregistrement; bureau de poste et relai; collège communal; brigade de gendarmerie à cheval; bureau de bienfaisance; deux hôpitaux, dont un pour les fous; deux journaux politiques, le Dinannais et l'Impartial, paraissant chacun une fois la semaine; petit séminaire; société d'agriculture. — Limit. : N. Taden; E. Lanvallay, rivière de Rance; S. Lehon; O. Quévert.— Princip. vil!. : la Petite-Haye, Saint Marc, les Rouaries, Colombier, Goudelin, les Vieilles-Rues, les Capucins, Haut-Bourgueuf, Bas-Bourgneuf, le Grand-Jardin. — Superf. tôt. (les deux cantons E. et 0. réunis) 392 h. 46 a. 80 c., dont les princip. divis. sont : ter. lab. 218; prés et pat. 37; bois 7; verg. et jardins 57; landes et incultes 20; sup. des prop. bat. 10; cont. non imp. 36. Const. div. 1179; moulins 5 (de la Fontaine-des-Eaux, de la Roche, le Main, à eau). >>> Dinan est une ville remarquable par le pittoresque de sa position. Bâtie sur une vaste colline qui domine à gauche le cours de la Rance, à peu près à l'endroit où celle-ci cesse de subir l'action du flux et du reflux de la mer, Dinan était jadis nue des plus fortes places de la province, et sous les ducs de Bretagne a occupé un rang important; mais l'on ne sait rien de certain sur son existence, intérieurement au moyen-âge. — Quoique de grands efforts aient été faits pour rendre faciles les abords de cette ville, et que des rampes habilement ménagées rendent facile l'approche des voitures, ou peut, à l'aspect de la vieille rue du Jerswal, se faire encore une idée de ce qu'était autrefois l'entrée de Dinan.

Anciennes fortifications. — Une partie des fortifications subsiste encore, et contribue, du côté de la rivière, au pittoresque du site. Du côté opposé, les ruines, ou plutôt les constructions elles-mêmes du vieux château, sont encore le plus bel ornement de la promenade dite les Fossés, qui environne la ville du sud au nord, en passant par l'ouest.

— Ce château, qui sert en partie de prison, a dû être une les demeures de nos ducs de Bretagne, et on l'attribue à tort à la duchesse Anne, parce qu'on y fait voir aux voyageurs un siège en pierre pratiqué dans l'épaisseur du mur, et qui se nomme fauteuil de la duchesse Aune. Il est d'une construction qui semble remonter a la fin du XIIè siècle.

— C'est une énorme masse, qui se compose de deux tours liées. Deux fossés profonds le séparent de la ville : sur l'un les deux est un pont eu pierre d'une construction assez hardie; sur l'autre est un pont en bois qui remplace sans doute l'ancien pont-levis.

— Non loin de ces deux tours est, en tirant vers l'ouest, celle dite de Coëtquen, qui sert de poudrière, et en tirant vers l'est, la porte Saint-Louis, qui, construite en 1620, est la plus moderne des quatre portes le la ville.

— En suivant les murs, ou plutôt la promenade dite les Petits-Fossés, qui, sous le château, se nomme Parc aux Cochons, on arrive à la porte de Brest, que flanquent deux tours surmontées de toits pointus et disgracieux à l'œil. Enfin, en continuant vers le nord de suivre la même

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promenade, qui prend, à partir de la porte de Brest, le nom des Grands-Fossés, on arrive à la vieille porte Saint-Malo (1), qui termine la rue de l'Ecole, et à laquelle le lierre prête un aspect original. 

— On voit, enclavée dans la vieille rue de Jerswal, une des plus anciennes et peut-être même la plus ancienne des quatre portes de Dinan ; elle affecte la forme ogivale. En avant de cette porte, qui se nomme la porte du Jarswal, en était autrefois une autre, dite Saint-Sébastien. A droite et à gauche de celle-ci étaient deux forts bâtis pendant la Ligue. Elle a été démolie en 1777, et les matériaux ont servi à construire la cale du port, ainsi que nous le verrons plus bas. 

