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L'histoire de CARHAIX-PLOUGUER

Istor KARAEZ-PLOUGER

selon MARTEVILLE et VARIN. 1843

CARHAIX (Vrbs AEsia. — Vorgium], commune formée de l'anc. trêve de Plouguer, aujourd'hui cure de deuxième classe; chef-lieu de perception; bureau d'enregistrement ; bureau de poste; brigade de gendarmerie a cheval; en 1790, chef-lieu du district de ce nom. — Limit. : S. Plounévezel, Plouguer, rivière d'Hyère; O., S., E. Plouguer. — Superf. tôt. 245 hect., dont les princip. divis. sont : ter. lab. 181; prés et pat. 23 ; landes 4; cont, non imp. 28; sup. des prop. bat. 9. Const. div. 328. Moulin 1, à eau, dit du Petit Carhaix. >>> II y a à Carhaix une église, trois chapelles, deux couvents de religieuses et un hôpital civil. — Cette ville était-elle ou n'était elle pas trêve de Plouguer ? C'est un fait qui ne peut s'éclaircir que par la date de la fondation des deux paroisses. On s'étonne, du reste, que Plouguer, dont l'église, sous l'invocation de saint Pierre, est pour ainsi dire dans la ville de Carhaix, et qui entoure celle-ci de toutes parts, forme encore, au temporel et au spirituel, une administration séparée. Cela seul donne à penser que l'ancienneté de Plouguer l'a fait conserver et a sauvé son individualité. — L'église paroissiale est sous l'invocation du saint Tromeur, dont la vie et le martyre sont sculptés eu bas-relief sur la porte principale. Comme tous les personnages ont été affublés de costumes du temps de Fraucois 1er, on attribue cette construction au XVIè siècle, ce qui, du reste, se rapporte avec deux dates gravées des deux côtés du portail. Le clocher de cette église était, dit-on, un des plus élevés de Bretagne, et avait 250 pieds de haut : la tour carrée qui existe encore a 135 pieds. La foudre a détruit ce monument. On voit dans les soubassements de cette église les traces de boulets que l'on prétend y avoir été lancés lors du siège que fit Duguesclin. — L'ancienne communauté des Augustins sert actuellement de magasin à fourrages. — Les Ursulines sont réparées et occupées par des religieuses qui, comme celles-ci, sont vouées à l'éducation des jeunes filles. — Les rues sont en pavés quartzeux qui déchirent les pieds; une ou deux ont été macadamisées depuis peu. — La ville est à 149m79 au-dessus du niveau de la mer. — Le peuple aime l'eau-de-vie et s'adonne à la chasse; la perdrix dite roquette, qui autrefois abondait aux environs de Carhaix, et qui s'exportait par grandes quantités, devient rare de jour en jour, et est remplacée par la perdrix rouge, qui est fort commune dans ces environs.

Quand on étudie avec soin et réflexion les diverses opinions émises plutôt sur l'étymologie du nom de Carhaix que sur son origine, on reste convaincu que personne jusqu'ici n'a encore dit la vérité sur cette ville intéressante. Des hypothèses plus ou moins rationnelles, plus ou moins hardies, émises par Ruffelet, par Deric, par Corret de Kerbeauffret (La Tour-d'Auvergne), aucune ne résiste à une analyse sérieuse. — En effet, s'il y a tout lieu de croire que Carhaix est l'ancienne Vorgium, ce n'est là qu'une pure présomption; car, pour appliquer à Carhaix ce que Peutinger dit de Vorgium, il faudrait admettre tout d'abord que Brest est bien Gaesocribate, et que Pontivy est bien Sulim. Or, rien n'est certain à cet égard. — Quant aux traditions sur la princesse Achée ou Ahès, il ne faut y voir que des contes, qui se rattachent on ne sait à quelles traditions populaires, mais qui n'ont aucun fondement réel. En admettant l'existence de cette Ahès, il faut bien se convaincre d'une chose, c'est qu'à l'époque ...

