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Chapitre X

Conclusions

Synthèse de la recherche

Identification des lieux de débarquement et de combats

 

Rappel des données littéraires

            Nous sommes désormais en mesure, par les multiples recoupements des précédentes analyses et les précisions diverses des articles de l'Encyclopédie, d'apporter des réponses objectives à la question du débarquement en Gaule de Maxime et de ses troupes britto-romaines, au printemps 383.

            Afin de peser au mieux le potentiel et les probabilités propres à chaque version nous pouvons sélectionner et comparer au minimum onze points de repères auxquels s'ajoute la relativité kilométrique pour relier Lutecia / Paris. Il va de soi que plus une version possède de repères convergents, plus cette version est plausible.

            Les points de repères donnés par les textes de référence et les analyses des divers historiens qui ont approché ce sujet :

            1. L'Armorique; les Bouches du Rhin : renseignements donnés par Geoffroy de Monmouth (Armorique) et Zosime (Bouches du Rhin); renseignements divergents seulement en apparence et en première lecture, mais qui se recoupent par analyse scientifique.

            2. Implantation de Francs avant l'expédition : opposition de Francs lors du débarquement. Argument avancé par Geoffroy de Monmouth.

            3. Portus Caluosus / Calvosus Portus : lieu du débarquement selon Vie de Saint Goueznou.

            4. Portus Staliocanus / Saliocanus : lieu du débarquement selon des historiens bretons cités dans l'avant-propos.

            5. Himbaldus : nom du chef des Francs qui se sont opposés au débarquement, selon Geoffroy de Monmouth.

            6. 15000 morts, selon Geoffroy de Monmouth (les chiffres selon la Police ne nous ont pas été communiqués; probablement la moitié !).

            7. Redoni : nom d'une ville importante ou d'un lieu de commandement important dont s'est emparé Maxime dès l'écrasement d'Himbaldus, selon Geoffroy de Monmouth.

            8. Ville Rouge : ville où se serait reposé Maxime, selon Alain Bouchart.

            9. Ville rasée jusqu'au sol avec massacre des habitants : selon Nennius.

            10. Jugonus : nom du père de Jubault ou Jubaltus, selon Albert Le Grand.

            11. Talenche / Tolente : ville ou siège Jugonus, selon Alain Bouchart.

            12. Lutecia : lieu de confrontation des armées de Gratien et de Maxime.

            questions auxquelles s'ajoute une question subsidiaire : la distance entre le lieu de débarquement et Paris, lieu de la confrontation entre Maxime et Gratien.

 

Débarquement par la Petite Bretagne Ouest actuelle ?

 

1. L'Armorique; les Bouches du Rhin : Si la (P)Bretagne fait bien partie de l'Armorique, elle n'est pas l'Armorique à elle toute seule, ni au sens gaulois archaïque ni au sens provincial romain; elle n'en n'est que l'extrémité ouest. Elle ne peut en aucun cas être rattachée aux Bouches du Rhin.

2. Implantation de Francs avant l'expédition : non attestée et fortement contestée.

3. Portus Caluosus / Portus Calvosus / Calvosus Portus : introuvable malgré l'acharnement passionnel de certains historiens.

4. Portus Staliocanus / Saliocanus : thème disputé essentiellement entre Porz-Liogan, Pors Saliocan et Les Blancs-Sablons au Conquet d'une part et la baie de Morlaix (sans localisation précise) d'autre part.

5. Himbaldus : inconnu.

6. 15000 morts : aucun site de cette importance n'est connu.

7. Redoni : La ville de Rennes est hors d'atteinte, matériellement et humainement parlant, que ce soit du Conquet ou de la baie de Morlaix, dans la journée du débarquement.

8. Ville Rouge : peut-être Carhaix, dont l'étymologie remonte à un quadruvium > Carrouge = carrefour, et qui a été la première capitale de Bretagne-armoricaine avant Rennes, en supposant une traduction aberrante Carrouge = Ker-Rouge = ville rouge !