C'est sans doute ici le lieu de mentionner un fait militaire que l'histoire ne nous a point transmis, mais qui a été en quelque sorte introduit depuis quelques temps dans le domaine de cette science par l'interprétation de la fameuse tapisserie de Bayeux. Au milieu des événements que représente cet ouvrage si remarquable, il en est un que la légende énonce en ces termes : « Hic milites Willelmi ducis pugnant contra Dînantes, et Cunan claves porrexit. » En effet, cette partie représente la ville de Dinan assiégée par l'ennemi, qui met le feu aux palissades. A gauche, les assiégés semblent se défendre avec acharnement; mais à droite, un chevalier armé de toutes pièces, et représentant sans doute Conan, tend les clés de la ville, suspendues à sa lance-bannière,à un autre chevalier, sans doute gentilhomme, qui les reçoit de la même manière.— Le père Montfaucon interprète ainsi ce fait : « Conan, qui, à l'arrivée du duc Guillaume devant Dol, s'était retiré à Rennes, voyant que ce prince marchait sur Dinan, se jeta dans cette ville, et après une légère résistance, rendit les clés, et entra en arrangement avec Guillaume. Ce dernier, pressé d'exécuter un projet plus important, accepta la capitulation, à condition que Conan lui rendrait hommage pour le duché de Bretagne, et lui présenterait les clés de la ville.» — Cette interprétation ne nous satisfait aucunement. La tapisserie de Bayeux ne prouve qu'une chose, c'est que les Normands se sont vantés du fait dont il s'agit. En effet, Guillaume de Poitiers, historien contemporain, et chapelain du duc de Normandie, n'en parle aucunement. Au contraire, après avoir mentionné l'abandon de Dol par Conan, et la fuite honteuse de ce prince à l'approche de Guillaume, il montre celui-ci attendant, sur le territoire de Rual, gouverneur de Dol, que Conan, qui s'était joint, lui avait-on dit, à Geoffroy d'Anjou, vînt lui livrer bataille. «Le duc, ajoute Guillaume de P'oitiers, attendit en vain le combat; son ennemi s'enfuit encore plus loin.» (Voy. Guillaume de Poitiers, dans la collection de Petitot, t. 29, p. 373.) — Tout démontre donc que le duc de Normandie ne se présenta point devant Dinan. La tapisserie de Bayeux ne serait à nos yeux un document historique qu'alors qu'elle concorderait avec les faits et les probabilités; mais quand elle s'en éloigne, elle n'a plus d'autre caractère que celui qui lui est propre, à savoir : d'un ouvrage de femme sur lequel on a brodé tout ce qui était de nature à flatter, à tort ou à raison, l'amour-propre de celui à qui elle était destinée. Mais de là à conclure avec le père Montfaucon la soumission de Conan et l'hommage rendu par lui au duc Guillaume, il y a vraiment trop loin. 

Culte et édifices consacrés au culte.

— Si de cette ceinture extérieure nous pénétrons dans la ville mme, nous admirons la vieille église Saint-Sauveur, monument évidemment formé de plusieurs styles, dont le plus reculé n'est peut-être pas le roman. — La partie inférieure de la façade ouest et le mur sud de la nef, nous semblent être du XII^è siècle; et les colonnes engagées qui, du côté midi, remplacent les contreforts, sont sans aucun doute d'une antiquité plus reculée. Au-dessus du portail, décoré dans le style roman, c'est-à-dire orné de personnages bizarres, et dont quelques-uns ont une apparence presque égyptienne, s'élèvent un fronton et une fenêtre qui appartiennent au XIVè ou même an XVè siècle, époque à laquelle il faut rapporter d'ailleurs la construction du reste de l'église, à l'exception du clocher, qui doit être plus récent. 