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... où elle dut vivre, on ne pouvait pas tracer dans toute la longueur de la presqu'île bretonne une ou plusieurs routes sans traverser les domaines de huit ou dix chefs différents, peu d'humeur, pour la plupart, à laisser exercer un tel acte de souveraineté. La puissance des ducs à Bretagne n'avait guère atteint le degré d'unité gouvernementale et suzeraine nécessaire à l'exécution d'un tel projet avant le XIè ou le Xllè siècle. — Ahès est selon toute probabilité un être imaginaire, et qui a pris naissance dans les traditions des VIè et VIIè siècles. Le non de chaussées de Brunehaut, qui selon Ogée se donne ci Bretagne, comme en Belgique, aux voies romaines, est totalement inconnu chez nous. Mais il est a remarquer que tout ce que la tradition bretonne dit de la princesse Ahès se rapporte à la trop fameuse épouse de Clotaire. Les uns font d'Ahès une princesse cruelle et dissolue comme était Brunéhaut; les autres la représentent douée d'un zèle extrême pour l'église, et Brunéhaut est ainsi représentée par quelques auteurs (1). De cette singulière coïncidence ne peut-on conclure que la tradition qui attribue à 1a princesse Ahès la construction de ces voies romaines n'es qu'une imitation, qu'une réminiscence de celle qui les attribue en Belgique à Brunéhaut ? — Sans nous arrêter : l'idée de Deric, qui vraiment est trop futile pour être réfutée sérieusement, passons à l'opinion de La Tour-d'Auvergue. Selon cet honorable écrivain, Aëtius, général romain, aurait donné son nom à Carhaix, qui, dans cette supposition, serait Ker-aës, la ville d'Aëtius ou d'Aës. Nous reconnaissons que, comme étymologie, cette opinion est la moins choquante de celles qui ont été jusqu'ici assignées au nom de Carhaix; mais les preuves manquent totalement à l'appui. Rien, en effet, n'établit que Litorius, lieu tenant d'Aëtius, a défaut d'Aëtius lui-même, ait, dans sa courte expédition contre les Armoriques, assez soumis ce pays, alors en pleine insurrection, pour pouvoir se rétablir, même momentanément, à Vorgium, et donner à cette ville, non pas son propre nom, mais celui de son chef, d'Aëtius, ce dont il y a de nombreux exemples. En 408, les Armoriques avaient chassé les Romains, et il est presque inadmissible qu'il y ait eu depuis lors, en Bretagne, une domination romaine, même de courte durée, qui n'aurai! pas été signalée dans l'histoire.

Voici maintenant une nouvelle opinion qui nous parait fort admissible. Carhaix fut fondé par les Romains, lors de l'occupation de César : sa position au centre de la presqu'île, à l'entrée des Montagnes-Noires et des montagnes d'Arès, explique suffisamment l'importance que dut avoir un tel point aux yeux des Romains. Les débris que l'on retrouve à Carhaix attestent clairement son origine, sa création dans un temps de calme possession, et principalement l'immense aqueduc attribué par Cambry aux Gaulois, comme s'il n'était pas constant que ceux-ci, ne connaissant même pas les ponts, car ce mot manque totalement dans leur langue, connaissaient encore bien moins les aqueducs. — Abandonnée par les Romains, lors de l'insurrection armoricaine, cette ville n'a dû prendre que tard son nom de Kerahès, ou mieux KERAES, car le Ker n'a pas en Bretagne une haute antiquité. — Grégoire de Rostrenen traduit Carhaix par les mots Urbs AEsia; or, bien que nous ignorions la source de cette traduction, nous y trouvons la véritable étymologie du nom qui nous occupe. AEsia est un adjectif de basse latinité, dérivant du substantif oes, qui en latin signifie généralement omne metallum, et ces mots signifient dès lors la ville aux métaux. En effet, Carhaix a dû être, dès le temps des Romains, l'entrepôt de ces riches mines du pays environnant, qui de nos jours sont les admirables exploitations de Huelgoat et de Poullaouen, dont les noms sont européens. — Si les Romains, ce qui est de toute probabilité, ont exploité ces mines, ils ont dirigé vers elles la route principale qui coupait en deux la presqu'île bretonne; et ne faut-il pas voir dans ce fait l'explication du nom d'Ahès que ces routes ont conservé ? Via ad oes est devenu tout naturellement Hent a ès ou Hent ahès, qui en est la traduction, moitié littérale, moitié imitative. — En quelques points, un des chemins qui se dirigent sur Carhaix, traversant une partie des Côtes du Nord, porte le nom de chemin de l'AEstrat; preuve nouvelle et plus concluante peut-être. Cette voie était sans nul doute ad AEs stratum, d'où AEstrat est le pléonasme local de chemin de l'AEs strat. Ainsi s'explique encore une étymologie jusqu'ici indéchiffrable.
Cette opinion si originale, sur la voie de laquelle nous avons été mis par une première observation de M. Moët ...

(1) V. dom Morice, 1.1, p. 635, et Nicolas Bergier, édition in-4°, p. 100 et 101.

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... de la Forte-Maison, peut s'étayer par d'autres raisonnements. Eisenberg, en Bohème, dont le nom signifie exactement Montagne de Fer, et Eisenhartz, en Styrie, ville célèbre par ses riches mines, ne nous rappellent-elles pas Urbs AEsia ? — Mais il y a plus : à la porte de Carhaix nous trouvons un lieu qui est une attestation vivante des travaux métallurgiques que les Romains ont exécutés dans cette localité : c'est le Minez, dont le nom, imité de minium, signifie mine de plomb. Enfin, pour appuyer notre étymologie sur une autre non moins frappante, nous demanderons si la montagne d'Ares n'a pas elle-même la même origine que KERAES ? Les mines sont situées à la naissance de cette chaîne, et les Romains ont dû dès lors l'appeler Mons AEreus, d'où les naturels on fait leur Méné-Arès, car ne connaissant pas l'oe ils le traduisent et le prononcent comme a.

Un point cependant peut laisser encore quelque doute, et ce point nous le voulons éclaircir. Carhaix n'a-t-il pas été d'abord Vorgium ! Nous n'en saurions douter; et même nous voyons dans ce fait une nouvelle confirmation de ce qui précède. Vorgium dérive de la même source que Voragimum, Voraginosum; et dès lors il exprime un lieu plein de gouffres et d'ouvertures : or, c'est précisément l'aspect que dut présenter aux Romains ce pays, où sur plusieurs points on exploitait le plomb argentifère. — Cette opinion est nouvelle, et n'a pas subi l'épreuve de la discussion; nous espérons qu'elle ne manquera pas, pour se soutenir, de nouvelles preuves excitées par l'originale direction donnée à cette étymologie.

