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Brivates Portus
Définition : Port de la Gaule du nord-ouest, citée par Claude Ptolémée. |
Extrait des Tabulae de la Cosmographie, de Claude Ptolémée. briuannatis portus se trouve dans la cité "Samite" = Namnètes, au-dessus du Ligeris Fluvius = Loire |
Étymologie :
Étymologie proposée par M. Mordiern : forme accusative gauloise *ate sur la racine gauloise *briv- = pont, pour désigner en toponymie : l'endroit où se trouve (précisément) un pont. |
Recherches de localisation
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Plusieurs identifications ont été proposées : - Jacques Cambry (1796-1799) : "Quelques écrivains ont cru que Brest était le Brivates-Portus des Ossismiens, ainsi nommé par Ptolémée; ou le Gesocribate des tables théodosiennes; on n'a rien de positif sur cet objet". - Chevalier de Fréminville (1836) : "Rien n'a jamais démontré la présence des Romains à Brest. Ceux qui veulent voir partout des origines romaines ont torturé le langage et le bon sens pour trouver l'étymologie du nom de cette ville dans le portus Brivates de Ptolémée ou le Gesocribates d'Antonin, mais Ptolémée place son portus Brivates au Croisic et non à Brest; et la position du Gesocribates de l'itinéraire d'Antonin est si vaguement désignée, qu'elle peut s'appliquer à plusieurs autres localités, même avec plus d'apparence qu'à celle-ci". - M.N Bouillet (1863) : "Ville et port de la Gaule, chez les Namnetes, près de l'embouchure du Liger (Loire), se retrouve, selon M. Walckenaer, dans Brivain, près du Croisic, qui n'est plus sur la mer. On a cru à tort que c'était Brest". - René Kerviler (1892) : "En 1873, j'avais placé Brivates portus à l'embouchure de la petite rivière du Brivet à Méans, amené à cette solution par l'analogie frappante du nom, par le texte de Ptolémée qui cite Brivates comme le premier port an allant de la Loire au cap Gobée, et par la remarquable dissertation que publia jadis sur ce sujet, M. Athénas, dans le Lycée armoricain. Les fouilles que je fis depuis cette époque dans le bassin de Penhouet, à Saint-Nazaire, me confirmèrent dans l'attribution de Brivates à cette région, mais remarquant l'admirable port que la situation des alluvions formait vers l'époque de l'invasion romaine, au pied du dolmen de Saint-Nazaire, j'y ramenai, en 1877, le Brivates portus ainsi rapproché de trois kilomètres. J'ajouterai que cet emplacement ne paraissait pas en rivière, pour les populations de cette époque, à cause de l'immense golfe qui se déversait alors dans la Brière. Il était parfaitement naturel de considérer Brivates, ainsi placé, comme le premier port en mer. Je suis maintenant en présence de cinq contradicteurs, tous d'avis différent. Le premier en date est M. Desjardins, qui, remarquant la latitude plus septentrionale assignée par Ptolémée à Brivates, le place en dedans de la Brière, à Saint-Lyphard. Le second est M. Ramé, membre du comité historique, qui recule encore plus loin l'emplacement contesté, en le fixant aux sources mêmes du Brivet, au petit village qui porte encore ce nom, au fond des marais de Saint-Gildas. Le troisième est M. Le Men, l'ancien archiviste du Finistère, qui a repris, avec beaucoup d'érudition, l'ancienne thèse d'assimilation de Gesocribate avec Brivates portus, ce qui nous conduirait jusqu'à Brest. Le quatrième est M. de la Monneraye, qui s'en réfère scrupuleusement aux latitudes de Ptolémée, et qui, remarquant judicieusement que l'ancien nom de Pontchâteau a été latinisé d'un radical celtique Briv, dont la signification est pont, fixe Brivates à Pontchâteau, à mi-distance entre l'emplacement de M. Ramé et le mien. Enfin le dernier, M. Léon Maître, descend sur l'Océan jusque dans le trait du Croisic, où il remarque deux villages appelés le Haut et le Bas-Brivin. C'est le cas de répéter le proverbe : Tot capita, tot sensus. Examinons. L'opinion de M. Desjardins est basée sur une supposition que je crois erronée, et dont la responsabilité remonte à l'un des anciens ingénieurs du département qui, remarquant la dépression considérable du terrain sur l'isthme de Saint-Lyphard, entre la Brière et le fond de la baie de Mesquer, crut pouvoir avancer, dans ses Études sur le régime de la Loire, qu'un ancien bras de la Basse-Loire avait jadis passé par là comme déversoir de la Brière. M. de Kersabiec a endossé cette superposition, M. Desjardins l'accepte : et