— Le pourtour de Saint-Sauveur est remarquable par l'élégance de ses contreforts et des galeries gracieusement découpées, qui accusent encore ces hardies fantaisies du moyen âge, et qui ornent si admirablement la promenade Saint-Sauveur. De celle-ci l'œil se promène sur un vaste panorama dont le centre naturel semble être la vieille tour qui domine la route de Rennes. 

— L'intérieur de l'église n'offre rien de remarquable comme architecture : mais on y voit le tombeau où a été déposé le cœur du grand capitaine Duguesclin (2). 

— L'église Saint-Sauveur a servi de texte aux argumentations des archéologues. MM. Mérimée et de Caumont, entre autres, s'en sont occupés tout récemment, et ont émis sur ce monument des opinions qui s'écartent peu de ce que nous avons dit plus haut. M. Lecourt de la Villethassetz, un des antiquaires les plus érudits de notre pays, et celui peut-être qui connaît le mieux toute l'archéologie de Dinan et de ses environs, nous a transmis à cet égard une note qui mérite d'attirer l'attention. «Il nous semble, dit-il, qu'on n'a pas encore bien apprécié le curieux portail de Saint-Sauveur, et qu'il pourrait bien remonter, du moins en partie, à une époque plus reculée que celle qu'ont attribuée à sa construction MM. Mérimée et de Caumont. En effet, on voit dans les substructions de ce portail deux lions; et l'on sait que les jugements rendus par les Romains à la porte des Basiliques portaient la formule datum inter duos ou inter quatuor leones (3). D'un autre côté, l'on voit représentées, à la partie la plus élevée de ces substructions, des danses macabres, et ces danses ayant été défendues vers le IXè siècle, on ne peut faire remonter ces substructions en deçà de cette époque. » 

— On a voulu voir dans Saint-Sauveur un ancien temple de Diane, et même l'histoire de Psyché. L'Annuaire dinannais de 1833 a réfuté à bon droit cette assertion. En observant avec attention, y est il dit, on reconnaît facilement dans les allégories du portail la parabole du Bon-Pasteur... la brebis est surmontée d'une croix. 

— L'autre église, cure de Dinan, sous le vocable de saint Malo, n'offre rien d'intéressant, si ce n'est le chœur, qui n'est pas de la même construction que le restc de l'édifice. — On remarque un Christ placé dans une des chapelles à droite du chœur. — Avant 1789, on voyait aussi dans celte église le tombeau de la famille Marol de la Garaye. Ce mausolée, en marbre d'Italie, a été dispersé pendant la révolution; mais quelques parties ont été réunies depuis et forment le devant des autels saint Louis et saint Barthélémy.

Le local occupé par l'ancienne communauté des Cordeliers est affecté aujourd'hui à l'instruction publique; c'est dans cette vaste enceinte qu'est établi le petit séminaire de Dinan. L'église de ce couvent renfermait les tombeaux de Charles de Dinan, seigneur de Montafilan; de Jacques de Laval, fils de Guy XIV et de Françoise de Dinan, mort en 1502; enfin de Pierre de Laval, fils de Françoise et de François de Rieux, mort en 1524. Non loin des Cordeliers était la communauté des Ursulines de Saint-Charles. (Voy. ci-dessus, p. 22A , note 3.) 

L'ancienne communauté de Sainte-Catherine, restaurée en 1815 pour servir d'hospice, touche l'église Saint-Sauveur. Il fut installé en 1816. Cet hospice est vaste et situé dans une position extrêmement salubre. 