Théophile-Malo de Corret de Kerbeauffret naquit à Carhaix le 23 décembre 1743. Issu de la maison de la Tour-d Auvergne, par Henri de Corret, fils naturel reconnu de Henri de la Tour-d' Auvergne , duc de Bouillon, père du célèbre Turenne, le jeune de Corret se distingua dès son enfance, au collège de Quimper, par son grand amour du travail , l'austérité de ses mœurs, et l'aménité de son caractère. C'est alors qu'il contracta une intime amitié avec Claude le Coz, décédé , en 1815, archevêque de Besançon. — Entré au service comme mousquetaire, le 3 avril 1767, le jeune de Corret était capitaine de grenadiers en 1792. Dès 1779, le duc de Bouillon, qui n'avait pas d'enfant mâle, frappé des éminentes qualités de cet officier, l'avait autorisé à joindre à son nom celui de l'illustre famille La Tour-d'Auvergne. — En 1781, ayant obtenu un congé de sept mois, avec autorisation de faire une campagne comme volontaire au service de l'Espagne, contre les Anglais, il fut attaché au corps de Catalogne. En vain le duc de Crillon voulut lui en donner le commandement, il refusa par excès de délicatesse, et pour ne pas blesser les officiers espagnols; mais il accepta les fonctions d'aide de-camp , fonctions dans lesquelles il étonna par cent traits de la plus grande intrépidité. — Le roi d'Espagne lui fit offrir à la fin de la guerre la décoration de Charles III, avec une pension de 1,000 liv.; il accepta l'une et refusa l'autre. Cependant la passion guerrière n'excitait pas seule La Tour-d Auvergne ; l'étude des langues était aussi une de ses occupations favorites, et l'Académie espagnole l'avait accepté dans son sein. — Les antiquités gauloises et l'idiome gallois étaient l'objet de ses recherches assidues; aussi le monde savant accueillait avec faveur la première édition de son ouvrage intitulé Nouvelles recherches sur les langues, l'origine et les antiquités des Bretons, pour servir à l'histoire de ce peuple; Bayonne, 1790. Cet ouvrage renfermait son opinion sur Carhaix. (V. le texte d'Ogée). — La Tour-d'Auvergne se livra ensuite à l'étude des mathématiques, mais surtout à celle de l'histoire et du droit des gens. — La révolution de 1789 l'avait trouvé partisan des sages principes de réforme, et bien décidé à ne pas émigrer. Mais, redoutant que l'on n'attribuât cette résolution à des idées ambitieuses, il refusa le grade de colonel, et déclara qu'il ne serait jamais rien de plus que simple capitaine, emploi qu'il conserva dans la 148è demi-brigade, où il fit admirer son sang-froid et son courage. — Envoyé à l'armée des Pyrénées-Occidentales, le général Servet tenta inutilement de vaincre sa modestie : il fut contraint, pour employer La Tour-d'Auvergne selon son mérite, de lui donner, toujours sous le titre de capitaine, le commandement de 2,000 grenadiers, formant la division d'avant-garde. Cette terrible division, qui conquit sous un tel chef le fameux surnom de Colonne infernale (1), avait pour devise : intrépidité, humanité, discipline ! — Alors on vit, chose inouïe! les ennemis eux-mêmes lui obéir, et les gardes avancées cesser de part et d'autre, à sa voix, des fusillades inutiles aux deux armées! — Les balles, disaient les soldats, le res- ...


(1) V. le général Foy, Histoire de la Péninsule.

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... pectent ! En effet, sa première blessure, après trente ans de service, fut celle qui causa sa mort. — Fait prisonnier et conduit en Angleterre, il demanda sa retraite à son retour des pontons anglais : il l'obtint, avec 800 fr. de pension. — An sein du repos, où l'étude avait su charmer de nouveau La Tour-d'Auvergne, il apprit un jour que le fils d'un de ses amis, Le Brigant, père de vingt-deux enfants et sans fortune, allait lui être arraché par la conscription. Quoique âgé de 55 ans, il partit comme remplaçant et prit le fusil de simple grenadier ! La 46è demi-brigade le reçut comme capitaine volontaire, et pendant deux ans il combattit avec elle à l'armée de Rhin et Moselle. — Après le 18 brumaire, Bonaparte, en lui décernant un sabre d'honneur, 1e nomma le premier grenadier de France. Deux mois après, le ministre le suppliait de se montrer à l'armée du Rhin, pour ranimer le soldat démoralisé. Le premier grenadier de France s'y rendit, et y trouva la mort le 27 juin 1890: il tomba percé au cœur d'un coup de lance. — Dessoles fit connaître cette perte à l'armée par un ordre du jour spécial; les tambours des compagnies de grenadiers furent pendant trois jours voilés de crêpe noir; le nom de La Tour-d'Auvergne fut conservé sur le contrôle de sa compagnie, et sa place ne put jamais être remplie; enfin , un monument dut être élevé a sa mémoire, au lieu même où il avait été tué, a Oberhausen. Chacun sait le reste : son cœur, déposé dans une urne, resta à la 46è demi-brigade; le plus ancien sergent le portait; et quand on appelait le nom de La Tour-d'Auvergne, ce sergent répondait pour lui : Présent ! mort au champ d'honneur !