M. Ramé, enchérissant encore, affirme que c'est dans ce bras antique que fut établie la route dite des Grands Fossés qui barre l'isthme de Saint-Lyphard; M. Desjardins pensant qu'à l'époque romaine, ce prétendu bras était encore libre, voit en Saint-Lyphard un emplacement tout indiqué pour un port, et ne peut mieux l'appeler que Brivates. Malheureusement pour cette thèse, une étude attentive du terrain sur les lieux m'a convaincu que jamais bras de Loire n'a pu passer par là, à moins d'un relèvement considérable de tout le sol de la région. L'isthme de Saint-Lyphard n'est pas formé par des apports d'alluvions, mais par un seuil de terrain naturel, et la redoute des Grands Fossés parait, à première vue, notablement supérieure au niveau des marées moyennes, et atteindre à peu près celui des hauteurs des mers d'équinoxe. Il en résulte que toutes les déductions, appuyées sur l'hypothèse d'un passage naturel des eaux, s'évanouissent; que la presqu'île guérandaise n'a jamais été une île, qu'elle ne correspond point, par conséquent, à l'Atrica dont M. Desjardins lui attribue le nom parmi les îles venétiques; et qu'enfin le Brivates portus n'a plus aucun titre à entre recherché dans ces parages. Je pourrais ajouter, outre l'absence de nom rappelant Brivates, que les alluvions de la Brière devaient avoir déjà atteint leur niveau actuel, aux environs de Saint-Lyphard, ce qui empêcherait absolument tout port en ce point, mais je vais traiter cette question à propos du mémoire de M. Ramé. L'honorable rapporteur du Comité des travaux historiques s'est livré, au sujet de la Brière, à un travail de reconstitution très remarquable pour les périodes s'étendant du Ier au Xème siècle. Il trouve sans réplique que Vindunita insula était Besné, entre Pontchâteau et Donges, et que cette localité demeura île pendant toute cette période; que l'île d'Her, des Normands, qu'on a jadis confondue avec Noirmoutiers, est encore appelée de ce nom entre Montoir et Crossac; que si elle n'est plus en réalité une île qu'en hiver, elle était encore, au VIIIè siècle, accessibles aux galères des Normands, etc. Il en résulte évidemment que la carte de l'embouchure de la Loire ne ressemblait alors en rien à la carte actuelle. Mais M. Ramé va encore beaucoup plus loin en faisant passer à l'état d'îles accessibles aux navires tous les îlots naturels aujourd'hui proéminents sur les marais. Les trouvailles d'objets en bronze, faites à diverses époques dans la tourbe ou dans la vase, démontrent que, déjà au Ier siècle, une partie de la Brière était embourbée. L'erreur vient ici que ce qu'on a cru que l'alluvion ait pu se déposer uniformément sur un plan horizontal dans toute l'immense étendue de la Brière. L'enchevêtrement des îles produisait des obstacles aux courants, plus favorables aux dépôts sur certains points que sur d'autres; et le nord de la grande baie, par suite de l'amortissement du courant sue les rives, a du se combler beaucoup plus vite que la région de ses débouchés en Loire. L'alluvion horizontale n'existe que sur les points de vitesse à peu près continue dans le mouvement des marées. Elle suit un plan incliné proportionnel à la diminution de vitesse dans les parties d'amortissement, et je dois ajouter que le sol naturel primitif au fond de la Brière, ou aux abords de certaines îles, se trouvant à beaucoup moindre profondeur qu'au voisinage de la rivière proprement dite, l'alluvion l'a recouvert en ces parties beaucoup plus tôt qu'à l'embouchure. Le difficile est de savoir quelles étaient, à l'époque de Ptolémée, les parties déjà recouvertes par l'alluvion et les parties encore libres, les îles accessibles et les îles qui se trouvaient être devenues continentales. Pour cela les documents écrits ou les trouvailles archéologiques sont les seuls guides assurés. Les documents écrits sont formels pour Besné et pour Her. les trouvailles archéologiques le sont aussi pour tout le nord de la Brière, au-dessus d'une ligne passant par Saint-André-des-Eaux, Rozé et Crossac. D'un autre coté, le grand estuaire que M. Ramé laisse ouvert sur sa carte, entre Méans et montoir, était loin d'être aussi dégagé, car plusieurs îles, entre autres celles de Gron et de Trignac se trouvaient sur son passage. enfin, il est probable que l'enchevêtrement très compliqué des îles qui s'étendent de Lavau à Montoir en passant par Donges, avait déjà produit sur ce point des atterrissements considérables. A