9. Ville rasée jusqu'au sol avec massacre des habitants : inconnue.

10. Jugonus : inconnu.

Un rapprochement avec le site de Plouguerneau est totalement abusif : aucune preuve d'installation de Francs à l'époque de Maxime; aucune relation démontrée avec Tolente.

Un rapprochement avec le nom de la ville de Jugon nous éloigne considérablement du Conquet et de la baie de Morlaix, en changeant au surplus de cité gauloise (Jugon se trouvant chez les Curiosolites et non plus chez les Osismes).

11. Talenche / Tolente : inconnu.

12. Lutecia : à 520 km du Conquet à vol d'oiseau; 450 km de la baie de Morlaix à vol d'oiseau.

 

 

Débarquement en baie de Rance ?

 

1. L'Armorique; les Bouches du Rhin : ce littoral fait bien partie de l'Armorique gauloise autant que romaine, mais ne peut en aucun cas être rattaché aux Bouches du Rhin. (voir le précédent).

2. Implantation de Francs avant l'expédition : non attestée.

L'unité chargée de la protection littorale, à Alet, est connue sous le nom de Martenses, dont il n'a jamais été dit qu'ils étaient des Francs.

3. Portus Caluosus / Portus Calvosus / Calvosus Portus : inconnu.

4. Portus Staliocanus / Saliocanus : inconnu.

5. Himbaldus : inconnu.

6. 15000 morts : aucun site de cette importance n'est connu.

7. Redoni : peut-être Rennes, site très souvent revendiqué par les historiens bretons dans le cadre de cette expédition. Voir réserves ci-dessous. 

8. Ville Rouge : Le qualificatif Ville Rouge, que certains veulent absolument attribuer à Rennes est totalement abusif en se basant sur une prétendue couleur rouge ou rose donnée à la ville par la maçonnerie de brique des maisons ou des remparts, car à cette époque la plupart des villes et de leurs remparts contenaient de grandes quantités de brique rouge, élément traditionnel de construction romaine. Le cas n'est donc absolument pas spécifique ni descriptif pour Rennes.

9. Ville rasée jusqu'au sol avec massacre des habitants : Aucune ville importante de la région, entre Saint-Malo et Rennes, n'a révélé de traces d'incendie ni de massacre de l'importance relatée à cette époque.

10. Jugonus : relation avec le nom de ville Jugon fort improbable.

11. Talenche / Tolente : inconnu.

12. Lutecia : à 315 km de Saint-Malo par Dreux et la baie du Mont-Saint-Michel; à 300 km de Rennes à vol d'oiseau.

 

 

Débarquement en baie de Seine ?

 

1. L'Armorique; les Bouches du Rhin : Le littoral fait bien partie de l'Armorique gauloise autant que romaine. En poussant la logique à son terme, en se basant sur le régime des marées en Manche Est / Pas-de-Calais dont l'influence maximum à l'ouest se fait sentir jusqu'à Honfleur, on pourrait admettre que l'embouchure de la Seine fait partie du littoral des Bouches du Rhin, vu à l'époque gallo-romaine.

2. Implantation de Francs avant l'expédition : non attestée, même s'il y a déjà eu des fréquentations prouvées par le passé (cf. époque de Carausius et Alectus).

3. Portus Caluosus / Portus Calvosus / Calvosus Portus : Peut-être Caracotinum / Harfleur, sous-tendu par le toponyme Mont Cabert / Caubert ( < Calvus ? + portus ?) et le rivage Côtes Blanches ( < calv- ?).

4. Portus Staliocanus / Saliocanus : inconnu, sauf à traduire Côtes-Blanches en Leucos- pour revendiquer une forme intermédiaire Lioucan-os, mais qui est inconnue et non attestée jusqu'à présent.

5. Himbaldus : le plus proche toponyme se trouve à Saint-Germain-sur-Bresle, qui ne semble pas être dans la zone d'influence de l'embouchure de la Seine.

