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Avaugour

d'argent au chef de gueules

* Bernard Tanguy (1992) : "Couvert encore dans sa partie nord par le vase bois d'Avaugour, bordé à l'est par celui du Bois-Meur, ce territoire ( = de St Péver) n'a de toute apparence été mise en valeur que tardivement. Relevant de la châtellenie de Châtelaudren, il fut le siège du fief d'Avaugour dont le château aujourd'hui ruiné se dressait au dessus du Trieux, près de la chapelle qui porte son nom. Sans doute originellement attaché à la triple enceinte concentrique située à l'extrémité orientale du bois, au lieu-dit le château d'Avaugour, ce nom, noté jadis Avalgor (formé du breton aval "pomme" et cor "enclos", fut porté dès 1217 par Henri, seigneur de Goëlo, fils du comte Alain de Penthièvre, après qu'il en eut été dépossédé d'une bonne partie de son bien par le duc".

 

* Daniel Delattre (2004) : "Château fort à Avaugour bâti en 1034 par les comtes d'Avaugour, à l'emplacement d'une enceinte fortifiée au IVè siècle par leurs ancêtres. Le château fut démoli vers le milieu du XVè, sur ordre de Jean V, duc de Bretagne".

Chapelle Notre-Dame d'Avaugour

* Pierre Barbier : Le Trégor historique et monumental.

La chapelle Notre-Dame d'Avaugour, en Saint-Péver

" Dans la forêt d'Avaugour, en Saint-Péver, le site du château d'Avaugour ne présente plus que l'emplacement de cette forteresse, qui fut au XIIIè siècle la résidence principale des comtes de Goëllo et fut définitivement ruinée au XIVè siècle lors de la Guerre de Succession de Bretagne.

Le château d'Avaugour, de plan trapézoïdal, était situé dans une forte position à l'extrémité d'un promontoire triangulaire sur la rive droite du Trieux qu'il dominait, au confluent d'un petit cours d'eau coulant au sud; à l'ouest et au sud il était bien défendu par l'escarpement du terrain, ainsi que par un étang situé au sud; l'entrée était au nord vers le plateau.

A la fin du XIIè siècle, la seigneurie d'Avaugour appartenait à Alain, comte de Goëllo et de Penthièvre, l'un des plus puissants seigneurs de Bretagne, fils d'Henri et petit-fils d'Etienne, comte de Guingamp et de Penthièvre, que nous avons vu fonder les deux abbayes du diocèse de Tréguier, Bégard et Sainte-Croix de Guingamp. Henri, fils d'Alain, fut dépouillé d'une partie de ses domaines par Pierre de Dreux dit Mauclerc, duc de Bretagne, qui ne lui laissa que le Goëllo. Henri fit alors d'Avaugour la capitale de ce comté et prit le premier le titre de seigneur d'Avaugour. Le Goëllo comprenait ainsi, à cette époque, au point de vue féodal, outre la région de Paimpol, au diocèse de Saint-Brieuc, une bande de territoire de l'évêché de Tréguier entre Leff et Trieux.

Henri Ier d'Avaugour mourut en 1281 et fut enseveli au couvent des Cordeliers de Dinan qu'il avait fondé. Son petit-fils, Henri II d'Avaugour, lui succéda dans le fief d'Avaugour et de Goëllo qu'il laissa, à sa mort en 1301, à son fils prénommé aussi Henri.

Henri III d'Avaugour mourut en 1331, ne laissant que des filles, et ainsi s'éteignit cette maison des seigneurs d'Avaugour et de Goëllo qui avait été l'une des principales familles féodales du Trégor oriental au XIIIe siècle.

Par la suite, François II, duc de Bretagne, créa en 1480 une Baronnie d'Avaugour en souvenir du passé illustre de cette seigneurie; toutefois ce fut une seigneurie sans capitale, car le château d'Avaugour était alors détruit et ne fut jamais relevé de ses ruines. Les titulaires de cette nouvelle baronnie qui, si elle ne portait plus que le nom du château, comprenait par contre de vastes domaines, furent les comtes de Vertus, issus de la famille ducale, le premier baron d'Avaugour de cette maison étant un bâtard du duc François II ; ses descendants possédèrent le titre de baron d'Avaugour et les domaines qui étaient attachés au nouveau fief jusqu'à la fin du XVIIIè siècle.

La chapelle Notre-Dame d'Avaugour était située à peu de distance au nord du château. C'est un édifice des XIVè et XVè siècles; elle présente en plan une nef rectangulaire accostée au midi d'une chapelle en aile qui a conservé le nom de Chapelle du Baron et qui est séparée de la nef par deux arcades en arc brisé retombant sur un pilier carré orné de colonnettes.