Ce n'est qu'en 1841 qu'un monument digne de lui a été élevé, à Carhaix, à Corret de La Tour d'Auvergne, et a été solennellement inauguré. Ce monument se compose d'une statue pédestre en bronze placée sur un piédestal en granit gris blanc, du Huelgoat (près Carhaix), et divisé en deux parties Superposées.

Le piédestal proprement dit porte l'inscription suivante sur la face :
A
THÉOPHILE MALO
DE LA TOUR-D'AUVERGNE CORRET,
PREMIER GRENADIER DE FRANCE,
NÉ A CARHAIX LE 23 DÉCEMBRE 1743 ,
MORT AU CHAMP D'HONNEUR
LE 27 JUIN 1800.

Sur l'arrière du piédestal cette inscription est reproduite en langue bretonne, comme suit :

DA

DHEOPHIL MALO

DE LA TOUR - D'AUVERGNE CORRET, 

QUENTA GREUNADER A FRANC

GANET E KER-AHÊS 

DAN 23 A VIS QUERZU ER BLOAVEZ 1743

MARO VAR AN DACHEN A ENOR 

DAN 27 A VIS EVEN ER BLOAVEZ 1800.

Cette partie inférieure est surmontée d'une division ornée de deux bas-reliefs en bronze de M. Marochetti : l'un, représentant La Tour-d'Auvergne entrant le premier a Chambéry, l'épée à la main (en 1792); l'autre, la mort glorieuse du premier grenadier de France sur les hauteurs de Neubourg (Bavière), en 1800.

Sur la partie antérieure sont les armes de La Tour d'Auvergne; sur l'arrière, l'écusson de Carhaix , sa ville natale.

La statue en bronze du héros domine le tout; de sa main gauche il presse sur son cœur le sabre d'honneur qu'il vient de recevoir du premier consul Bonaparte; de sa main droite il fait un geste sur ses insignes de grenadier qu'il ne veut pas quitter. Noli tangere l N'y touchez pas ! là se borne mon ambition...! Un livre (1), celui qui ne le quittait jamais, se remarque au milieu du petit trophée qui est à terre.

Nous n'avons pu donner qu'une rapide esquisse d'une vie digne des plus beaux temps de l'antiquité. Cependant nous avons cru devoir enregistrer ici cette noble existence comme étant l'une des plus belles pages de notre histoire. Si le nom de La Tour-d'Auvergne est européen, li est avant tout Breton (2) !

L'industrie de Carhaix est très-restreinte; on y fait quelques chapeaux de paysans, de la boissellerie et de la bourrellerie. — II y a foires le 13 mars, le 30 juin, le 2 novembre (8 jours) ; les 9, 28 août, 20 septembre, 20 no...

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(1) Les Commentaires de César, ou les Origines gauloises
(2) Une excellente Notice- a été publiée sur Corret de La Tour-d'Auvergne, par M. F. C., de Carhaix. — Paris Anselin, 1841.

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... embre, le premier jeudi après Pâques, la veille de l'Ascension, le lendemain quand un de ces jours est férié. — Marché le samedi. — Trois routes traversent Carhaix, et forment six débouchés : ce sont, 1° la route royale n° 164, dite d'Angers à Brest; 2° la route royale n° 169, dite de Lorient à Roscoff; 3° la route départementale n° 3 du Finistère, et 9 des Côtes-du-Nord, dite de Saint-Brieuc à Quimper. — Géologie : la grawacke domine. — Archéologie : dom Morice, Preuves, t. I, col. 514; t. III, col. 133, 141, 458, 638, 1347,1574. — Alb. de Morlaix, p. 587, 538, 589, 10. — (V. aussi Cambry, t. 2 , p. 68, 70, 72, 76, 86. 97, 136; . t. 1 p. 1, 12, 85. 152, 202, 219, 220 et suiv., jusqu'à 246. —  Lyc. Armoricain, t.1, p. 103 ; t. 8, p. 116, 342; t. 10, p. 94, t. 14, p. 171.) — On parle presque généralement le français.
( Nous compléterons notre article Carhaix par les trois notes ci-dessous, de MM. de Blois, Bizeul et Ducrest de Villeneuve ).