6. 15000 morts : aucun site de cette importance n'a été repéré.

7. Redoni : peut-être Rouen (voir l'étude de ce nom en Encyclopédie).

8. Ville Rouge : peut-être Saint-Clair-sur-Epte, dont le nom ancien, Petromantalum = quatre voies, est identique au latin quadruvium = carrefour, évolué dans de nombreux cas en Carrouge, qui aurait pu être abusivement interprétée par les Bretons en Car / Ker - Rouge pour donner Ville Rouge. Ce site est mentionné pour un rapprochement hypothétique compte tenu de son importance à l'époque de Rollon.

Il existe aussi un lieu-dit Carouge, en Rogerville, à 4,5 km au sud-est d'Harfleur, non loin de la route vers Rouen et Paris.

9. Ville rasée jusqu'au sol avec massacre des habitants : Aucune ville importante de la région, entre Le Havre, Fécamp, ou Dieppe, et Rouen n'a révélé de traces d'incendie ni de massacre de l'importance relatée à cette époque.

10. Jugonus : inconnu.

11. Talenche / Tolente : inconnu.

12. Lutecia : à 180 km d'Harfleur; 110 km de Rouen.

 

 

Débarquement à l'embouchure de la Bresle ?

1. L'Armorique; les Bouches du Rhin : L'embouchure de la Bresle fait partie du rivage de la Manche (Armorique) et de celui de la Belgique IIè (Bouches du Rhin);

2 : Implantation de Francs avant l'expédition : attestée.

3. Portus Caluosus / Portus Calvosus / Calvosus Portus : inconnu, bien que le couple Le Tréport - Mers se trouve de part et d'autre de l'échancrure d'une falaise de craie, qui pourrait attirer une explication en blanc ou chauve, et que le port originel a été bien souvent identifié à un Portus.

4. Portus Staliocanus / Saliocanus : inconnu. Même réserve que ci-dessus concernant un rapprochement hypothétique avec Leucos- = blanc.

5. Himbaldus : confirmé au Château-Hubault, à Saint-Germain-sur-Bresle; peut-être en relation avec la villa palais du Vieux-Rouen-sur-Bresle.

6. 15000 morts : aucun site de cette importance n'a été repéré.

7. Redoni : peut-être le Vieux-Rouen-sur-Seine :

- forme écrite médiane pouvant être confondue avec Roan.

- villa-palais pouvant répondre à la description d'une demeure princière.

8. Ville Rouge : inconnue, malgré le grand nombre de carrefours gallo-romains importants dans le secteur.

9. Ville rasée jusqu'au sol avec massacre des habitants : inconnue.

10. Jugonus : le plus proche semble se trouver à Huchenneville, près de Caubert, donc en plutôt en relation avec la Somme qu'avec la Bresle.

11. Talenche / Tolente : quartier sud d'Abbeville, Pont de la Talence, en communication directe par route de Blangy-sur-Bresle à Caubert, sur la Somme.

12. Lutecia : à 150 km du Tréport par Beauvais; 120 km du Vieux Rouen-sur-Bresle.

 

 

Débarquement à l'embouchure de la Somme ?

1. L'Armorique; les Bouches du Rhin : La baie de Somme fait partie du rivage de la Manche (Armorique) et de celui de la Belgique IIè (Bouches du Rhin);

2 : Implantation de Francs avant l'expédition : attestée depuis près d'un siècle.

3. Portus Caluosus / Portus Calvosus / Calvosus Portus : Caubert.

4. Portus Staliocanus / Saliocanus : Saint-Valery-sur-Somme, dont le nom originel était Leuconaus, et dont nous connaissons une forme médiane Liugonaus.

5. Himbaldus : le plus proche est déjà cité à Vieux-Rouen-sur-Bresle et à Saint-Germain-sur- Bresle; en communication routière avec Caubert, Talence, et Huchenneville.

6. 15000 morts, : Noyelles-sur-Mer : gisement de plus de 10000 tombes !