— La communauté des Jacobins a reçu une destination moins heureuse : elle sert de halle, et ce qui reste des anciens bâtiments est occupé par les Ursulines. On voyait dans cette église le tombeau de Simon de Clisson, évêque de Saint-Malo, mort en 1285; et celui deTiphaine Raguenel. première femme de Duguesclin. Dans un petit caveau était déposé le cœur du connétable; il a été transporté, le 9 juillet 1810, dans l'église Saint-Sauveur. — Près de celle-ci se voit le collège, jadis communauté de la Victoire, et remarquable par son clocher, qui imite la forme de l'élégante flèche de Saint-Sauveur. Une partie de cette communauté avait été détruite en 1746 par un incendie; et comme l'a dit notre auteur, abandonnée à l'évêque de Saint-Malo, qui y établit un collège diocésain. Un décret de vendémiaire an 13 a accordé ces bâtiments à la ville, à charge d'y créer un collège communal. Ce collège est aujourd'hui dans un état prospère. — On voit dans le faubourg de Saint-Malo une petite chapelle abandonnée; c'est l'ancien prieuré de Saint-Jacques. Autrefois était en ce même endroit l'église dédiée à Saint-Malo. Elle fut détruite eu 1489, parce qu'elle était dangereuse pour la ville, en cas de siège, et servait à l'ennemi. Ce fut alors que l'on commença à construire l'église sous le même vocable qui est dans l'intérieur de la ville. Jean, vicomte de Rohan et de Léon, donna les emplacements , posa la première pierre, et se réserva le droit d'enfeu au haut du chœur. 

— Un des plus remarquables établissements de Dinan est le vaste hôpital des frères Saint-Jean-de-Dieu; c'est un des plus beaux et des plus vastes hospices de fous créés par cet ordre, qui rend de si grands services à la société (4). Nous le mentionnons ici, bien qu'il soit sur le territoire de la commune de Lehon.

Edifices publics et promenades

— L'hôtel de ville de Dinan, jadis fondé pour servir d'hospice, est voisin de la vieille porte de Brest. Il fut converti en mairie en 1822, et l'on vante sa disposition intérieure. 

— Le tribunal de première instance, achevé vers 1827, est une construction grave et simple, remarquable par un péristyle que soutiennent deux belles colonnes de granité d'un seul bloc, et de 4m 60e de hauteur. Ce bâtiment contribue aussi a l'Ornement de la place Duguesclin. 

— Cette place, qui ne fait pour ainsi dire qu'un avec la place du Champ, illustrée par le combat de Duguesclin contre l'Anglais Thomas de Cantorbéry, est un parallélogramme planté de tilleuls et entouré d'une murette en granite. A l'extrémité méridionale s'élève la statue de Duguesclin, qui fut inaugurée en 1823, statue de peu de valeur artistique. 

— La place Duguesclin et la place du Champ sont entourées de belles maisons modernes, qui donnent a cette promenade et à cette place un aspect digne d'une grande ville. C'est, à 1'exception de la rue qui borde la route de Rennes, la seule partie de Dinan qui ait un aspect régulier. 

— La halle, récemment construite, est pour ainsi dire à l'extrémité nord de la place du Champ. Elle est vaste et commode. 

— Les fossés, dont nous avons parlé rapidement en décrivant les anciennes fortifications de Dinan, forment une promenade qui a perdu beaucoup de ses agréments, depuis que l'on a été forcé d'abattre les beaux arbres qui ombrageaient les Petits-Fossés. Cette promenade domine cependant une campagne aussi fertile qu'accidentée. 

— A moitié du trajet qui sépare la porte Saint-Louis de la porte de Brest, on a élevé récemment une colonne que surmonte le buste de Duclos-Pinot, l'homme le plus illustre dont s'honore Dinan. (Voy. ci-dessus.) 

— Plus loin, presque dans la partie nord, entre les Grands-fossés et le vieux mur de ville, on a fait une promenade destinée ans enfants, à la place où était l'ancien fossé de la ville. Les familles anglaises , qui, avant la Révolution, étaient si nombreuses a Dinan, ont, par souvenir d'une des promenades les plus fréquentées de Londres, donné à celle-ci le nom de Pall-Mall, qui lui est resté. 