>>> Carhaix est le chef-lieu de l'ancien comté de Poher, qui se disait anciennement Pou-Kaer ou Pouhaer. Il comprenait le pays situé entre les Montagnes-Noires et celles d'Arès ou la haute Cornouailles. On croit qu'il a pris son nom de sa situation rapprochée de cette même ville, la seule qui existe dans cette étendue, et même au loin : c'est, mot à mot, le Pays de la Ville. Il formait le second archidiaconat de l'évêché de Cornouailles, et renfermait soixante-douze paroisses. — Cette contrée, qui semble avoir été démembrée du comté de Cornouailles, vers le milieu du IXè siècle, par l'effet de circonstances que nous ne connaissons pas, a eu ses seigneurs particuliers. Ils prenaient e titre de comtes et de princes, ce qui, à cette époque éloignée, indiquait qu'ils devaient être issus de la race des rois bretons. — Le comté de Poher avait pour ses domaines congéables un usement particulier, quelque peu différent de celui de Cornouailles, auquel il se rapportait d'ailleurs. Il a continué d'être suivi jusqu'en 1790.
Ce territoire est un des premiers grands fiefs réunis au duché de Bretagne; ce qui eut lieu dans le cours du Xè siècle, sous le duc Alain II. dit Barbe-Torte. La Basse-Cornouailles ou la Cornouailles proprement dite resta dans la possession des comtes de ce pays, qui devinrent ducs de Bretagne par le mariage d'Hoël, dernier comte, avec Havoise , fille d'Alain III, dit Ruy-Bris. C'est ainsi qu'elle fut à son tour incorporée au duché, en 1066. Ce comté était plus riche et plus étendu que celui de Poher; il contenait cent une paroisses.

Comtes de Poher.

Le premier comte de Poher mentionné dans les actes pour servir à l'histoire de Bretagne est Riwallon ou Rivelin, comte de Poukaer, cité dans un acte de 848 ou 849 , sous Nominoé, qui gouvernait alors toute la Bretagne. ( DomMorice, t. I, col. 273.) On croit que ce Riwallon était fils d'Erispoë, père de Nominoë, lequel était lui-même comte de Poher, quand Louis-le-Débonnaire lui donna le comté de Vannes, et lui confia le gouvernement de toute la Bretagne, en 826. On sait que Nominoé, ayant battu Charles-le-Chauve, et expulsé les Français de la Bretagne, s'en fit proclamer roi en 841. On présume que ce fut vers ce temps qu'il donna le comté de Poher à Riwallon, son frère. — Son fils Mathuédoi lui succéda; il était frère de Salomon III, roi de Bretagne, qui usurpa la couronne, après avoir tué le roi Erispoë, fils de Nominoë, en 857. il est mentionné comme comte de Poher dans les Chartes de 869 à 868.

Judicaël ou Jedecaël, fils du précédent, et frère de Pasquiten et d'Alain, comte de Vannes. Ce dernier, devenu depuis duc de Bretagne, sous le nom d'Alain-le-Grand, est désigné dans une Charte de 896 ou 897 comme prince de Poucoer. — Mathuédoi II, comte de Poher, fils de Judicaël, et gendre d'Alain-le-Grand, comte de Vannes et duc de Bretagne, fut forcé de se réfugier avec son fils Alain, en Angleterre, auprès d'Edouard Ier, roi des Anglo-Saxons. Il mourut dans ce pays. — Alain II, dit Barbe-Torte , son fils, revint en Bretagne en 936, et, aidé des Bretons et des secours du roi Athelstane, son parent, il combattit les Normands, les chassa de la Bretagne, et y fut universellement reconnu pour duc et souverain en 937. C'est ainsi que le comté de Poher fut réuni au duché, auquel il est demeuré annexé depuis.

Vicomtes de Poher.

Aussitôt après la réunion du comté de Poher au duché de Bretagne, on voit paraître une suite de vicomtes de Poher qui semble être une branche puînée de ses comtes. — Le premier cité aux actes de l'histoire de Bretagne est Guelhenoc Ier, (Dom Morice, t. I, col. 347, 362 et 364. ) II vivait en 990, et existait encore en l'an 1027. — Tanguy Ier fonda le prieuré de Saint-Nicolas à Carhaix, eu 1108, con- ...

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... firme en 1116 par Budic , évèqne de Qnimper. Il eut pour fils Guelhenoc, Fortis, Hilarius et Thebaldus. (Dom Morice , actes, t. i, col. 514 et 515.) — 3 et 4- Guethenoc II, vivait en 1069, et Tanguy II en 1088. On ne trouve rien de particulier sur eux. — Bernard, fils de Tanguy II, fut témoin dans un Acte de donation à l'abbaye de Quimperlé. (V. Dom Morice, t. I , col. 464.) - Ses enfants furent, Riwallon, Gour-Maclon , Desarvoë, Thenenec et Brient. — Riwallon Ier, mari de Guieldera, fit en 1110 plusieurs donations à l'abbaye de Quimperlé, du consentement de ses enfants Riwallon et Adélice, et ses frères cédèrent leurs droits d'héritage sur les biens donnés. Il ajouta à cette donation celle de Saint-Martin de Corlai. (Dom Morice, t. 1, col. 514.) Riwallon II vivait en 1145, et Bernard II en 1160. On ne sait rien sur leur histoire. — Tanguy III, fils de Bernard III, et mari d'Arénor, fit a l'abbaye de Qnimperlé une donation, où Riwallion, son frère , fut témoin. (Dom Morice, t. I, col. 514.) Ses enfants étaient alors Bernard, qui paraît être mort avant son père, et Henry qui suit. — Henry, fils de Tanguy III, vivait en 1180. Il est probable qu'il mourut sans enfants. Il paraît avoir été le dernier des vicomtes de Poher. Le titre s'est continué cependant dans des branches puînées jusqu'à la moitié environ du XVè siècle; passé ce temps on le perd de vue. — Une opinion fort ancienne dans le pays est que les sires de Plusqnellec, de Kergorlay, de Ploeuc, de Corlé et de Rostrenen, étaient issus des branches puînées des comtes ou des vicomtes de Poher. (DE B.).