7. Redoni : peut-être la villa-palais du Vieux-Rouen-sur-Bresle, en corrélation avec le Château-Hubault.

8. Ville Rouge : non identifiée dans le secteur, malgré la présence de plusieurs grands carrefours gallo-romains.

9. Ville rasée jusqu'au sol avec massacre des habitants : peut-être Abbeville "rasée du fait de guerre".

10. Jugonus : semble être l'éponyme de Huchenneville, à proximité de Caubert et de Talence.

11. Talenche / Tolente : quartier sud d'Abbeville, Pont de la Talence, en face de Caubert.

12. Lutecia : 140 km de Caubert, par Beauvais; 115 km d'Amiens par Breteuil et Clermont.

 

 

Débarquement dans le Pas-de-Calais ?

1. L'Armorique; les Bouches du Rhin : La cité des Morini possède une façade sur la Manche (Armorique) et une façade sur le détroit du Pas-de-Calais. Selon Strabon, l'ensemble du littoral de cette cité fait partie du littoral des Bouches du Rhin. Ce littoral est concerné par le régime des marées de la Manche Est / Pas de Calais.

2. Implantation de Francs avant l'expédition : attestée depuis près d'un siècle.

3. Portus Caluosus / Portus Calvosus / Calvosus Portus : peut-être Calais ou Sangatte, bien que n'étant pas sur la Manche (Armorique).

4. Portus Staliocanus / Saliocanus : inconnu, à moins d'une traduction forcée Wissant < White sands = Sables Blancs = Leuco- (?)

5. Himbaldus : toponyme important à Ebblinghem < Himbaldo-gehem, à 48 km au sud-est de Calais, à proximité immédiate de la voie Thérouanne / Cassel.

6. 15000 morts : Aucun site de cette importance n'a été repéré.

Nombreuses tombelles cependant attestées le long de la Leulène, mais tombelles 'civiles' ne révélant pas de massacre organisé à grande échelle.

7. Redoni

- peut-être Tervanna / Thérouanne;

- énigme non résolue concernant l'assertion des Rutheni;

8. Ville Rouge : peut-être Rodelinghem : village de Rutilus, 'homme rouge' ?

9. Ville rasée jusqu'au sol avec massacre des habitants : Arras.

10. Jugonus : inconnu.

11. Talenche / Tolente : inconnu.

12. Lutecia : 230 km de Sangatte, par Amiens; 230 km de Calais par Amiens; 160 km d'Arras par Roye et Senlis.

 

 

Résultat des comparaisons

Au vu des comparaisons des différentes possibilités énumérées ci-dessus, et si l'on devait chiffrer les probabilités de chacune d'elles, on pourrait alors établir un résultat comme suit :

Notation des indices de probabilité :

- élément confirmé : 1

- élément conjectural sujet à discussion : 0,5

- élément inconnu ou contesté : 0

- Bretagne ouest :   1,5 / 11 kilométrage très défavorable
- Baie de Rance : .   1,0 / 11 kilométrage défavorable
- Baie de Seine : .   3,5 / 11 kilométrage favorable
- Embouchure de la Bresle :   4,5 / 11 kilométrage favorable
- Baie de Somme :    8,0 / 11 kilométrage favorable 
- Pas de Calais   6,0 / 11 kilométrage défavorable à partir de la côte.

kilométrage favorable à partir d'Arras

 

Désignation du lieu de débarquement

            On peut affirmer en toute sérénité que la Petite Bretagne actuelle est totalement hors sujet en ce qui concerne le débarquement de Maxime et de ses Britto-romains : il est quasiment impossible d'y trouver un quelconque indice de cet évènement, aucune localisation rationnelle, aucune logique de stratégie militaire, aucune trace de combat.

            On remarque par contre que les indices augmentent au fur et à mesure que l'on se rapproche des côtes de la Gaule Belgique.