Le portail occidental est formé d'un arc en tiers point comprenant trois voussures qui retombent sur de fines colonnettes ornées de chapiteaux, et surmonté d'une accolade avec crochets et fleurons. Au-dessus de la porte ouest se trouve un écu aux armes de Louis II de Rohan-Guéméné et de Louise de Rieux (seconde moitié du XVè siècle).

La façade ouest est surmontée d'un petit clocher mur formé d'une seule baie rectangulaire et amorti par un pignon triangulaire avec crochets.

Le portail méridional, de style flamboyant, se compose d'un arc en tiers-point formé de trois voussures et surmonté d'une accolade avec crochets et fleurons ; la voussure intérieure est décorée de sculptures représentant des feuillages. Le vantail de la porte, daté de 1570, possède de fort belles sculptures, dont le martyre de saint Sébastien représenté nu entre deux archers portant le costume de la fin du XVIè siècle, ainsi que des rinceaux et des têtes.

Le pignon de la chapelle méridionale est percé d'une baie à remplage flamboyant. Deux petites portes s'ouvrent sous des arcs brisés sans ornements, l'une dans le mur nord de la nef, la seconde dans le mur ouest de la chapelle méridionale.

Le chevet est plat et ajouré d'une baie flamboyante avec rosace.

L'édifice est couvert d'une charpente apparente. Le mobilier de Notre-Dame d'Avaugour est très riche. D'abord, dans la chapelle méridionale, est une table'' d'autel en granit, du XVè siècle, ornée de deux écussons.

Mais la pièce la plus remarquable est un sacraire en bois sculpté, daté de 1576, et placé dans l'angle nord-est du chœur, près du maître-autel dont la table est également en granit. Ce sacraire comprend deux rangées de panneaux ; le registre inférieur, contre lequel est placé le siège du célébrant, est composé de cinq panneaux ornés de volutes; le registre supérieur comprend quatre panneaux représentant, de gauche à droite, la Trinité,. le Christ sortant du Tombeau, sainte Anne apprenant à lire à la Vierge, et Véronique avec la Sainte-Face. Au dessus de ces panneaux, un baldaquin abrite le groupe de la Sainte-Trinité entouré d'anges; ce groupe de la Trinité est une belle pièce de statuaire sur bois; il est particulièrement curieux : le Père Éternel est représenté en pape, coiffé de la tiare et tenant un sceptre; sur ses genoux repose le Christ mort, tandis que la colombe du Saint-Esprit est posée sur sa barbe. C'est là un thème iconographique que l'on trouve fréquemment dans la Bretagne du Nord.

Parmi le mobilier, citons encore une table d'offrande en bois, du XVIè siècle, et, le long des murs de la nef, les statues des Douze Apôtres, en bois.

Dans le mur sud de la nef est une petite piscine flamboyante sous arc trilobé surmonté d'une accolade ornée de crochets. Sur le mur nord, dans le chœur, on distingue des traces de fresques sous le plâtre dont on les avait recouvertes.

Enfin la verrière du pignon de la chapelle méridionale de Notre-Dame d'Avaugour est ornée d'écussons et date du troisième tiers du XVè siècle.

Une notice sur le château et la chapelle d'Avaugour a été publiée par Paul Chardin dans le Bulletin Monumental de 1894.

En Saint-Péver également se trouve une autre belle chapelle, Notre-Dame de Restudo, ou Roscudo, qui date également des XIVè et XVè siècles, composée d'une nef avec une chapelle en aile au sud. Il existait autrefois une aile nord qui donnait à l'édifice le plan en forme de croix latine, mais cette chapelle nord a été détruite. Un arc diaphragme sépare en deux parties la nef qui était très longue. Le chevet plat est percé d'une grande haie du XIVè siècle.

Plusieurs statues anciennes ornent cette chapelle. Mais ce qui retient surtout l'attention, c'est l'ensemble de fresques du XIVè siècle qui ont été découvertes en 1954 sous un épais badigeon qui les recouvrait; on y remarque principalement la Cène et le Couronnement de la Vierge. Gaultier du Mottay, dans son Répertoire Archéologique, avait d'ailleurs signalé des restes de fresques sur le lambris recouvrant la nef, dans lesquels il avait cru reconnaître des scènes de la vie de saint Pever, éponyme de la paroisse".

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Étymologie : 

* Martevilleet Varin (1843) : Avogour.

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