>>> Ce qui frappe surtout à Carhaix, c'est le grand nombre des voies romaines qui en sortaient dans toutes les directions. Nous ignorons à quelle époque précise ces voies ont été construites; mais nous trouvons sur l'une d'elles, à peu de distance de Carhaix, une colonne milliaire érigée sous Septime Sévère, c'est-à-dire 200 ans au moins avant Aëtius. Nouvelle preuve que ce général romain n'a pu fonder une ville sur laquelle on dirigeait des routes si longtemps avant lui.

On connaît neuf de ces voies partant de Carhaix et se dirigeant sur Rennes, par Castel-Noëc et par Loudéac, sur Vannes, Penmarc'h, la pointe du Raz ou Cap-Sizun, Plouguerneau, Tréguier, Coz-Yaudet, près de Lannion, Erquy.

1. Voie de Carhaix à Rennes, par Castel-Noëc.

J'ai décrit une grande partie de cette voie dans ma notice publiée dans l'Annuaire du Morbihan, pour 1841. Je crois qu'elle se rendait à Castel-Noëc, en suivant une ligne assez rapprochée des bourgs de Glomel, Mellionec, Lan-Goëlan, Guémenée et le Guern. Castel-Noëc est un camp romajn d'une grande importance, presque entouré par la rivière de Blavet, en la commune de Bieuzy. De là , Inclinant au sud-est, par Guénin et le Moustoir, elle coupe vers Cadoudal la voie de Vannes a Corseul, se relève un peu au nord-est dans le voisinage de Serent, Malestroit, Tréal, le Temple de Carentoir, et paraît continuer sa direction sur Rennes, par le bourg de Maure, au-delà duquel cette direction n'est pas suffisamment connue.

2. Voie de Carhaix à Rennes, par Loudéac.

On n'a encore que de simples conjectures sur cette voie. Elle serait beaucoup plus directe que la précédente. On croit qu'elle ne doit pas s'écarter beaucoup d'une ligne qui serait tirée par Rostrenen , Goarec, Mur, Loudéac, Merdrignac, Saint-Méen et Montfort-la Cane. M. Habasque (Not. Côt.-du-N. , 3. 53) dit, d'après M. Gaignoux, commissaire général voyer à Saint-Brieuc, qu'il passe une voie romaine à Merdrignac. J'ai les renseignements les plus certains sur l'existence d'une pareille voie sortant de Rennes par Saint-Cyr et parcourant les communes de Vezin et de l'Hermitage dans la direction de Montfort. Il faut ajouter que dans le voisinage de toute cette ligne on trouve de nombreux restes d'antiquités : à Talensac, un ouvrage militaire nommé le Chastelier; à Montfort, des ruines romaines ; à Iffendic, une grande quantité de briques à rebords et les vieux châteaux de Cahideuc et de Boute-Avant; à Gaël, les ruines d'un château connu sous le nom de Chastel; à Saint-Méen, un monastère remontant au VIè siècle; près de Loudéac, un camp a triple enceinte, sur la lande de Cadelac; un autre camp à double enceinte et motte, au Vieux-Marché, commune de Saint-Mayeux, au Nord de Mûr; l'abbaye de Bon-Repos, où on a trouvé des constructions romaines et un grand nombre de médailles; à Goarec, une vieille motte de château; enfin, à Rostrenen, un antre vieux château et un embranchement de la grande voie d'Erquy à Carhaix, arrivant du pont de la Picardie sur le Blavet. Cette suite d'observations ne laisse pas que d'être assez concluante. On peut ajouter que cette voie, tracée pour ainsi dire sur l'arête de la Bretagne, présente une "ligne d'un développement tellement facile qu'on s'occupe aujourd'hui d'y établir la route de Rennes à Brest.

3. Voie de Carhaix à Vannes.

Cette voie est la même que celle de Carhaix à Rennes par Castel-Noëc , jusqu'à la rencontre de la voie de Vannes à Corseul. Son inclinaison au sud-est, que nous avons remarquée, avait sans doute pour objet de se rapprocher de Vannes, afin de s'y rendre avec cette dernière voie. J'en ai parlé dans ma notice des voies du Morbihan, déjà citée, chap. 3, p. 70.

4. Voie de Carhaix vers Penmarc'h.

Le président de Robien, dans son ouvrage manuscrit sur la Bretagne, en parle ainsi : « Un autre chemin à peu près de même forme (que celui allant à la pointe du Raz, voy. ci-après) se fait remarquer vers Penmarc'h. A son extrémité il est pavé de grandes pierres qui paraissent avoir été taillées. « Ce renseignement, quoique isolé et fort incomplet, est cependant précieux, car ce fragment de voie se continue nécessairement. Je présume qu'il allait de Carhaix à Penmarc'h par Quimper, et que là, il sortait par embranchement de la grande voie de Carhaix à la pointe du Raz, dont nous allons parler.