            L'hypothèse de l'embouchure de la Seine est assez attrayante quand on la compare avec les évènements survenus cinq siècles plus tard avec l'arrivée des Vikings. Mais le cas de figure est fondamentalement différent : les Vikings, éléments hétérogènes au monde local, ont remonté la Seine par voie fluviale, d'une part parce-qu'ils ne disposaient pas de cavalerie, et d'autre part parce que le réseau routier était alors en mauvais état.

            L'hypothèse de l'embouchure de la Bresle est déjà plus pertinente du fait de la proximité des sites du Vieux-Rouen-sur-Bresle et de Saint-Germain-sur-Bresle ou nous disposons déjà d'éléments archéologiques importants et d'une Vie de saint venu de Bretagne qui met en place un personnage nommé Maximien et un autre nommé Hubaud.

            L'hypothèse du Pas-de-Calais répond d'excellente façon à des questions de stratégie militaire quand on prend pour cible Trèves, en évitant la dépression dunkerquienne par l'ouest. Le cas d'Arras, ville rasée et massacrée, et surmontée de casemates militaires semblables à celles de Caernarvon est de toute première importance.

            Mais il faut avouer que c'est bien la Baie de Somme qui remporte le plus grand nombre de suffrages, au regard des ports, du réseau routier, et des toponymes. Qui plus est, Abbeville, où l'on peut identifier à la fois Tolente et Portus Caluosus, permet d'être en communication simultanément avec Amiens, Arras, Le Vieux-Rouen-sur-Bresle et Paris. C'est en fait le point central du système qui met tous les autres points continentaux en corrélation tout en permettant de rester en contact et de recevoir au besoin des renforts de l'Ile de Bretagne.

            On notera enfin, comme un clin d'œil de l'Histoire, que là où nos fameux historiens nationaux bretons se désespéraient de trouver un seul personnage nommé Himbaldus et traitaient celui-ci de purement légendaire, nous en disposons désormais au moins de deux : l'un au Vieux-Rouen-sur-Bresle et l'autre à Ebblinghem, et rien ne prouve qu'il n'y en a pas d'autres !

 

Essai de reconstitution

A quel moment peut-on dater le débarquement de Maxime ?

            Il est notoire de constater que Gratien se trouve à Vérone à partir du 16 juin 383 et qu'il quitte cette ville à la fin du même mois pour aller en Rhétie combattre les Alamans. Nos références littéraires nous disent qu'il est surpris d'apprendre la descente de Maxime sur la côte de la Manche.

            Cela tend à démontrer qu'au moins à la date du 16 juin il n'est pas encore informé de l'évènement. Il est probable que dans le cas contraire, il aurait confié à l'un de ses généraux d'aller combattre en Rhétie pendant que lui-même allait affronter Maxime en Gaule du nord. On est en droit de penser que s'il avait eu vent de la préparation d'une proclamation en Ile de Bretagne il aurait tout fait pour l'empêcher, quitte à mettre sur pied une expédition contre les forces de Bretagne, sur l'Ile elle-même.

            Autrement dit, si l'on se base sur une estimation de 15 jours et 15 nuits pour qu'une information militaire parvienne des côtes de la Manche à Vérone, par relais sûrs et non interrompus, on peut alors estimer que le débarquement n'a pas eu lieu avant la fin du mois de mai.

            En corollaire, il faut de même souligner le fait qu'une expédition de cette ampleur, nécessitant l'embarquement de plusieurs milliers d'hommes, ne peut se mettre sur pied sans éveiller l'attention des responsables légalistes.

            Comment l'empereur légitime aurait-il pu rester dans l'ignorance d'une proclamation en Ile de Bretagne et comment et pourquoi serait-il resté sans réaction ?

 

La route maritime :

            Comme nous connaissons le point d'arrivée à Leuconaus / Liugonaus / Saint-Valery-sur-Somme, il me semble que l'on peut désigner d'office le point d'embarquement à Anderita / Pevensey, port fortifié qui fait partie du système défensif du littoral breton de la Manche.