— La fontaine des eaux, à laquelle on se rend en sortant de la ville par la vieille porte dite de Saint Malo, est une des plus délicieuses promenades que l'on connaisse. Un chemin, construit de 1817 à 1822, y conduit eu suivant le sommet des collines qui descendent à la Rance. Cette jolie avenue aboutit a un vallon délicieux au fond duquel est la source minérale (5). On y descend en suivant un sentier qui serpente au milieu des fleurs et des arbustes, et l'on arrive enfin a la majestueuse promenade formée d'ormes presque séculaires, et arrosée parmi ruisseau qui fait mouvoir un petit moulin, et qui court sur un lit de gros cailloux. Rien ne peut peindre l'aspect calme et délicieux de ce petit vallon encadré de collines granitiques (sur l'une desquelles s'élève la charmante maison de M. Bélètre), d'arbres frémissants et de vertes prairies. Si les eaux minérales agissent surtout par les heures de doux repos ou d'agréables courses dans une campagne ravissante, celles de Dinan doivent être un remède souverain. Cependant la salle des bals, qui s'élève au milieu de ce ravissant paysage, est aujourd'hui un peu abandonnée. La mode, cette reine fantasque, a détrôné ce lieu si bien fait pour l'emporter sur tous les autres. C'est vers 1770 que les eaux de Dinan commencèrent a avoir de la réputation.

— Presque a l'endroit où la rue de la Vieille-Poissonnerie se rencontre avec la rue de la Lainerie est une des maisons les plus curieuses de Dinan. Elle est de 1366. D'abord fondée comme aumônerie, sous les noms de Saint-Jacques et de Saint-Yves, elle était desservie par un religieux qui, moyennant une dotation de 25 livres, avait charge de recueillir les pèlerins qui passaient par Dinan. 

— Non loin de l'hôtel de ville, dans la rue de la Croix, est une maison qui sert de bureau de charité, et que l'on dit avoir appartenu à Tiphaine Raguenel, première femme de Duguesclin. Cette maison est d'une architecture qui ne semble aucunement appartenir au XIV siècle. Cependant, au milieu de la façade est une tourelle sur laquelle on voyait, avant la révolution, les armoiries du connétable.

— L'horloge publique est une tour en granite, supportant une flèche pyramidale. On ignore si cet édifice a été construit pour la destination qu'il remplit maintenant; on sait seulement que la grosse cloche fut donnée en 1507, ainsi que nous l'avons dit (p. 224, note 1) par la duchesse Anne; ce qui prouve que celle horloge est une des premières que l'on ait établies en Bretagne. La communauté de ville a, pendant quelque temps, tenu ses séances dans celle tour; mais on a été forcé de l'abandonner, à cause de l'extrême humidité que l'épaisseur des murs y entretenait. En 1825, cette horloge fut frappée par la foudre. On l'a réparée; et, en 1831, on l'a surmontée d'un paratonnerre.

Commerce, industrie

— Le rde Dinan est assez fréquenté par des chasse-marées qui y remontent maintenant à toute époque de l'année, grâce à l'écluse du Châtellier. Cette écluse, construite sur la rivière de Rance, au point où les bateaux remontent en toutes marées, a formé une retenue d'eau qui ne laisse plus assécher le port de Dinan, et qui lui assure une hauteur d'eau de 2 m. 18 c. 

— Dans les grandes marées, il remonte dans ce port des navires de 120 tonneaux.

— Il se fait par ce point une assez grande exportation de céréales, de graines oléagineuses, de cidre et de bois. Le bureau des douanes de Dinan fait partie du quartier de Saint-Servan.

— Les quais avaient été l'objet de a sollicitude des Etats de Bretagne. En 1754 ceux ci avaient voté 12,000 fr. pour eu construire un au côté est de la rivière. Le quai ouest, qui avait été réparé en 1765 aux frais de la communauté de ville, a été reconstruit en 1801; il offre maintenant toutes les commodités désirables. Le quai de l'est a été abandonné.