5. Voie de Carhaix à la pointe du Raz ou Cap-Sizun.

C'est le chanoine Moreau qui le premier a parlé de cette voie au XVIè siècle; le président de Robien l'a signalée à son tour. (Manuscr. sur la Bretagne.) « Le chemin qui va depuis Carhaix jusqu'à Poul-Davy, dit-il, est appelé Hent-Ahes. De là, il s'étend jusqu'à la baie des Trépassés, entre Saint-Tary et la pointe du Raz. Dans les lieux où ce chemin se fait encore voir en entier, surtout vers la baie des Trépassés, où il aboutit jusque sur le bord d'une rive escarpée au-dessus de la mer, on découvre la largeur de ce chemin, qui est d'environ soixante-dix pieds. Il est pavé de grandes pierres de taille. » Cambry l'a rencontré dans la paroisse de Cléden; mais il a été mal observé dans la presqu'île du Raz, et nous manquons totalement de renseignements sur la manière dont il y arrivait de Carhaix. Tout porte à croire qu'il passait à Quimper, qui était un établissement romain, ou qui en avait un dans son voisinage. Espérons que les antiquaires du Finistère recueilleront tout ce qui pourra nous éclairer sur cette voie, d'autant plus intéressante qu'elle doit nécessairement nous conduire à un endroit de la cote où les Romains avaient fondé, soit un port, soit une ville, et peut-être nous faire découvrir enfin quelque chose de positif sur cette ville d'Is, qui a donné lieu à une légende si merveilleuse et a tant de controverses.

6. Voie de Carhaix à Plouguerneau.

Cette voie paraît être la prolongation de celle dont j'ai parlé au paragraphe premier, et que j'ai nommée de Carhaix à Rennes par Castel-Noëc. Si l'on suppose (ce que je me garde d'affirmer) que le point où elle aboutit sur la côte de Plouguerneau soit le Gœsocribate de la Table de Peutinger, on aura, en réunissant les divers fragments que j'ai reconnus, la ligne entière donnée par cette Table depuis le Portus-Namnetum jusqu'à Gœsocribate, et qu'on peut suivre très-facilement de Nantes à Blain, de Blain à Rieux, de Rieux à Vannes, de Vannes à Castel-Noëc, de Castel-Noëc à Carhaix, et de Carhaix à la côte de Plouguerneau; et c'est sur cette ligne qu'il faudra désormais chercher les emplacements de Duretie, de Dartoritum, de Sulim, de Vorganium et de Goesocribate.

Quant à cette dernière localité, il ne faut, comme je l'ai dit, rien affirmer; car je présume que de la ligne que je signale il pourrait, aux approches de Commana ou de Landivisiau, s'échapper un embranchement vers le cap Saint-Mathieu, dont les environs, comme ceux de Brest et de Saint-Renan, ne paraissent pas dénués de restes d'établissements romains. C'est encore ici un appel fait aux antiquaires du pays.

Quoi qu'il en soit, il paraît certain que la voie romaine de Carhaix à Plouguerneau se dirige par les environs du Huelgoat, par Comanna, Gui-Milliau, Lan-Paul; coupe la route royale à peu de distance et au sud-ouest de Landivisiau; passe au Mez-Gouez, à Keryvon, à Traounien-Kerné, à Kerilien, point très-remarquable de la commune de Plou-Neventer, où M. de Kerdanet a trouvé les vestiges très-nombreux et très-apparents d'un établissement romain; au vieux manoir de Coz-Castel, au bourg de Saint-Méen, à la Chapelle-de-Jésus, au château de Kerneau, à la Croix-Rouge de Notre-Dame du-Folgoêt, à la Croix de Kerdu, au château de Penmarc'h, au Groanec; et de ce point, les uns prétendent qu'après avoir délimité les communes de Guicquelleau, de Saint-Frégan et de Guisseny, d'un côté, et ...

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... celles de Kernilis et de Plouguerneau de l'autre côté, elle arrive dans le vosinage de Castel-Ahès, marqué Alès sur la carte de Cassini, nom de cette princesse ou fée que la voie dont nous parlons a porté dans sa plus grande longueur. Les autres croient qu'elle se rend à l'entrée de la baie des Anges, sur la rive droite de l'Abervrac'h, dans le voisinage d'un îlot nommé Enès-Hent, séparé du continent par un canal nommé Toull-Hent, nom qui a beaucoup d'analogie avec Tolente. Au reste, Enès-Hent et Toull-Hent signifient l'ile et la fosse du chemin. M. de Kerdanet, à qui je dois ces détails depuis Commana jusqu'au Groanec, assure que cette voie est encore fréquentée comme le chemin le plus court de Lesneven à Carhaix, qu'où y trouve des colonnesmilliaires, etc.

7. Voie de Carhaix à Coz-Yaudet.

Voici ce qu'on lit dans le Coup-d'œil sur l'ensemble du département des Côtes-du-Nord, p. 52, eu note, t. 5 des Notions de M. Habasque :

• Une voie romaine partait de Carhaix, et se rendait a Lannion, en passant par Lan-Dujan, Callac, Keran-Ludic, Pont-Melvez, le Vieux-Marché, la chapelle de Saint-Jacques et Ploubezre. » Au lieu d'indiquer Lannion, l'auteur de cette note aurait dû nommer Coz-Yaudet, localité de la commune de Ploulec'h, où de nombreux débris annoncent un établissement romain d'une certaine importance, qu'on a pris pour une ville de Lexobie, sur laquelle on n'a point donné jusqu'ici de renseignements bien concluants.