la fin de l'occupation romaine, on devait pouvoir aller de Savenay à Montoir en terre ferme. Il reste des débris de ponts antiques à Sem et à Nyon, et des traces de chaussées portant le nom de voie romaine, existent à l'ancien cadastre et se reconnaissent encore sur le marais dans la direction de la Motte-Alleman, de Saint-Nazaire à Montoir, en passant par les îles de Savine et le nord de Méans; il y avait sans doute un bac sur le Brivet. Enfin, la profondeur de l'alluvion, au grand débouché de l'estuaire, n'était plus, au IIIè siècle, que de 1 mètre à peine au-dessous des basses mers d'équinoxe, au pied du dolmen de Saint-Nazaire ainsi que le démontrent les débris romains de cet age que nous y avons rencontrés. J'en conclus que M. Ramé se fait une grande illusion en déclarant que les marais actuels de Saint-Gildas étaient encore un golfe à marée à l'époque romaine, et que le petit village de Brivet, situé tout au fond, était alors le port que nous cherchons. Je n'affirme cependant pas l'impossibilité absolue de l'hypothèse, et j'accorde qu'elle est doublement séduisante, d'abord par la présence d'un village portant authentiquement le nom de Brivet, ensuite par la concordance à peu près exacte de la latitude avec celle de Ptolémée. Mais outre l'invraisemblance du golfe de Saint-Gildas ouvert à cette époque, une objection précieuse se présente. dans l'hypothèse de M. Ramé, le port de Brivates se trouverait retiré tout à fait à l'intérieur, et il semble difficile de faire concorder cette situation avec l'indication de Ptolémée, qui dit qu'on le rencontre en allant de la Loire au cap Gobée. Cette dernière raison me parait un obstacle aussi pour la proposition de M. de la Monneraye, mais l'obstacle est moindre. Il est certain qu'on devait accéder alors en navire dans les environs de Pontchâteau qui pouvait s'appeler Brivates avant que les latins eussent traduit briv en Pons : et il est certain aussi que je possède des débris romains provenant de Brignan, sur le même cours d'eau, à quelques cents mètres au dessous de Pontchâteau. Mais ce n'était pas un port maritime proprement dit. J'en conclus qu'il faut placer Brivates au plus loin à l'embouchure même de la Loire, et qu'il faut maintenir l'attribution à Saint-Nazaire, à l'embouchure du golfe du Brivet, à moins qu'on ne suive M. Léon Maître dans le trait du Croisic, où il y eut certainement un ou plusieurs ports, du temps des Romains, et où l'on trouve une localité appelée encore le Bas-Brivin. M. Le Men nous transporte au bout du monde, ad finem terrae. Le savant archiviste du Finistère a dépensé d'immenses trésors d'érudition pour démontrer que Gesocribate était l'équivalent, l'homonyme de Gesobrivates. Or Geso veut dire les eaux, le port, et il est reconnu, dit-il, que le Gesocribate de la carte théodosienne est brest. Donc, d'après M. Le Men, Brivates portus est aussi Brest. La longue discussion philologique de M. Le Men amènerait un résultat décisif si les innombrables nom de lieux au radical crib, qu'il cite, s'étaient tous transformés sur place, par la mutation des consonnes, en noms de lieux au radical de briv, avec la même signification. Mais les deux radicaux existent fort nombreux avec la signification très distincte de crib, colline, élévation, promontoire, et de briv, passage, gué ou pont. de la possibilité linguistique d'une mutation de crib en briv, nous le pouvons donc pas conclure à sa réalité dans le cas qui nous occupe. M. Ernest Desjardins, pour sa part, la rejette absolument. Mais nous avons deux autres raisons péremptoires pour refuser l'attribution de Brivates à Brest. C'est d'abord l'ordre dans lequel Ptolémée indique les ports qu'il rencontre en partant de la Loire pour remonter au cap Gobée. D'après cet ordre, Brivates est le premier port avant le fleuve Herius qu'on est d'accord à reconnaître dans la Vilaine, et qui a donné non nom à Durerie. M. Le Men a bien vite fait de dire qu'un copiste de Ptolémée a renversé l'ordre des ports, et qu'on peut reconnaître le fleuve Herius dans l'Aulne, la rivière de Châteaulin, qui s'appelle l'Hierre au haut de son cours. Il oublie la mention des latitudes et des longitudes, qui s'y oppose absolument. La seconde raison est encore plus catégorique. Nous avons montré, avec M. Desjardins, qu'il y a de fortes raisons pour placer le cap Gobée à la pointe du raz. On ne peut trouver Brest entre la Loire et cette pointe.