— Des bateaux à vapeur font un service régulier entre Dinan et Saint-Servan. Rien n'est pittoresque et animé comme les rivages de la Rance, bordés tantôt par de vastes plaines, tantôt couronnés de collines ou boisées ou sauvages, tantôt égayées par l'aspect de délicieuses maisons de campagne. Ici le fleuve s'élargit et forme une véritable mer; là il se resserre et n'est plus qu'un imposant cours d'eau, Mais toujours la variété du paysage, l'inattendu des sites prêtent au paysage un charme inexprimable.

— Autrefois ce trajet se faisait dans de grandes barques nommées les bateaux de Dinan. Les récits des ateliers, les cérémonies bizarres qu'ils imposaient aux passagers qui se présentaient à leur bord pour la première

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fois, la lutte de vitesse qui s'établissait entre les barques, les occupations variées auxquelles se livraient pendant 1 traversée les ouvriers et les mareyeuses réunis au centre de chaque bateau, les élans de leur causerie naïve, tout ajoutait au pittoresque d'un voyage de Saint-Malo à Dinan Les bateaux à vapeur ont remplacé ces charmes originaux par une grande régularité de service et par l'égalité de temps employé à la traversée : ce n'est pas là pour beaucoup de voyageurs un dédommagement. — Le port de Dinan est l'une des têtes du canal d'Ille-et-Rance, et comme tel ne peut manquer de prendre un jour une grand activité commerciale. — Les tanneries, les corroiries, les mégisseries et les fabriques de toiles à voiles constituent la principale industrie de Dinan; les unes et les autres on depuis quelques années pris un immense développement. La coutellerie de Dinan jouit aussi d'une juste réputation Des tissus connus sous le nom de basins de Dinan ont quelque renommée. — II y a quelques fours a chaux, des raffineries de sel, des fabriques de faïence commune; enfin M. C. Gauthier a créé tout récemment une fabrique de sucre de betterave dont les premiers essais ont été vu véritable succès. 

Hommes et femmes célèbres. 

— Aux personnages célèbres qui ont vu le jour à Dinan et qu'Ogée a indiqués ci-dessus il faut ajouter 1° Davesne , auteur de deux comédies qu curent un grand succès au Théâtre-Italien, alors qu'y florissait Arlequin, c'est-à-dire vers la moitié du XV1I1 siècle; 2° Catherine d'Ollo, religieuse de Sainte-Claire de Dinan; elle traduisit en latin, vers 1188, le Bréviaire romain et une partie du Missel; 3° Forbin, cordelier, auteur de plusieurs ouvrages théologiques qui eurent une telle réputation en 1450 que le pape Iie II l'appela a Rome pour soutenir les intérêts de l'ordre des Cordeliers, lors de la grande dispute entre ceux-ci et les Dominicains, sur la nature du sang de Jésus-Christ. 4° Hingant, né en 1760, mort en 1827, auteur d'une nouvelle intitulée le Capucin; 5° Louis-Joachim Gillet, né en 1680, mort a Paris en 1753; on a de lui une traduction de l'histoire de Josèphe, avec notes critiques; cependant Gillet n'est peut être pas né à Dinan, mais bien dans une des communes voisines de celle ville. A cette liste il faut ajouter premièrement Pierre le Hardy, né le 10 février 1758, et nommé à l'unanimité, comme le plus homme de bien, député du Morbihan à la Convention nationale, et décapité, comme Girondin, le 30 octobre 3793; secondement Tiphaine Raguenel, dont nous avons déjà parlé ci-dessus, et qui avait dans son temps une grande réputation de savoir et de sagesse. — Nous ne croyons pas qu'on puisse regarder comme certain que M. Mahé de la Bourdonnaye soit né a Dinan, ainsi que l'affirme notre auteur et qu'on l'a répété d'après lui.