            Douvres aurait plutôt indiqué un débarquement à Bonnonia / Boulogne-sur-Mer; Portus Adurni / Portchester (près de l'actuelle Portsmouth) aurait plutôt indiqué un débarquement à Caracotinum / Honfleur; Rutupis / Richborough aurait quant à lui indiqué un débarquement à Calais ou Sangatte, ce dernier cas n'étant plus en Armorique.

 

Le lieu de débarquement :

            Il a eu lieu, selon les dispositions de la marée, entre Leuconaus / Liugonaus / Saint-Valery-sur-Somme et Portus Caluosus / Caubert et Talentia / Talenche, au confluent de la Somme et du Scardon, aujourd'hui Abbeville.

 

Résistance au débarquement :

            Le responsable local de la défense maritime, un franc fédéré, se porte à la rencontre des troupes de Maxime, nouvellement débarquées, pour les combattre. Il se fait écraser et massacrer sur place. Cette bataille provoque la mort de plus de 10000 hommes, parmi lesquels on doit identifier aussi bien des Francs fédérés, des Gaulois d'Ambianie, aussi bien que des Britto-romains ou d'autres militaires romains en garnison en Ile de Bretagne. Il est en effet parfaitement impensable et stupide d'imaginer qu'il y aurait eu plus de 10000 morts d'un seul côté, et aucun de l'autre, pas même une égratignure. Ceux qui ont des doutes sur ce sujet n'ont qu'à aller visiter les cimetières des plages du débarquement de 1944 en Normandie !

            On peut imaginer que les défenseurs qui n'ont pas eu la chance d'être tués au cours de la bataille mais faits prisonniers ont été exécutés pour le symbole, décapités, et leurs têtes mises en pyramide en guise de trophée ! (1)

 

Mise en place de la stratégie :

            Maxime étant la pièce maîtresse du système, comme au jeu d'échecs, c'est donc lui qu'il faut protéger.

            A son aile droite on peut placer l'aîné de ses beaux-frères, Conan. C'est lui qui en effet, d'après les textes, rencontre une résistance opiniâtre de la part des Armoricains et des Aquitains. Géographiquement, l'Armorique au sens provincial et l'Aquitaine se trouvent à l'ouest d'Abbeville, c'est-à-dire à droite. (2)

            En pointe on peut placer Andragathios, qui a pour mission par la suite de poursuivre Gratien jusqu'à Lugdunum / Lyon (sur le Rhône) et de l'exécuter.

            A son aile gauche, il est donc logique de placer Adeon, son deuxième beau-frère. Il est ainsi probable que c'est à lui que l'on doit alors attribuer l'extrême férocité pour convaincre les indécis et éliminer les ennemis, en nettoyant le secteur de toute éventuelle résistance. Arras se trouve sur cette aile gauche !

            Une fois Gratien mis en fuite à partir de Lutèce / Paris et exécuté à Lugdunum / Lyon, et Nemetacum / Arras rasée et massacrée pour l'exemple et créer ainsi un sentiment de terreur dans la population locale, les arrières de Maximes sont désormais assurés et la route de Trèves ouverte. Dès lors que Gratien est éliminé, sans descendance ni césar désigné pour lui succéder, les autorités militaires et politiques du Rhin et des Gaules toutes entières n'ont plus qu'une chose à faire : reconnaître la victoire de Maxime et de ses alliées, et de rejoindre leur camp.

            Ceci n'est pas du roman ni de la fiction : c'est toujours de cette manière que les usurpateurs, une fois vainqueurs, ont procédé ! Maxime comme les autres ! (3)

 

 

Le théâtre des opérations militaires relatives à l'expédition conduite par MAXIME, 

de l'Ile de Bretagne vers le nord de la Gaule au printemps et à l'été 383 après J.C.

Reconstitution JC. EVEN dans : Genèse de la Bretagne armoricaine.

i

gravure extraite de Pitre-Chevalier : la Bretagne ancienne et moderne.

Maxime offre à Conan de devenir roi en ce pays conquis.

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