Nous devons en conclure que le Brivates portus ne peut entre attribué à Brest, et qu'il doit rester aux environs de Saint-Nazaire, avec beaucoup plus de probabilités pour cette localité même que pour la baie du Croisic, qui nous parait mieux indiquée pour Corbilo, puis Veneda". ***** - Patrick Galliou (1984) : "Plus délicate est la question du Portus Brivates, dont le nom pourrait dériver de celui du Brivet, petit affluent de la Loire. Léon Maître (1893) et Albert Grenier (1934, 521-524) ont proposé de le placer à l'abri du socle de Guérande, dans la zone ennoyée qui forme aujourd'hui la Grande Brière. De nombreuses découvertes faites dans les environs de Guérande paraissent confirmer cette hypothèse et il n'est pas impossible que les citernes à eau douce de la butte de Trémondet, près du Croisic, aient servi à alimenter des navires .." - Didier Audinot (1997) : " Environs de Batz-sur-Mer : l'emplacement de ce port gaulois, puis gallo-romain, est à rechercher au nord de l'embouchure de la Loire, vers Batz ou le Croisic, plutôt que, comme souvent suggéré, vers la Grande-Brière ou Guérande. Dans sa "Grande-Brière", Châteaubriant fait état de nombreuses découvertes faites dans les tourbières du vaste marais, accréditant ainsi la croyance en l'existence des vestiges d'une ville ensevelie". "Guenrouet : C'est Ptolémée qui, le premier, cite ce grand port des Vénètes. Il le place entre l'embouchure de la Loire et celle du fleuve Hérius, que l'on croit entre la Vilaine. Selon le "Dictionnaire Archéologique de la Gaule", on ne pourrait placer l'emplacement de ce port disparu que vers l'embouchure du Brivet, petit cours d'eau qui se jette dans la Loire, un peu au-dessus de Saint-Nazaire, après avoir traversé les marais de Montoir, où des antiquités dites "Celtiques" ont été découvertes à toutes époques. Les historiens F Gosselin et Walckaenaen, pour leur part, assimilent Brivates à un petit village nommé Brivain, et situé au pied des collines de Guérande, là où;, précisément, parvenait encore la mer dans les temps anciens. L'historien Desjardins, lui, croit en reconnaître la trace dans les retranchements antiques de Saint-Lyphard. Pour sa part, l'archéologie Albert grenier situe Brivates Portus près de Batz, à la butte de Trémondet. Tout reste donc à faire pour découvrir les imposants vestiges de ce qui fut, sous l'occupation romaine, un port d'une grande importance". ***** - Éditions Flohic (1999), page 875, à propos de l'étymologie de Saint-Brévin-les-Pins : " de sanctus Bregvinus, septième archevêque de Cantorbéry". ***** |
Sources :
- Jacques Cambry : Voyage dans le Finistère. 1796 / 1799. - Chevalier de Fréminville : commentaires sur Voyage dans le Finistère, de Cambry. 1836. - M.N Bouillet, Dictionnaire Universel d'histoire et de géographie. Paris. 1863 - Meven Mordiern : Notennoù diwar ar Gelted Koz; O istor hag o sevennadur. Brest. 1944. - Patrick Galliou : L'Armorique romaine. Les bibliophiles de Bretagne. Braspars. 1984. - Booking International : Cosmographia. Tabulae.1990. - Didier Audinot : Dictionnaire des cités disparues. 1997. - Éditions Flohic : Le Patrimoine des communes de la Loire Atlantique. 1999. |
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