Routes et voies de communication, foires, etc. — Plusieurs grandes routes et voies de communication aboutissent à Dinan : ce sont la route royale n° 176, dite de Caen à Lamballe. Cette route se confond, à sa sortie de la ville, avec la route départementale de Rennes à Dinan, qui se compose des nos 2 des Côtes-du-Nord, et 4 d'Ille-et-Vilaine. C'est cette route dont les rampes adoucies montent à Dinan, en couronnant les collines sur lesquelles cette ville est assise du côté du midi. Les plus élégantes maisons, les jardins les plus pittoresques la bordent dans près de la moitié de sa longueur. Un magnifique projet actuellement à l'étude consisterait à jeter un vaste pont suspendu sur la vallée de la Rance : ce serait pour Dinan une immense amélioration que de supprimer une arrivée aussi longue que pénible. Enfin, la route royale n° 166, dite de Vannes a Dinan, entre dans la ville par le côté midi. — A ces grandes voies il faut ajouter les chemins de grande communication qui mettent Dinan en rapport avec Broons, Matignon, Ploubalay et Combourg .— Autrefois Dinan était une espèce de cul-de-sac; aujourd'hui il est une des principales entrées de la Bretagne, et l'on a généralement abandonné pour se rendre de Paris à Brest la route royale n° 12, pour suivre la route départementale qui part de Rennes et passe par la Chapelle-Chaussée, Bécherel et Evran. — Il y a foires le deuxième jeudi de carême, le jeudi de la mi-carême, le dernier jeudi de carême, le troisième jeudi de mai, le lundi après la Trinité, le troisième jeudi de juillet, le 1er septembre. — La principale de ces foires est celle du deuxième jeudi de carême; elle dure quinze jours, et se tient à l'entour de la place du Champ. Cette foire est connue dans tout le pays sous le nom du Liège; mais les huit premiers jours prennent plus spécialement ce nom, et les huit derniers s'appellent le Deliège. Les chevaux, le gros et le menu bétail, le blé, le beurre, le suif, de menues bijouteries, de la mercerie, de la quincaillerie , enfin les objets de tannerie, sont les principales choses que l'on vend et que l'on achète à la foire du Liège. — Il y a marché le jeudi.

1789. Dinan était du nombre des six sénéchaussées qui avaient le droit d'élire directement. Il nomme deux députés aux Etats généraux. Il se prononce pour la conservation des privilèges de la province. — 91. Quarante prêtres non conformistes sont détenus au château de Dinan. — 93. Passage des Girondins à Dinan; ils y sont bien accueillis, et se séparent du bataillon du Finistère, pour éviter des dangers à leurs protecteurs. — L'année vendéenne menace de s'ouvrir un passage par Dinan sur la Bretagne. — Onze cents hommes et huit pièces d'artillerie commandés par Tribout viennent de Brest à Dinan et se portent contre les Vendéens, qui les battent à Pontorson et les forcent à se replier sur Dinan. — Dinan est l'un des trois points choisis par Kléber pour enfermer les Vendéens dans un triangle. — 94. Un dépôt de prisonniers anglais est formé à Dinan, et est embauché par le conseil royal fixé à Bécherel. — Dinan est soulevé par Cormatin, Chantereau et Tinténiac; mais deux cents hommes seulement se lèvent sur douze mille assignés au quartier de Dinan , Dol et Saint-Malo. — Dinan est menacé par les royalistes au moment d'une descente projetée des Anglais sur Saint-Cast. — Pendant les conférences de la Mabilais, douze insermentés ont une entrevue avec Beslay, à sa maison près Dinan.— 95. Agents secrets de Cormatin à Dinan.—Projet de Hoche de fortifier Dinan et la ligne formée par la Rance, l'Ille et la Vilaine.

Géologie : granite, roches amphiboliques dans le sud-est. — Archéologie : Dom Morice, Preuves, t. 1, col. 37, 54, 56, 73, 113, 132, 439, 513, 521, 627, 731, 838, 848, 878, 918, 960, 1187; t. 11, col. 12,15, 226, 227, 287, 340, 347, 724, 743, 744, 777, 1000, 1519, 1551, 1552 ; t. III. col. 227, 5389, 580, 595, 597, 599, 601, 041, 644, 705, 913, 1311,1312, 1347, 1555, 1586, 1092.1704, 1740, 1753. Alb. de Morlaix, p. 27, 537, 553, 588, 657. — On parle le français.