8. Voie de Carhaix vers Tréguier.

C'est encore dans les Notions de M. Habasque sur le département des Côtes-du-Nord, t. 3, Coup-d'œil sur l'ensemble, p. 52, que nous trouvons la première mention de cette voie. Nous avons vu dans le paragraphe précédent que la voie de Carhaix à Coz-Yaudet passait à Callac. Elle se bifurquait avec celle-ci : « Celle ancienne voie romaine, dit M. Habasque, forme la route la plus courte pour aller de Callac à Tréguier, et elle est encore fréquentée par les cultivateurs des communes qui la longent, lorsqu'ils ont a charroyer du foin ou du bois pour l'approvisionnement des villes de la Roche-Derrien ou de Tréguier. Elle va être incessamment restaurée, et elle le sera à peu de frais, de Louargat à Tréguier. Ce sera alors une route vicinale de grande communication. »

Elle a été reconnue dans la commune de Plougonver, dans la forêt de Coat-an-Hay, et près du Mené-Bré, par M. Revel, propriétaire des forges de Coat-an-Noz (Not. des Côtes-du-Nord, t. 3 , p. 233). Une lettre datée de Lannion le 21 juillet 1698, et adressée par M. de Keret au prieur des bénédictins du Mans (Bib. du roi, bl. mant. 6), dit qu'une route nommée pavé ar Vroac'h, ou pavé de la Vieille, et qu'on attribue à le princesse Ahés, se remarque encore très manifestement depuis Carhaix jusque vers Tréguier, passant à la chapelle de Notre-Dame-de-Confort, commune de Prat, ajoutant qu'il n'est pas de Breton dans ces quartier qui ne connaisse cette route et ne croie l'histoire de cette Ahès comme l'Evangile, l'ayant apprise de père en fils.

9. Voie de Carhaix à Erguy.

Cette voie est connue dans toute sa longueur, à de cour tes lacunes près. Après avoir, en sortant de Carhaix, laissé les bourgs de Mezle au midi, de Loc-Harn et de Kergrist Moëllon au nord, elle va passer à la chapelle de Notre Dame de Kerhir, à peu de distance du bourg de Plou Nevez-Quintin. C'est au-dessous de celle chapelle, près du Pont-Hir, jeté sur le ruisseau de Fourdic, que j'ai trouvé en 1835, le tronçon brisé d'une colonne milliaire, sur le quel les surnoms d'Adiabenicus et de Parthicus m'ont fait reconnaître Septime Sévère à son deuxième consulat. Cette colonne avait 20 pouces de diamètre, et les lettre de l'inscription étaient de la plus belle forme romaine. Un cantonnier venait de macadamiser ce précieux morceau d'antiquité, pour empierrer la route de grande communication de Corlay à Rostrenen. Je recommandai 1e tronçon au maire de Plouvenez qui m'accompagnait, et il l'a en effet recueilli dans la salle de la mairie. Du Pont Hir, la voie va traverser le Blavet an pont de la Picardie, laisse au nord Saint-Nicolas-du-Pellem, au midi le Haut-Corlay, passe dans le voisinage de Quintin, et de là à Iffiniac; puis, par Planguenoual et Saint-Alban, elle se rend à Erguy, qu'on a dit être le Rœginea de la Table de Peutinger. Le président de Robien s'est le premier occupé de cette voie, connue à Iffiniac sous le nom de chemin de Romains, chemin Nohais, chemin de l'Estrat. Ruffelet en parlé ainsi que Denoual-de-la Houssaye Mais c'est à M. Habasque qu'on doit d'avoir recueilli le plus de renseignements à ce sujet, dans ses excellentes Notions sur les Côtes-du-Nord. MM. Lecorre, ingénieur eu chef, Gaignoux et Pouligo lui en ont fourni de très-précieux. (Biz.)

=> La sénéchaussée de Carhaix a huit électeurs, qui nomment deux députés aux Etats-Généraux de 89. — Carhaix offre des secours pour marcher sur Lannion et délirer le convoi de grains qu'on y arrêtait au mois d'octobre 89 — Elle s'oppose à la suppression des privilèges de l'ancienne Bretagne. — Les paysans des montagnes d'Arez, ans ses environs, refusent de se soumettre à la loi sur les contributions directes. — La société populaire s'affilie aux Jacobins. — Les acquéreurs de biens ecclésiastiques sont poursuivis et menacés dans le district de Carhaix. — La maison des Calvairiennes est fermée par suite de leur refus d'obéir à l'arrêté du 20 novembre 1791. — Les Girondins proscrits passent près de Carhaix. — Roxlo y organise a terreur : le tribunal entier est destitué, la société populaire épurée, les administrateurs fédéralistes dénoncés à la barre de la Convention. Une partie de ces derniers sont incarcérés à Carhaix pendant quelque temps. — Les environs de Carhaix prennent part à la chouannerie de l'an VIII, sous l'influence de l'abbé Dubot et de Bonaventure. (E. D. V.)

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