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(1) C'est par cette porte qu'entrèrent en 1500 les Malouins qui prêtèrent les mains aux Diminuais conjurés pour reprendre la ville sur les ligueurs.

(2) Ce tombeau porte l'inscription suivante :« Ci-git le cueur de messire Bertran Duguéaquin, en son vivant connestable de France, qui trespassa le xiiiè jour de juillet de l'an mil iii c. iii, dont son corps repose avec ceux des roys, à Saint-Denys, en France.» — C'est peut être ici le cas de parler d'un fait que nous avons indiqué déjà. Une ordonnance épiscopale, rendue par monseigneur Le Groing de la Romagère, évêque de Saint-Brieue, le 12 juillet 1839, sur la demande de M. Lecourt de la Villethassetz, a fondé une messe de requiem, à célébrer chaque année dans l'église Saint-Sauveur de Dinan , pour le repos de l'âme de messire Bertrand Duguesclin , le dimanche qui suit le 13 juillet. Cette messe, annoncée le dimanche précédent, et à laquelle assistent le séminaire et tout le clergé de la ville, a été instituée sur la demande et sur la déclaration d'une rente de 25 fr. faite par M. Lecourt de la Villethassetz. Elle a pour but de remplacer une chapellenie ou fondation qui avait été créée par Duguesclin, et dont les titres ont été retrouvés dans le château du Fournet, par le nouveau fondateur.

(3) M. Mérimée voit dans ce portail les statues des quatre évangélistes portées sur des lions, dit-il, comme les apôtres de Saint-Gilles. Nous ignorons à quelle construction M. Mérimée fait ainsi allusion; mais le lion semble être exclusivement l'attribut de saint Marc, et nous ne croyons pas que l'on puisse voir dans le portail de Saint-Sauveur les quatre évangélistes portés sur quatre lions. Le père Lebœuf (Hist. de la ville de Paris, t. I, p. 174, édition de 1754 ) confirme plutôt ce que nous dit M. Lecourt de la Villethassetz : » Les formules de l'official ecclésiastique, dit-il, se prononçaient à la porte de l'église, et portaient la formule datum inter duos leones. Les lions, attribut de la force, étaient sans doute placés là en signe du pouvoir temporel qu'avait l'official d'infliger les peines canoniques.

(4) En consultant le Pouillé de Tours, de 1648, on voit qu'il y avait en outre à Dinan une maladrerie dite du l'ont, de fondation commune, et a présentation de l'évêque; une maladrerie de fondation royale; un prieuré dit de Sainte Madelaine du Pont; deux prieurés à Saint-Malo de Dinan, l'un à présentation du trésorier de l'église, l'autre à présentation de l'abbé de Marmoutier; une chapellenie de Saint Julien; à Saint-Sauveur, un prieuré-cure, à présentation de l'évêque; les chapellenies de Saint-Léonard, de Taden, de Notre Dame de Guesclin (voy. la précédente note), de Sainte Cécile, de Saint Etienne de Lesquin, enfin, du seigneur Jean de Bennia. 

(5) Jusqu'à ce jour, nous ne connaissons que de très imparfaites analyses des eaux minérales de Dinan. La plus exacte cependant a signalé dans ces eaux la présence des chlorures de sodium, de calcium et de magnésium, des carbonate et sulfate calcique, de l'acide silicique, du fer oxydé et du carbonate de fer. Toutes les analyses d'eaux minérales faites jusqu'à présent dans notre pays pèchent par une base essentielle, en ne faisant pas état des parties gazeuses que l'eau tient en solution. II est à désirer que désormais elles soient faites d'après cette nouvelle base de recherches.

 

 

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